A Niamey, la vente des vêtements et chaussures de seconde main a du vent en poupe. La filière draine un nombre important de marchands qui y trouvent leur compte. Ce travail consiste à récupérer des habits et accessoires déjà utilisés, les raccommoder et les remettre sur le marché. Ils sont exposés un peu partout dans les différents marchés de la capitale, sur les grandes artères et aussi dans certains magasins. Ce sont des articles qui, dès leur arrivée, sont minutieusement triés lavés et repassés pour le cas des vêtements, et les chaussures sont lavés et quelques fois bien cirées pour leur redonner un nouvel éclat. On y trouve des t-shirts, des pantalons, des jupes, des robes (taille longue et basse pour adultes et enfants sans distinction de sexe), des sacs, des draps et plein d’autres objets de valeur. Ces articles proviennent des pays occidentaux et asiatiques via le Benin, le Togo, le Ghana ou encore la Côte d’ivoire.
Groupées autour d’une ‘’montagne’’ de vêtements, des femmes sont tantôt accroupies, tantôt débout fouillant minutieusement les articles dans l’espoir de trouver ce qui leur convient. C’est le cas de la jeune Firdaousse que nous avons abordée sur place. D’après cette jeune fille, les vêtements de seconde main offrent la possibilité d’avoir des tenues uniques. C’est la raison pour laquelle beaucoup de femmes particulièrement les jeunes filles convergent vers la friperie plutôt que de payer des robes dans des magasins à des prix exorbitants. « Je préfère particulièrement les vêtements de seconde main, car la plupart du temps, j’arrive à avoir des articles uniques et de classe et qui me vont super bien. Avec moins de 3.000 F, j’ai une tenue chic et classe », s’exclame-t-elle.
Certaines femmes viennent, le plus souvent pour leur propre compte ou pour leurs enfants. Fatima, une consommatrice des articles de seconde main explique : « j’ai l’habitude de venir au marché pour acheter de la friperie. Aujourd’hui, je suis venu acheter pour les enfants. Je trouve les articles moins chers et de qualité. J’achète les jupes à 750 F et les t-shirts à 500 F. Bref avec de 1.250 F voire 1500 F j’ai un complet pour ma fille », a-t-elle confié, d’un air joyeux. Pendant les moments de fêtes ou la reprise des activités académiques, les marchés de la friperie sont envahis de clients composés essentiellement de femmes comme l’explique Boubacar, un vendeur de vêtements de seconde main. Il explique que pendant un certain temps, il est quasiment impossible d’avoir un endroit ou mettre le pied tellement le marché est plein de clientes et clients. « Il est vrai qu’on fait des ventes chaque matin, mais au moment de la reprise des activités scolaires les chiffres d’affaires connaissent une hausse extraordinaire», a-t-il précisé avec un sourire aux lèvres.
Au moment où, les unes et les autres se bousculent pour avoir la meilleure tenue, d’autres n’accordent aucune importance au marché de la friperie. « Personnellement, je ne m’imagine pas porter des vêtements d’occasion. Je ne sais pas dans quelle condition ils sont transportés en Afrique ni comment ils ont été utilisés par les anciens propriétaires », a confié Fati. Pour elle, ces vêtements déjà portés par des inconnus peuvent présenter des risques de contamination. « On pourrait même contracter des maladies, dues à la sueur laissée par les anciens propriétaires », a fait remarquer la jeune femme.
Faute de temps, certains achètent les articles avec les vendeurs ambulants, qui circulent un peu partout dans les ruelles des quartiers périphériques. Ils parcourent des kilomètres à pied à la recherche d’un éventuel client. Munis d’un sachet bleu ou des sacs, les mains et les épaules chargées de vêtements, ces jeunes commerçants passent toute la journée à vendre de la friperie. Une chance pour ce vendeur, qui s’est vu stopper par un chauffeur pour payer des pantalons. « Je ne vends que des pantalons. Souvent le marché est bon, et des fois non. Il faut une bonne dose de patience dans cette activité. Je vends le pantalon à 1000 F, mais il faut savoir qu’il n’y a pas de prix fixe. C’est le marché qui détermine les prix de nos articles », a précisé le jeune vendeur. Ce métier est difficile parce qu’il requiert du courage et surtout de l’endurance. Il permet tout de même de joindre les deux bouts. « Le chemin que nous parcourons est fatigant. On rencontre des clients qui discutent très mal le prix et souvent, on est obligé de vendre, car ça ne sert à rien de sillonner la ville et de se retrouver sans rien à la fin de la journée», a-t-il notifié.
S’il y a un marché qui allèche plus les femmes en dehors de celui des vêtements, ce sont les accessoires de seconde main composés des chaussures et sacs. « J’ai un sac rempli de chaussures de seconde main», confie Mme fatouma. Vendus sur les étages le long de la devanture du stade général seyni kountché, au grand marché et presque dans tous les marchés de Niamey, ces accessoires de seconde main procurent de la joie à de nombreuses utilisatrices. Selon Fatouma, ce sont des chaussures à la portée de toutes les bourses. « Ce qui me plait le plus dans ce marché, ce qu’on n’a pas à être fortuné ou indigent. Il y a pour tous les goûts et toutes les bourses », a-elle-dit. On y trouve des chaussures plates, des sandales, des escarpins, des compensés, des demi-talons et des haut talons. Il existe des chaussures de toutes les couleurs et de différentes pointures pour le grand bonheur de la clientèle.
Les prix de ces chaussures varient selon la qualité et leur état. « Je vends mes chaussures à 2.000 F pour les clientes fidèles, mais si je constate que la personne ne connait pas le marché, j’augmente le prix », a confié un vendeur des chaussures qui a préféré garder l’anonymat. Il a par ailleurs précisé que les chaussures qu’il vend sont de bonne qualité. Assis devant un lot de chaussures, une pince et une peinture de teinte à la main, un autre vendeur de chaussures renouvelle la couleur d’une paire pour lui redonner un nouvel éclat et une nouvelle vie. « A travers cette méthode, la chaussure redevient nouvelle et donc attrayante pour les clientes », a-t-il expliqué.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)