En cette période de démarrage de la campagne agricole dans notre pays, tous les regards sont tournés vers le ciel. Les souhaits des Nigériens, de voir le Miséricordieux gratifier notre pays d’une campagne abondante, pleuvent de toutes parts et à toutes les occasions. Aussi, les invocations dans ce sens sont au rendez-vous de toutes les rencontres, notamment les cérémonies de mariage et de baptême où les marabouts ne manquent pas d’invoquer Allah, dans leur ‘’fathia’’, afin qu’Il nous couvre de son intarissable générosité.
Cependant, comme on peut le constater, ces dernières années, l’issue de la campagne agricole n’est pas seulement tributaire de l’abondance des pluies, ou même de leur bonne répartition dans l’espace et le temps. En effet, d’autres facteurs non négligeables entrent en ligne de compte pour peser de tout leur poids dans la balance. D’abord, il y a l’état actuel de nos terres. Presque partout au Niger, avec la pression de tant d’années d’exploitation intense, les terres agricoles ne répondent plus aux critères pour relever le défi d’une bonne productivité. Il se trouve que ces sols qui sont littéralement lessivés n’ont pas grand-chose à donner. S’y ajoute le phénomène de l’amenuisement continu des champs qui, à force d’être repartis en héritage entre les enfants d’une même famille, ne sont plus en réalité que des lopins de terre. Aujourd’hui, dans plusieurs zones de pays, les enfants d’une même famille n’ont plus rien à partager en termes de champs. Dans certains cas, ils sont dans l’obligation d’adopter un système alternatif d’exploitation du même champ. Malheureusement, aussitôt après les récoltes, ces champs sont laissés à l’abandon, sans apport en fumier ou autres substances pouvant améliorer la qualité des sols.
Un autre facteur qui pèse, c’est souvent la mauvaise qualité des semences, en ces périodes de soudure. Tout cela pourrait peut-être justicier le déficit de motivation et d’ardeur au travail observé de nos jours chez la nouvelle génération de laboureurs. Un autre facteur à ne pas négliger dans l’appréciation du résultat de la campagne agricole.
Toutes choses qui n’ont vraiment rien à voir avec le temps des grands ‘’Sarkin noma’’ où les champs, en plus d’être des vastes étendues s’étalant à perte de vue, étaient en permanence entretenus et enrichis en humus, emblavés avec des semences soigneusement choisies, et surtout labourés avec une ardeur sans limite. C’était l’époque des grands greniers bien remplis, où les bottes de mil se comptaient par centaines. Car, la terre bien entretenue et labourée avec une fougue doublée de passion ne pouvait mentir….
Assane Soumana(onep)