Cette année, le jeûne du Ramadan n’a vraiment rien d’une sinécure pour les fidèles musulmans. En effet, au Niger et dans les autres pays de la bande sahélienne, il intervient dans une période particulièrement chaude, aux mois d’Avril et de Mai. Dire qu’il n’y a aucun signe de répit à l’horizon, sachant que pour les deux dernières décades de ce mois sacré, les services de la météorologie nationale prévoient une grimpée du mercure, avec des journées encore plus torrides et cuisantes que celles endurées par les jeûneurs durant la première décade. Autant dire que ça va chauffer ! Au sens propre comme au figuré…
Il est vrai qu’en tant que sahéliens nous sommes habitués à souffrir le martyr en supportant les dards incandescents du soleil, cependant l’équation devient plus difficile à gérer quand il s’agit d’allier le jeûne et la chaleur. Aussi, la situation est telle que certains jeûneurs sont réduits au grabat en restant campés dans leur maison, voire dans leur lit, toute la journée durant. D’aucuns en font trop en ne pointant le nez dehors que tard l’après-midi, à l’instant tant attendu de l’appel du muezzin annonçant l’heure de la rupture du jeûne. On en trouve même qui, faute d’avoir froid aux yeux, ne se gênent pas pour s’asperger d’aux fraiche pour se faire refroidir le …radiateur !
Plus chanceux sont ceux qui peuvent se prémunir contre la chaleur en s’offrant le luxe de se prélasser sous l’air frais du ventilateur ou de l’humidificateur, même si à certaines heures critiques, l’air ventilé est aussi agressif que les rayons solaires. Pour les plus privilégiés, c’est l’air conditionné du Split. Un immense plaisir certes, mais qui ne sera que de courte durée, car à la fin du mois, quand la Nigelec présentera la lourde facture à payer, ce sera à leur tour de transpirer à grosses gouttes. Mais il faut également compter avec le calvaire des coupures intempestives d’électricité qui viennent aussi s’en mêler rendant la situation bien plus compliquée pour la communauté des jeûneurs.
Acculés jusque dans leur dernier retranchement, les suppliciés de la canicule ne savent plus à quel saint se vouer. Presque toutes les activités économiques tournent au ralenti. Car, seuls quelques rares jeûneurs audacieux se hasardent à braver les hostilités du soleil en restant toujours actifs à leur poste de travail au bureau, dans les ateliers, sur les chantiers, etc.
Ceci expliquant cela, on comprend aisément pourquoi à certaines heures de la journée, les rues de Niamey sont quasiment dessertes, chacun ayant réussi à se terrer dans un abri plus commode en attendant que le soleil se désarme. Ainsi va le mois du Ramadan dans en zone sahélienne. Pourvu que cette différence soit prise en compte à l’heure de la grande rétribution.
Assane Soumana(onep)