L’Institut de Recherches en Sciences Humaines (IRSH) à travers son Département des Manuscrits Arabes et Ajami (MARA) avec le soutien de la fondation Gerda Henkel, a procédé hier au lancement du projet Niger Manuscript Préservation Project (MAP). Ce projet qui durera deux (2) ans, a pour objectif principal d’améliorer les conditions de conservation de la collection. La cérémonie de lancement présidée par le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, PHD. Mamoudou Djibo en présence de plusieurs invités s’est déroulée dans les locaux de l’Institut.
La collection des manuscrits contient en effet, quatre mille cinq cents (4500) titres composés de manuscrits en langue arabe et de manuscrits en langue locale. Les manuscrits couvrent les périodes du 12ème au 20ème siècle. Des documents uniques sur l’histoire de l’Afrique précoloniale et qui traitent de tous les domaines scientifiques (histoire, religion, société, arts, lettres, sciences). Cependant, il faut noter que les manuscrits sont dans des conditions de conservation déplorables. Ils sont exposés aux aléas climatiques et aux attaques biologiques qui ont, à travers les âges, endommagé et détruit progressivement de nombreux manuscrits.
Le projet Niger Manuscript Préservation Project s’exécutera en 24 mois et se fera en trois phases dont une phase préparatoire et de formation, une phase d’inventaire, une phase de catalogage électronique et numérisation et la mise en boite. La collection contient principalement des manuscrits originaux environ 95% mais aussi des microfilms et des copies environ 5%.
Dans ses propos liminaires, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, PHD. Mamoudou Djibo a indiqué que les sources manuscrites constituent l’une des principales sources de l’historiographie. Les manuscrits contribuent à l’histoire culturelle et contiennent des valeurs d’intégration socioculturelle des peuples. En effet, ils sont les éléments fondamentaux et les moyens essentiels de connaissance des sociétés nigériennes précoloniales et de leurs cultures. Elles sont le patrimoine commun, unique et irremplaçable, leur disparition serait une grande perte pour le Niger et l’humanité.
Pour PHD Mamoudou Djibo, l’Afrique a un problème fondamental dans l’écriture de son histoire car elle l’écrit essentiellement avec les données des autres. «Pratiquement toutes les sources occidentales sont des informations traitées dans un esprit européocentriste souvent déformées lors de la transcription et ce sont ces documents que nous utilisons. Aussi, nous devons nous considérer comme responsables de notre situation car ne ditons pas que l’écriture est née en Afrique ?» a-t-il déclaré.
L’avantage des Ajamis selon le ministre est, qu’ils sont des locuteurs des langues, des propriétaires de ce passé qui ont transcrit ce qu’ils ont appris en alphabet arabe. Aussi, à la différence des documents d’origine occidentale, les Ajamis sont des auteurs locaux et tout cela entreposé dans des conditions difficiles. C’est pourquoi, la préservation de ce patrimoine historique et culturel constitue un défi de taille pour les Etats et les Institutions de Recherche.
Pour sa part, le vice- recteur de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, Pr Rabani Adamou a rappelé que l’IRSH vient une fois de plus de bénéficier du soutien de la fondation Gerda Henkel pour nettoyer, inventorier, cataloguer et valoriser la collection des manuscrits de l’institut constitués principalement par des anciens manuscrits en écriture arabe et langue locale (ajami). De nos jours, les manuscrits constituent une source importante de relecture de l’histoire africaine. «Il s’agit de numériser pour préserver la collection en évitant, autant que possible la manipulation physique des manuscrits originaux et de perte progressive des manuscrits due à une mauvaise condition de conservation», a-t-il souligné.
Quant au Directeur de l’Institut de Recherche en Sciences Humaines, Pr Abdou Bontianti, il a souligné que l’année 2022 a été couronnée de près d’une dizaine de manifestations scientifiques majeures parmi lesquelles les journées d’études, des journées portes-ouvertes, des ateliers de formation sur les manuscrits ajami, la rencontre de presse avec le directeur de l’IRSH et l’atelier sur la Science Ouverte. Le projet Manuscrit Préservation Project (MAP) marque ainsi la rentrée scientifique de l’année 2023 qu’il espère fructueuse et pleine de succès.
Rachida Abdou Ibrahim(onep)