En votre qualité d’artiste et président de l’Association Nigérienne des Auteurs Compositeurs, Interprètes et des Métiers de Musique (ANACIMM), vous êtes membre du comité d’organisation de la première édition de la Semaine Culturelle qui se tient à Niamey du 26 juillet au 3 Aout 2024. Que pensez de l’institution de cet événement ?
Je pense que c’est peut-être même ce qui manquait à ce pays. Il faut comprendre que c’est un jeune qui parle en se rappelant de ce qu’il a vécu dans son adolescence, dans le pays. En effet, il y avait par le passé, le festival National de la Jeunesse qui constituait un cadre pour des expressions culturelles diverses. Les jeunes, les acteurs culturels de tout le Niger se retrouvaient dans une région du pays pour exprimer cette cohésion, notre identité, des valeurs qui nous définissaient. C’est donc très important pour nous que cet esprit, cette semaine culturelle revienne parce que cet événement va contribuer à l’éveil des consciences par rapport à la culture, qui nous sommes, pour pouvoir même comprendre où on doit aller. Alors, je pense cet événement est la meilleure des choses qui puisse arriver dans ce pays parce que ça va intéresser les Nigériens d’ici et de la diaspora, que ce soit ceux qui vont se déplacer sur les lieux, ceux qui vont suivre devant leur petit écran. C’est vraiment une très bonne chose, je pense que tous les Nigériens ne diront pas le contraire.
Quelle appréciation portez-vous sur votre collaboration avec les autorités dans l’organisation des activités culturelles ou la mobilisation de vos collègues artistes à leur côté ?
Comme on a coutume de dire, «faire quelque chose pour nous sans nous, c’est évident que ça soit contre nous». Aujourd’hui nous avons la chance d’avoir des personnes qui savent que même si elles peuvent faire bien cette activité ou comme elles veulent, il faut tout de même l’expertise de certaines personnes. Et qui, mieux que les acteurs culturels, peut donner l’expertise en termes de culture ? Quand les acteurs culturels sont impliqués ça peut donner de l’entrain à la chose, ça encourage aussi les artistes à s’y engager plus. Je suis en contact avec les régions. Et les gens sont contents, fiers d’avoir été impliqués dans l’organisation de cette Semaine Culturelle. Ils expriment leur volonté d’y participer. L’idée est bonne que nous soyons impliqués, et c’est tout à fait normal parce que chacun de tous ceux qui sont dans l’organisation de cet événement a son expertise et fait en sorte qu’elle soit au service de tous. Cette collaboration est franche et c’est pour le bien de notre pays. En ce qui nous concerne, nous sommes dans un comité qui est scindé en plusieurs commissions et sous-commissions qui ont chacune une mission bien définie. Et chaque sous-commission rend compte à la commission mère, qui rend à son tour compte au président du comité d’organisation, le ministre de la Jeunesse, de la culture, des arts et des sports. Tout se passe comme souhaité.
Au programme des activités culturelles de cette première édition de la Semaine culturelle, sont annoncés des spectacles dont la reprise des œuvres primées il y a des décennies lors des festivals de la jeunesse. Qu’est ce qui justifie le recours à des anciennes compositions en lieu et places de nouvelles créations ?
Ces œuvres ont été très bien faites, réfléchies. Elles parlent de ce que nous sommes, donnent des conseils. Il faut dire que des cadres de la culture, experts, qui connaissent l’histoire des festivals de la jeunesse ont dans chaque région essayé d’identifier plusieurs œuvres (ballets, chants, ensemble) et choisir lesquelles peuvent être représentées. Mais en plus de cela, des concours de rap, slam, musique de dandali, des activités sportives sont au programme de la Semaine Culturelle.
Au-delà des activités ponctuelles comme la participation des festivals, comment analysez-vous la contribution des artistes au développement du pays ?
La culture doit être beaucoup considérée pour le développement de tout pays. Et je pense que tout développement qui ne prend pas en compte la culture risque de connaître un mauvais départ. Quand nous regardons autour de nous, un peu partout, tous les pays qui n’ont pas de problème dans la dynamique de leur développement ont centré leurs activités sur la culture, autour de la jeunesse. Et chez nous, je pense qu’aujourd’hui on a des gens qui comprennent qu’il faut impliquer les hommes de culture, les jeunes dans le processus de développement de ce nouveau Niger. Je suis convaincu qu’ils ne vont pas regretter car, les artistes vont beaucoup contribuer à ce que ce nouveau départ soit un départ pour de bon, qui va impacter l’avenir de notre pays, des générations à venir.
Il ne faut pas voir la culture dans un aspect un peu folklorique. La culture est un élément qui peut contribuer au développement économique, social et même politique de notre pays. Cependant, la culture a toujours été exploitée par le politique de la mauvaise des manières. Je pense que si elle est bien considérée, la culture peut véritablement contribuer au développement de notre nation.
Interview réalisée par Souley Moutari (ONEP)