Monsieur le Préfet, pouvez-vous d’abord nous présenter votre entité administrative ?
La commune rurale de Bankilaré est l’unique commune que compte le département de Bankilaré. Avec une superficie de 6.000 km², ce département de Bankilaré a été créé suivant la loi N°2011-22 du 8 août 2011 érigeant les anciens postes administratifs en département et fixant les noms de leurs chefs-lieux. Il est rattaché à la région de Tillabéri.
Géographiquement, la commune rurale de Bankilaré est limitée au Nord par la République du Mali, au Sud par la Commune Urbaine de Téra et la République du Burkina Faso, à l’Est par les Communes de Méhanna et Kokorou, et à l’Ouest par la Commune du Gorouol et la République du Burkina Faso. Bankilaré, chef lieu de la commune rurale, est situé à environ 100 kilomètres de Tillabéri en passant par Ayorou ou à environ 360 kilomètres en passant par Niamey-Téra-Bankilaré.
Comment se présente l’organisation de la commune rurale de Bankilaré ?
La commune rurale de Bankilaré a vu le jour grâce à la loi N°2002-014 du 11 juin 2002 portant création des entités administratives et fixant les noms de leurs chefs lieux.
Le conseil municipal installé en 2011, est composé de onze (1) conseillés élus (dont deux (2) femmes) et quatre (4) conseillés de droit (trois chefs de groupement et un député).
Elle est composée de trois groupements et 93 tribus qui sont le groupement de Tinguéréguedesh constitués de 78 tribus, le groupement Gaobé constitué de 8 tribus, le groupement de Doufrafrack constitué de 7 tribus dont 3 sont intégrées dans la commune de Gorouol. Ces groupements sont dirigés par des chefs de groupement nommés par l’administration.
Au plan social, selon le RGP/H 2012 la population de la commune rurale de Bankilaré est estimée à 84.893 habitants dont les femmes représentent 49,46%. La densité est de 28,28 hbts/km², avec un taux d’accroissement naturel de 3,9%., la jeunesse de sa population, le faible taux de scolarisation surtout de la jeune fille, le sous emploi, autant de phénomènes qui entravent le développement du département.
Au plan sécuritaire, la commune de Bankilaré fait frontière avec le Burkina Faso et surtout le Mali. Ces deux pays sont marqués par une insécurité permanente. Ce qui est source de préoccupation persistante pour les autorités administratives et coutumières .Cela place inévitablement la commune dans une insécurité tant sur le plan social, sanitaire, éducatif, environnemental et alimentaire.
Quelles sont les principales réalisations dont votre entité a bénéficiées à travers la mise en œuvre du Programme de renaissance du Niger initié par Chef de l’Etat ?
Ces réalisations sont appréciables dans presque tous les secteurs de la vie socio-économique. Sur le plan de l’agriculture, les producteurs de la commune ont bénéficié, pour la campagne précédente de 23,474 tonnes en semences, de trois (3 tonnes Engrais pour cultures irriguées et de 400 litres de pesticides. D’autre part, une formation a permis de renforcer les capacités de 30 producteurs maraichers.
Dans le domaine de l’élevage, pour les préparatifs de la campagne pastorale, il a été enregistré un appui de 56 Kits ovins composés d’un bélier et deux brebis. S’y ajoute l’appui au cheptel, avec 665 tonnes d’aliment Bétail, et 24 kilogrammes de bloc multi nutritionnels.
Pour ce qui est de la santé du cheptel, trois campagnes de vaccination ont permis de toucher154 918 têtes contre la PPCB, 166 280 têtes contre la PPR, et 1334 têtes contre la pasteurellose cameline.
Dans le domaine de l’environnement et du développement durable, les réalisations, pour l’année 2019 portent sur la récupération de 166 ha de terres, le traitement de 166ha, la construction de 200km de bande pare-feu, le tout pour un montant total injecté de 32 513 400 FCFA.
Dans le domaine de l’hydraulique et assainissement, les actions réalisées ont permis de doter la commune de quatre (4) nouveaux équivalents points d’eau et 16 autres sont en cours de réalisation.
Comment se présente la situation sécuritaire dans le département de Bankilaré ?
Au plan sécuritaire, comme vous le savez, le département de Bankilaré fait frontière avec le Burkina Faso et surtout le Mali. Ces deux pays sont marqués par une insécurité permanente. Les communautés frontalières sont en réalité les premières victimes à la pénétration de l’intégrisme religieux et autres pratiques mafieuses de gain facile (banditisme armé) et le département de Bankilaré se trouve dans cette situation.
La sécurité, c’est donner un sentiment d’apaisement et de réassurance à travers une présence amicale. C’est dans cette optique que l’Etat nigérien, s’est doté de plusieurs institutions dont la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) qui a pour missions de cultiver l’esprit de paix, de dialogue permanent entre les différentes communautés du pays et d’entretenir la confiance mutuelle, de tolérance et de respect dans une commune volonté de vivre ensemble.
Ces institutions s’assignent comme attributions de promouvoir les actions visant au raffermissement de la paix sociale, de la cohésion et de l’unité nationale ; suivre la promotion de la gestion pacifique des conflits entre les composantes de la communauté nationale ; veiller à la mise en œuvre des actions concourant à la consolidation de la paix et de l’unité nationale ; identifier et proposer des solutions aux causes socioéconomiques de l’insécurité, du banditisme et des rebellions ; animer la réflexion sur les nouvelles formes d’insécurité liées au terrorisme et aux trafics en tout genre et leur impact sur les communautés affectées ; et faciliter la concertation et les dialogues entre les différentes parties concernées par une crise ou engagées dans un conflit.
Ainsi, la culture de la paix consiste «en des valeurs, des attitudes et des comportements qui reflètent et favorisent la convivialité et le partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie rejettent la violence et inclinent à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes.
La paix est indissociable et indispensable au développement local durable : prévenir les conflits, privilégier la non-violence, dialoguer, régler les conflits par une issue pacifique est prioritaire pour toute démarche de développement durable.
La paix, la non-violence, le règlement des conflits par le dialogue et la négociation sont donc des principes fondamentaux pour toute question qui vise le développement local qui du reste constitue l’objectif ultime de la décentralisation.
Communément, la paix désigne l’entente amicale de tous les individus qui composent une société. Elle n’implique pas l’absence de conflit, mais une résolution systématique et mesurée de toute difficulté relative à la vie en communauté, principalement par le dialogue permanent.
Le faible niveau d’éducation et la pénurie d’offres d’emploi pour les jeunes contribuent à augmenter les tensions et les prédisposent davantage à coopérer avec les groupes armés ou à prendre part à des activités criminelles pour des raisons financières ou encore à être radicalisés et recrutés par les extrémistes religieux.
Malheureusement, dans la plupart de nos pays africains, l’instrumentalisation du facteur culturel et religieux et la consommation de la drogue, ainsi que des appartenances ethniques, sont à l’origine de conflits de longue durée et ont des effets néfastes sur le plan économique et du développement durable.
C’est dans cette logique que la mise en place de mécanismes d’alerte et de résolution de conflits doit être complétée par des mesures qui assurent la justice sociale et l’éducation à la paix et un développement harmonieux des communautés. Par ailleurs, les efforts des pouvoirs publics d’assurer la sécurité des populations se heurtent souvent à des intérêts de petits groupes organisés qui tirent profit de leur collaboration avec les groupes armées.
L’éloignement, l’isolement et l’enclavement de certaines de nos zones et les difficultés auxquelles elles sont confrontées pour offrir aux populations locales une protection, une assistance et des mesures visant à favoriser le développement et des services publics sont particulièrement problématiques.
C’est dans ce cadre, et pour mieux protéger les populations et leurs biens, que le gouvernement a décidé d’instaurer l’état d’urgence dans plusieurs zones de notre pays, dont Bankilaré fait partie. L’application de certaines dispositions applicables dans le cadre de l’état d’urgence a été instaurée par l’arrêté 0027/GTI du 28 Mars 2017 dans notre zone.
Selon vous, que faut-il faire pour créer un climat favorable au retour de la paix dans la zone de Bankilaré ?
Je pense que, pour accompagner cette stratégie, on peut proposer comme alternatives, l’ouverture des discussions inter et intra-communautaires pour renforcer la cohésion sociale tant menacée ces derniers mois ; la création d’une base militaire à Amarsingué et à Garia ; la création d’un grand complexe scolaire du Primaire au lycée à Amarsingué pouvant accueillir tous les enfants non touchés par l’extrémisme violent et ou ceux qui acceptent volontiers de renoncer au terrorisme avec un soutien alimentaire conséquent et permanent pour tous dans l’action civilo-militaire ; la création d’un complexe scolaire du Primaire au lycée à Garia pour les enfants non enrôlés par les terroristes et ou ceux qui acceptent volontiers de rompre avec le terrorisme, un soutien alimentaire pour tous, également dans le cadre de l’action civilo militaire.
Réalisée par Zakari Mamane, ONEP/Tillabéri