La Première Dame, Dr. Lalla Malika Issoufou, a présidé, hier matin à Tahoua, la cérémonie du lancement officiel de la campagne nationale d’information et de mobilisation sociale en faveur de la promotion du bien-être des femmes, à travers l’amélioration de la santé maternelle, la lutte pour la scolarisation et le maintien de la jeune fille à l’école et pour l’autonomisation de la femme. La campagne s’inscrit, en effet, dans le cadre de la politique publique pour la capture du dividende démographique, en œuvre au Niger avec le partenariat de la banque mondiale et l’UNFPA, à travers le projet SWEED.
La cérémonie s’est déroulée à la tribune officielle de Tahoua, en présence de l’ambassadeur de Chine, de plusieurs ministres, notamment le ministre d’Etat, ministre de l’agriculture, le ministre de la sante publique et la ministre de la population, la ministre de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant ; des repentants de l’UNFPA, de la FAO, de la Banque Mondiale; du coordinateur du projet SWEED et de plusieurs responsables régionaux, départementaux et communaux.
La cérémonie a également servi de cadre pour la réception officielle d’un don d’environ 2 milliards de FCFA de vivres et matériel agricole offert par la Fondation Tattali Iyali de la Première Dame Dr. Lalla Malika Issoufou et ses partenaires, au profit des couches vulnérables de la région. Il est composé de moulins, de motopompes, de sacs de céréale (60 tonnes), des semences potagères, etc.
Selon le gouverneur de la région, M. Abdourahamane Moussa, avec un taux de 4,6%, Tahoua est l’une des régions qui enregistrent le taux démographique le plus important du pays. Le taux d’utilisation des services de planning familial de 27,23% et celui d’accouchement assisté par personnel qualifié est de 39,07%. Et, faisant le lien avec le faible indicateur d’utilisation des services de planning familial, le gouverneur de la région a aussi relevé la disproportion de la scolarisation de la jeune fille. «Le taux brut de la scolarisation est de 65% pour l’ensemble, avec respectivement: 75% chez les garçons et les filles avec 54%. Le taux d’achèvement de 58% pour l’ensemble est 69% chez les garçons et 46,2% pour les filles », a-t-il déclaré.
Ce qui justifie, du moins, la forte mobilisation des acteurs et partenaires à mener cette campagne, afin d’inscrire la région de Tahoua dans la dynamique d’amélioration du bien-être de la femme selon les indicateurs de sa santé, de sa scolarisation et de son autonomisation économique. A l’image de celles qui ont eu lieu dans les régions de Diffa et de Maradi, cette campagne entend impulser le changement social et comportemental vis-à-vis des services de la santé de reproduction et de la planification familiale, en vue de favoriser la capture du dividende démographique. En effet, durant deux semaines, à partir du lancement officiel d’hier, d’intenses activités communautaires inclusives (forum publique, débat-radio, etc.) seront animés pour le repositionnement des services SR/PF qui seront également mis en disposition.
Interprétant le diagnostic exhaustif fait par le gouverneur Abdourahamane Moussa, le représentant du fonds des nations unies pour la population (UNFPA) au Niger, M. Ismaïla M’bangué, soutient que le plaidoyer inlassable que mène la fondation Tattali Iyali de la première dame est salutaire, dans la mobilisation des acteurs et partenaires, avec souvent des appuis actifs, pour la lutte contre la fistule obstétricale, le cancer, le mariage des enfants. « Rien que pour accompagner cette campagne, pour s’assurer que personne ne sera laissé d’un coté à Tahoua, elle a réussi une mobilisation exceptionnelle de vivres, des semences et d’équipements auprès des ambassades (de la République populaire de Chine, de l’Arabie Saoudite) et de la FAO.
Elle accompagne nos actions avec un plaidoyer actif et une participation sur tous les terrains, lors de toutes les conférences internationales et au cours de différentes campagnes de repositionnement de la planification familiale, de la lutte contre la mortalité maternelle, le mariage des enfants et la promotion de la scolarisation de la jeune fille », a mentionné le représentant résident de l’UNFPA. En marge du sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Niamey, rappelle M. Ismaïl M’bangué, la présidente de la fondation, Dr. Lalla Malika Issoufou, avait organisé deux tables rondes en la matière. « Récemment, elle a été invitée par la première dame de la République française pour porter en 2020 le flambeau de la scolarisation et du maintien des filles à l’école dans les pays du Sahel », a-t-il ajouté.
Selon l’UNFPA, des bonnes pratiques et les interventions communautaires innovantes et autres efforts déployés dans le pays ont permis d’améliorer le bien-être des femmes et des filles, conduisant à une réduction du niveau de fécondité (de 7,6 enfants par femme en 2012 à 6 enfants par femme en 2017). Cet élan illustre bel et bien la volonté politique et le leadership agissants du président de la République, SE Issoufou Mahamadou, qui a été à l’avant-garde de la mobilisation de la communauté internationale en faveur de la capture du dividende démographique. Dans la même optique est initié en 2013 le projet Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD).
Pour sa part, la ministre de la population, Mme. Aissata Amadou Maiga, explique en termes clairs que le poids démographique du Niger sur les ressources est dû à la non maitrise de la fécondité, avec une forte proportion de mariage des enfants (76% des filles mariées avant l’âge de 18 ans). En perspective de cette capture du dividende démographique, son département ministériel a engagé plusieurs initiatives qui ont permis la mise en place d’un cadre formel de partenariat multi-acteur. « Cette campagne se veut une conjugaison des efforts des principaux acteurs, à travers des caravanes de sensibilisation de proximité dans les villages, les groupements, les tribus et les hameaux dans les départements de la région de Tahoua pour le renforcement de la demande et de l’utilisation des services SR/PF aux niveaux institutionnel et communautaire, la sensibilisation des communautés sur la lutte contre le mariage des enfants et les violences basées sur le genre, et la promotion de la scolarisation de la jeune fille et de son maintien à l’école. Les caravanes seront conduites par les préfets accompagnés des leaders religieux, des chefs traditionnels, d’autres leaders communautaires et femmes, des communicateurs traditionnels», précise la ministre de la population.
Prenant la parole, la marraine de la cérémonie a d’abord salué la présence effective des partenaires et acteurs concernés, des autorités administratives, coutumières et religieuses, ainsi que la forte mobilisation de la population de Tahoua. «J’y vois là, la preuve supplémentaire de votre engagement en faveur des politiques publiques majeures, comme celle qui nous réunit aujourd’hui», s’est réjouie la première dame, Dr. Lalla Malika Issoufou. C’est là «une étape importante dans le processus mis en œuvre par notre pays pour parvenir à la capture du dividende démographique d’ici 2035.
Conformément aux objectifs du développement durable et de croissance inclusive Niger 2035, du plan de développement économique et social (2017-2021) et du Programme de renaissance du Niger initié par le Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Issoufou Mahamadou, cette campagne a pour objectif d’impulser le changement social et comportemental des populations en vue d’accélérer la transition démographique de la capture du dividende démographique au Niger », a indiqué la Première Dame.
Il faut noter qu’après la cérémonie, une visite s’en est suivie au CSI du quartier Koufan-Tahoua, où la Première Dame a aussi fait don des moustiquaires destinées aux femmes en consultation prénatale. La haute délégation a été également au centre de formation Gatan Matassa, qui forme des adolescentes aux métiers de couture et fabrication des cosmétiques pour leur autonomisation.
Mahamane Chékaré Ismaël