En cette ère de lutte pour la reconquête de la souveraineté nationale et de l’indépendance véritable de notre pays, cohabitent des attitudes et comportements divers. En effet, à côté de l’euphorie et du sentiment de dignité retrouvée chez les populations dans leur grande majorité, prospère aussi le pessimisme de certains milieux notamment intellectuel et politique, accrochés aux privilèges que leur conférait le système de gouvernance déchu.
Ce pessimisme ambiant se fonde sur les difficultés évidentes mais passagères du contexte actuel, lié au choix fait par le Niger : celui de sa souveraineté. Pourtant, il est tout simplement naïf de s’attendre à ce que les partenaires qui ont plongé le Niger dans cet abime l’aident à s’en sortir. En effet, il y’a un véritable abime psychologique et intellectuel. Les impérialistes ont réussi à faire croire à la majorité d’entre nous que la seule et unique voie pour nos pays de se développer est justement celle qu’ils nous ont tracée d’une part. D’autre part, la démocratie nous est prescrite comme une panacée malgré ses échecs évidents.
Aussi pour aisément faire passer la pilule, une certaine classe politico-intellectuelle est créée et entretenue. Incapable de réfléchir et de proposer des voies alternatives pour nos pays, cette élite politico-intellectuelle ne fait que ressasser les paradigmes qu’elle a buchés sans comprendre. Ces afro-pessimistes ‘’nés’’ n’ont d’autres repères d’analyses que les perceptions occidentales des sociétés africaines ; des perceptions au demeurant bâties sur un socle de préjugés. Ils sont, pour cela, incapables de percevoir les mutations qui s’opèrent dans nos sociétés et s’accrochent aux privilèges que leurs procuraient leurs statuts de lettrés.
Aussi, leur grille d’analyse de la situation du pays se résume principalement à leur confort personnel. Dans cette optique, tout est bien dans le meilleur des mondes tant qu’ils perçoivent leurs salaires et autres avantages, tant que prospèrent les marchés publics, et tant qu’ils captent les financements de projets dits ‘’de développement’’. Ces partisans du moindre effort n’en ont cure que l’avenir des générations futures soit hypothéqué, que la souveraineté du pays soit compromise et ou que la dignité du peuple soit bafouée.
Or, il est établi qu’on ne saurait construire une grande nation sans sacrifices. C’est cet esprit de sacrifices pour les générations futures que les systèmes de gouvernance démocratique ont ôté aux Nigériens. Une gouvernance qui n’a fait que produire des parasites sociaux, dévaloriser le travail, promouvoir la culture de la facilité. Certains ont fait de la politique leur gagne-pain, d’autres ont abandonné des métiers respectables pour faire de la politique parce qu’elle paie mieux, et plus vite.
Pourtant, il faut se résoudre à admettre que le contexte ne doit plus prêter à ce genre d’attitude. Il est temps que chacun se remette au travail pour assumer collectivement le choix fait par notre pays de se libérer de l’esclavage politique et économique auquel il est soumis depuis plus de 60 ans.
Siradja Sanda (ONEP)