A Niamey, le phénomène «d’enfants de la rue» est devenu un véritable fait de société par son ampleur. Il est aussi et surtout une source de préoccupation pour les usagers de la circulation routière. De nos jours, ce sont des centaines voire des milliers d’enfants qui déambulent de nuit comme de jour dans les artères de la ville courant des énormes dangers. Il y a également les risques d’accident qui sont très élevés. Il n’est en effet pas rare que les accidents impliquant les enfants de la rue surviennent dans la ville, avec parfois des conséquentes graves comme la perte de vie. Contrairement aux temps passés où voir les enfants dans la rue est un épiphénomène saisonnier presqu’inaperçu, aujourd’hui l’ampleur du phénomène est de plus inquiétante.
Pieds nus, habits en lambeaux, chaussures déchirées voire pieds nus, on rencontre des jeunes enfants (filles et garçons) parfois couchés à même le sol dans les carrefours sous le soleil ardent, la poussière, la pluie ou autres intempéries. Ces jeunes enfants occupent le moindre espace pour inspirer la pitié dans l‘espoir de récolter quelques pièces auprès des passants. D’un côté, on remarque un enfant handicapé d’une dizaine d’années poussé dans une sorte de brouette de fortune ou porté sur le dos par un autre enfant. Par-ci, c’est une jeune guide mendiante tirant une femme aveugle portant son enfant au dos et un autre lui tenant la main, sillonnant la ville de Niamey, se faufilant entre les voitures à la recherche de quelques pièces de monnaie. Par-là, c’est un jeune garçon brandissant une tasse ou sa main vers les automobilistes les implorant de toutes ses forces pour une aumône, parfois frisant le harcèlement.
A longueur des journées, on voit ces autres jeunes enfants dits talibés venus des villages parcourir les différents marchés, les services et autres lieux de rassemblement, tasses à la main, quémandant pitoyablement, non pas pour avoir de quoi manger forcément, mais pour avoir de l’argent qu’ils doivent absolument amener au soit disant instructeur ; le marabout qui les a collectés des villages pour l’apprentissage du Coran en ville. Ces jeunes talibés sont exposés à tous les risques d’accident et de harcèlements ou abus en tous genres. Mais le plus préoccupant, c’est le nombre de ces enfants, mendiants ou guides-mendiants, qui ne fait que croitre de jour en jour dans les rues. Ces enfants ne sont pas à leur place car, leur place est à l’école. Hélas, c’est plutôt la rue avec tous ses dangers qui est leur routine quotidienne. C’est aussi cette image qui est reflétée au quotidien dans les grandes villes du Niger, malgré tous les moyens déployés par l’Etat et les partenaires pour endiguer le phénomène qui ternit l’image de notre pays. Face à cela, l’on peut bien se demander si les uns et les autres respectent leur engagement, accomplissent leur devoir ou assument leur responsabilité, de parents notamment.
Zabeirou Moussa (ONEP)