La maternité Madina de Niamey a abrité, hier, la cérémonie de lancement de la journée mondiale de la lutte contre le sida, couplée à une campagne de dépistage volontaire du VIH, sous le parrainage de la Première Dame Hadjia Aissata Issoufou, présidente de la fondation Guri Vie Meilleure. Le thème retenu pour cette édition (de décembre 2019) est : « les organisations communautaires font la différence». Cette année, en partenariat avec le ministère de la santé publique et l’ambassade de la Chine, la fondation Guri Vie Meilleure a prévu, à l’instar de l’édition précédente, la campagne de dépistage. L’objectif étant d’accélérer la marche du Niger vers l’élimination du sida en 2030, (à travers les trois 90 horizons 2020 qui vise: 90% des PVVIH connaissent leurs statuts, 90% de ces personnes reçoivent le traitement et 90% de ces personnes sous TARV aient une charge virale supprimée ou indétectable), la campagne s’étendra du 9 au 18 janvier 2020, à Niamey dans 20 centres de santé.
La cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de la santé publique, la ministre de la promotion de la femme et la protection de l’enfant, du ministre porte-parole du gouvernement, de l’ambassadeur de Chine, du Directeur pays de l’ONUSIDA et de plusieurs personnalités.
Le Sida au Niger en chiffres
« Au Niger, depuis la découverte du premier cas de sida en 1987, d’importants efforts sont consentis par le gouvernement et ses partenaires pour prévenir cette maladie et offrir des soins continus aux personnes infectées et affectées par le VIH ».
Selon le ministre de la santé publique, Dr. Idi Illiassou Mainassara en 2018, le nombre de personnes vivant avec le VIH était d’environ 36.000. La prévalence du VIH au sein de la population générale est stabilisée à 0,4% depuis 2012. Le nombre estimé des nouvelles infections au virus est réduit de 70% en 6 ans (de 6.000 cas en 2012 à 1.700 en 2018). D’un site unique (hôpital national de Niamey) de prise en charge de la maladie en 2003, le Niger compte aujourd’hui 110 sites où environ 20.000 personnes suivent le traitement ARV. Le nombre de décès annuels dus au sida a été, ainsi, réduit de 69% (soit de 4.000 en 2012 à 1200 en 2018). Cependant, malgré ces importants efforts, des défis majeurs demeurent et en appellent à la contribution de tous pour les relever, souligne le ministre. Il s’agit, entre autres: du taux de transmission du VIH de la mère à l’enfant qui est de 12,31% en 2018; de la forte concentration de la prévalence au sein des populations clés qui est de 16,6% chez les professionnelles du sexe en 2015; du faible taux de dépistage du VIH au sein des populations à 21% chez les femmes et 7% pour les hommes.
Les efforts des organisations communautaires encouragés
A travers le thème retenu de l’édition 2019 que le Niger célèbre ce jour 9 janvier 2020, «les organisations communautaires font la différence», le rôle des acteurs communautaires est engagé et encouragé au premier plan de la riposte contre le sida. « Ils sont le fer de lance pour la sensibilisation et le dépistage chez les populations clés et les autres populations vulnérables qui demeurent les sous-groupes les plus exposés », estime le ministre de la santé publique, Dr. Idi Illiassou Mainassara.
« En cette Journée mondiale de lutte contre le sida et pour faire face aux défis, une implication effective des communautés dans le dispositif de la riposte au VIH/Sida s’impose car les communautés forment un maillon essentiel d’un système de santé moderne et leur action constitue l’épine dorsale de la riposte face au VIH », a indiqué le Directeur pays de l’ONUSIDA, Dr El Hadj Abdallahi FAH. Le SNU à travers l’ONUSIDA est convenu, alors, de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. C’est pourquoi, explique-t-il, l’organisme travaille avec les pays pour respecter les engagements, qui sont inscrits dans la Déclaration politique des Nations Unies sur la lutte contre le sida de 2016. Il est question notamment, de la mise en œuvre de sa stratégie accélérée 90-90-90 à l’horizon 2020 qui vise: 90% des PVVIH connaissent leurs statuts, 90% de ces personnes reçoivent le traitement et 90% de ces personnes sous TARV aient une charge virale supprimée ou indétectable. Ces objectifs devraient être atteints donc cette année 2020. Et au Niger, sur les 36 000 PVVIH, seulement 72% connaissent leurs statuts VIH, 54% sont sous Traitement ARV et 45% ont une charge virale supprimée.A cet effet, d’ores et déjà, l’ONUSIDA a, rappelle le directeur Pi, appuyé le Niger à évaluer les contributions des organisations communautaires dans la mise en œuvre du Plan d’accélération du Dépistage, de Traitement antirétroviral et la Prévention de la Transmission Mère-Enfant en 2019.
Dr El Hadj Abdallahi FAH a réaffirmé combien le Système des Nations Unies est résolu à soutenir le Gouvernement du Niger pour une accélération de la riposte au VIH.
Appel de la marraine de la lutte contre le sida
La présente campagne permettra donc de rehausser le taux de dépistage contre la discrimination et la stigmatisation, pour accélérer la marche du Niger vers l’élimination du sida en 2030, conformément aux ODD. Dans son appel qui a consacré le lancement de la campagne, la marraine de la lutte contre le sida et hépatite virale au Niger, présidente de la fondation Guri Vie Meilleure, la première dame Hadjia Aissata Issoufou s’adresse à tous les acteurs intervenants dans la lutte contre la maladie, à savoir: le secteur public, la société civile, secteur privé, PTF. En effet, la première dame marraine de la campagne invite à une forte mobilisation, en ne laissant personne pour compte pour le bénéfice de l’offre de soins en matière de prévention, traitement et soutien lié au VIH. Il faudrait ensuite assurer la levée de barrière réduisant l’accès aux jeunes (dont les adolescentes et adolescents) aux services de santé sexuelle et reproductive. La présidente de la fondation Guri Vie Meilleure appelle également à promouvoir les droits humains des personnes vivants avec le VIH et à renforcer et consolider le dispositif communautaire, les réseaux nationaux et société civile intervenant dans la réponse au VIH. Cela, suppose aussi des contributions de financement pour la mise en œuvre des initiatives.
« Notre pays continue à multiplier divers efforts pour soutenir la lutte contre le sida. Malgré que la prévalence du sida reste à 0,4% au niveau de la population, la persistance des nouvelles infections nous interpelle». Par ailleurs, la première dame Hadjia Aissata Issoufou a salué, à juste titre, les prompts efforts de la République populaire de Chine, représentée à cette cérémonie par son ambassadeur au Niger. D’après elle, avec la collaboration de sa sœur première dame de la Chine, c’est un appui inestimable qu’apporte la République populaire de Chine dans le cadre des activités de lutte contre le sida.
Mahamane Chékaré Ismaël