
Dr Souley Madougou
Le Ramadan est un mois particulier pour la communauté musulmane, car dédié au jeûne qui constitue l’un des cinq (5) piliers de l’islam. Le jeûne du mois de Ramadan est une obligation pour tout musulman en bonne santé. Durant ce mois, les croyants doivent s’abstenir de boire et de manger du lever jusqu’au coucher du soleil. Il s’agit donc d’un vrai bouleversement du rythme de vie et également des habitudes alimentaires. Selon Dr Souley Madougou, endocrinologue-diabétologue, il est important pour un patient diabétique de suivre régulièrement son régime alimentaire avant et pendant le mois de jeûne afin d’éviter toute complication.
Pour rappel, le diabète est une maladie métabolique caractérisée par une augmentation du taux de glucose dans le sang. Or, pendant la rupture du jeûne, il est constaté une consommation excessive du sucre ou des aliments contenant du sucre. C’est dans ce sens que Dr Souley Madougou, endocrinologue et diabétologue, explique que la décision de jeûner pendant le Ramadan pour un diabétique repose sur une évaluation du risque de complications. Selon lui, l’évaluation du risque est réalisée au cours de la consultation pré ramadan. « Quelle que soit la catégorie à laquelle vous appartenez, consultez votre médecin avant de décider de jeûner », a- t-il préconisé.
Au-delà, le diabétologue a souligné que les risques liés au jeûne lorsqu’on est diabétique sont notamment l’hyperglycémie, l’hypoglycémie et la déshydratation. « C’est des facteurs très dangereux pour la personne atteinte du diabète. Cette hypoglycémie aura pour symptômes, des céphalées, des sueurs, des palpitations, des vertiges, une perte d’équilibre, des fourmillements, la fringale contractures musculaires. Devant ces signes d’alerte, le patient devra rapidement vérifier sa glycémie et rompre le jeûne. Les symptômes régressent rapidement après la prise d’aliments riches en sucre mais l’évolution peut avoir des conséquences désastreuses pouvant aller jusqu’au coma si rien n’est fait », a- t-il notifié.
Dr Souley Madougou ajoute également que pour l’hyperglycémie, le risque est la surcharge d’apports alimentaires dont les conséquences peuvent être l’hyperglycémie et la décompensation métabolique aigüe telles que l’acidocétose et l’hyper osmolarité. « Le contexte sahélien, avec un climat sec et chaud, fait que la déshydratation est à redouter particulièrement chez le sujet âgé chez qui l’hydratation est souvent insuffisante. Cette déshydratation expose certains sujets au risque d’hyper osmolarité », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, le diabétologue indique que certains médicaments antidiabétiques ne sont pas compatibles avec le jeûne. C’est pourquoi, selon ses explications, pendant le Ramadan, une modification thérapeutique est donc nécessaire pour le patient diabétique. « Cette adaptation consiste en un changement des doses ou d’horaires de prise de médicaments. Parfois, l’arrêt d’un médicament peut être envisagé. L’objectif de cette adaptation thérapeutique est de maintenir un équilibre glycémique tout en évitant les hypoglycémies. Il appartient au médecin traitant de réaliser cette adaptation thérapeutique en fonction du profil du patient », a-t-il rappelé.
Ainsi, devant ces risques pouvant engager le pronostic vital, il est impératif pour le patient de privilégier la qualité des aliments à la quantité. « Les sucres sont à éviter au risque d’être en hypoglycémie dans la journée ; les fruits très sucrés comme les dattes, les fritures ou les pruneaux sont à consommer avec modération. L’eau est la meilleure boisson par excellence », a conclu Dr. Souley Madougou.
Salima H. Mounkaila (ONEP)