
Depuis le lendemain des élections européennes qui ont vu la large victoire du parti d’extrême droite (RN- Rassemblement National) en France, les observateurs extérieurs de la scène politique française assistent à un paradoxe de la démocratie.
En effet, le président Macron et une partie de la classe politique hexagonale font feu de tout bois pour diaboliser davantage la coalition formée autour du parti de Marine Le Pen et Jordan Bardela. Pourtant, ce parti est arrivé largement en tête des élections européennes parce que les citoyens français l’ont voulu. Décidément, excédés par l’incurie de la classe politique traditionnelle française (gauche-droite) ainsi que de l’Ovni idéologique macroniste, les électeurs français ont voté le RN.
Ce choix se justifie par l’installation du chaos économique, la destruction de l’image de la France au plan international, une diplomatie perdue, le peu d’intérêt aux préoccupations existentielles des citoyens, la soumission de l’Etat aux intérêts des grandes firmes et aux injonctions de l’Union Européenne souvent contraires aux intérêts des citoyens français.
Mais, au lieu d’assumer son bilan chaotique à la tête de son pays, le président Macron agite l’épouvantail du chaos en cas de victoire de la coalition RN aux législatives du 30 juin et du 7 juillet prochain. Il est en cela aidé par une partie de la classe politique, quelques corporations complices de sa gestion désastreuse ainsi que les médias qui s’adonnent à un véritable lynchage contre le RN. La stratégie consiste ainsi à présenter le RN comme l’incarnation du diable. C’est le principal argument pour ne pas dire le seul argument que Macron et sa bande peuvent présenter en l’absence d’un programme parce que justement les Français connaissent déjà et vivent dans leur chair son bilan en sept (07) ans de gestion.
Dans cette stratégie dégoutante de campagne, le président Macron va jusqu’à évoquer la survenue d’une guerre civile en cas de victoire du RN. Ceci rappelle ainsi les analyses légères qui se résument à l’appartenance ethnique, raciale ou religieuse utilisée par les responsables français pour expliquer la politique en Afrique.
Cette posture est tout simplement étonnante dans un pays qui se veut le chantre des droits de l’homme, de la liberté d’expression et de la démocratie. De quelle liberté d’expression peut-on se prévaloir lorsqu’on s’entête à étouffer les idées d’un parti politique qui, ne fait que progresser en popularité ? Pourtant, lorsque des individus insultent l’Islam et dénigrent les musulmans, l’on estime qu’ils sont dans leur droit ! Mais ils ne le sont plus dès lors qu’ils épousent les idées du Rassemblement National ou lorsqu’ils critiquent les agissements et les crimes de l’Etat d’Israël en Palestine.
Sinon pourquoi, cherche-t-on à délégitimer le choix d’une grande partie des citoyens français ? Cette stratégie de la diabolisation du RN va-t-elle payer ? Suffira-t-elle à la bande macroniste de dissuader les Français de voter RN aux législatives ?
Quoiqu’il en sera le 30 juin et le 7 juillet prochain, une remarque est à retenir de cette situation pour nous autres : Ceux qui se posent en donneurs de leçons de démocratie pour l’Afrique ne font pas mieux. Parce que la démocratie c’est aussi l’acception des idées et des opinions différentes aussi décalées soient-elles. En lieu et place, on se retrouve en face d’une intolérance démocratique qui remet en cause le vote d’une importante partie de citoyens.
Siradji Sanda (ONEP)