La région de Dosso est l’une des régions connues pour sa diversité culturelle et ses artistes de talent en chants et en danses traditionnelles, notamment ceux du département de Gaya. Toukour Komandi est l’un de ces artistes ayant fait ses débuts à Gaya et qui évolue dans plusieurs genres culturels, particulièrement l’humour, un art dans lequel il est devenu un maitre dans la région.
Connu pour sa bonne moralité, comme en témoignent les gens qui le côtoient socialement et professionnellement, Mahamadou Toukour Yacouba dit Toukour Komandi est un humoriste, natif du département de Gaya. Cet homme d’un 1m 80 avec un nez cave et une longue barbe naquit en 1978 d’un père dendi et d’une mère maouri. Issu d’une, famille de marabouts avec pour seul héritage la lecture du Saint Coran, Mahamadou Toukour s’est intéressé très tôt aux arts culturels. Ayant intégré une samaria qui se trouvait à quelques mètres de chez lui, le jeune garçon qu’il fut suivait avec passion les répétitions de ballets, de chants et de danses traditionnelles du Dendi. « Petit à petit, je me suis intégré, bien qu’à la maison, je sois toujours puni pour cela. Dans ma famille, je suis l’aîné, et malgré mon penchant pour la culture, je n’ai jamais laissé la lecture du Coran », se remémore-t-il.
Aujourd’hui marié à deux femmes et père de neuf enfants, Toukour Komandi doit en partie sa réussite à sa passion pour la culture et en essayant d’emboiter les pas au défunt Ada qu’il imitait. Ainsi, ce fut le point de départ de son apprentissage de l’art humoristique. « J’aimais aussi les pièces de théâtre de Yaji Dogo, c’est un maître incontesté de la comédie. Et c’est ainsi que je me suis mis à faire rire de petits groupes jusqu’à maitriser l’essentiel en humour. J’avais une émission que j’animais à la radio Fara’a de Gaya dans ce sens, car pour apprendre la manière de parler des différentes ethnies du Niger, j’ai fait le tour du pays », se réjouit-il.
Maître incontesté dans son domaine, l’artiste représente la région de Dosso dans la catégorie humour lors des grandes rencontres nationales de la culture, notamment la Semaine de la parenté à plaisanterie et la fête tournante du 18 décembre. « Je suis un artiste qui touche à tous les domaines artistiques. Je me suis lancé dans l’humour en 2013 et Dieu faisant bien les choses, j’ai été lauréat en catégorie humour de la Semaine de la parenté à plaisanterie avec l’œuvre Toubachin Kowa. Ma spécialité, c’est d’imiter presque toutes les langues que j’entends, même si je ne les parle pas. J’ai composé également plusieurs chansons », souligne-t-il.
Mon souhait, révèle l’artiste, c’est de former la relève. « Actuellement, j’ai une troupe culturelle « Komandi » avec douze apprenants et j’ai par ailleurs une entreprise du même nom qui évolue dans la sensibilisation des populations pour le compte des ONG. Dans la culture, il y a de la morale, de l’éducation. Je prends en charge ma famille dans l’art et la culture. Souvent, je suis tranquillement assis, lorsque je reçois un appel pour me confier des contrats de plusieurs centaines de milles. J’ai découvert le Niger et je connais beaucoup de monde », se glorifie le comédien.
« Nos difficultés résident dans le fait qu’on n’accorde pas trop d’importance aux artistes lors des grandes cérémonies culturelles nationales. Il n’y a plus de festival, ni de Semaine de la parenté à plaisanterie, tout a disparu. Aujourd’hui, on a mis la culture du ‘’blanc’’ en avant et on a délaissé nos traditions. Actuellement, le sport est plus important que la culture, c’est le sport qui est financé. Mais les gens oublient que la culture est l’unique voie de mobilisation, de dénonciation des mauvaises choses dans la joie et le rire sans être inquiété », a-t-il relevé.
Hamissou Yahaya (ONEP)