Ils le font et savent si bien le faire, les artistes contribuent véritablement, à travers une panoplie de productions, à prôner la coexistence pacifique, la cohésion sociale, la sécurité, le renforcement des liens d’amitié et de fraternité. C’est du reste pourquoi, une journée internationale des artistes est célébrée chaque 25 octobre. Cette journée vient, en quelque sorte, en complément à celle de l’art, fêtée elle, le 15 avril de chaque année. La célébration internationale vise à promouvoir la sensibilisation à l’activité créative dans le monde entier. Homme averti sur les questions culturelles, M. Hachimou Oumarou dit Deffo, président de la Fédération Professionnelle des arts, de la Culture, de la Communication et du Tourisme – FEPRO’ACT Niger – nous parle de cette journée et aborde la contribution des artistes dans ce contexte marqué par plusieurs défis. La promotion des valeurs de paix et de cohésion a toujours jalonné son parcours professionnel.
Soulignant l’importance de la journée internationale des artistes, Deffo explique qu’elle honore la contribution des artistes dans la société et appelle à « agir pour l’artiste », à le soutenir, ou achetez son œuvre, bref, à agir pour que les artistes vivent…
Par ailleurs, la célébration de la journée des artistes intervient cette année dans un contexte particulier pour notre pays qui vit une période décisive de son histoire. C’est dans cette optique que depuis le 26 juillet 2023, les artistes sont actifs pour mériter l’honneur lié à leur métier et renforcer leurs contributions pour un Niger prospère. La prise en compte des arts et de la culture participe à la souveraineté et à la dignité du peuple nigérien. En ce qui concerne les attentes des artistes, M. Hachimou Oumarou estime qu’il faut bouter la légèreté dans le domaine des arts et de la culture d’une part, et mettre l’Homme de culture au centre des politiques culturelles comme celles de développement, d’autre part. « Bref, nous espérons une démarche structurante pour un Niger imbu de nos valeurs et afficher notre spécificité sahélienne dans la marche planétaire. Nous avons trop souffert de la colonisation qui a engendré la déperdition de nos valeurs authentiques de coexistence pacifique, d’intégration et de paix », a expliqué M. Hachimou Oumarou.
Dans le cadre de la promotion, du civisme et du patriotisme, il s’agit à travers leurs productions d’insuffler et inculquer ces principes, ces valeurs aux jeunes afin de contribuer au développement socio-économique du Niger. « Nous étions déjà là pour avertir, pour dénoncer le climat politique délétère, la gestion économique calamiteuse de la chose publique, l’injustice et l’iniquité du traitement des Nigériens et dès le lendemain du changement du régime, nous sommes restés constants sur le terrain et toutes nos productions ont pris la couleur du moment car, il y a urgence », rappelle l’artiste. De façon volontaire, précise M. Oumarou, sans mot d’ordre et appel, les artistes, individuellement et collectivement, ont fait front pour contribuer de manière active à la réussite du combat commun. « Certains artistes continuent encore et même au moment où je vous parle, des artistes issus de multiples secteurs sont en production dans le domaine du cinéma, des arts de la scène, sur les réseaux sociaux, etc. Nous sommes une partie prenante importante dans le cadre de la communication du Fonds de Solidarité », a-t-il dit,.
« Vous aviez aussi suivi sans doute la rencontre du CNSP avec la communauté artistique et culturelle, quatre (4) heures d’horloge, cela dénote de l’intérêt particulier de nos plus hautes autorités et la volonté inébranlable du Chef de l’Etat de rendre « la fierté d’être Nigérien au Nigérien. Notre surprise était de découvrir un ‘‘ Trésor humain vivant’’ qui nous a relaté l’histoire (la vraie histoire, pas celle de la colonisation qu’on nous a inculqué à l’école du Blanc pour être soumis) des communautés nigériennes. L’engagement est très fort et nous avons compris la grandeur de la tâche. Nous souhaitons juste que le Chef de l’Etat, son Excellence le Général de Brigade Abdourahmane Tiani soit de vive voix parmi ceux qui transmettront à l’opinion cette histoire, à travers des écrits, des documentaires et autres éléments audiovisuels pour aider à la recomposition de l’histoire de nos peuples sahéliens », a-t-il rappelé.
« Les nouvelles autorités peuvent espérer quelque chose pour faire avancer le pays à travers nos créations »
M. Oumarou Hachimou a exhorté les nouvelles autorités à toujours accompagner le secteur car, la sauvegarde du patrimoine artistique en dépendrait. « Notre patrimoine culturel est presque dans un état brut, il peut être complétif si on transforme, nous sommes en état de veille, actif et disponible pour rendre au Niger et au Sahel sa fierté », a-t-il souligné.
Interrogé sur la situation des artistes au Niger, Deffo répond sans ambages : « la contribution de la culture au développement social économique d’un pays n’est plus à démontrer. Elle est l’ultime recours, le dernier rempart dans la résolution des crises que connaissent nos pays. Vous n’êtes pas sans savoir la signature d’une convention entre les médias d’Etat des pays de l’AES. Nous devons être au rendez-vous de cette intégration avec des productions valables au plan technique et artistique. Nous devons avoir un important programme dans le cadre des archives audiovisuelles. Puis, le Chef de l’Etat a donné un signal fort pour l’utilisation de nos langues nationales, la Fédération Professionnelle, des Arts de la culture, de la Communication et du Tourisme- FEPRO’ACT Niger, avec sa composition pour la transversalité des arts et de la culture (artistes, opérateur culturels, audiovisuels, les journalistes en langues.) est un partenaire qui s’estime de premier plan avec son Programme de la Redynamisation culturelle », souligne l’artiste.
Dans le domaine de la promotion culturelle, il est urgent de se lancer dans les résidences créations pour fixer pour la postérité notre révolution, la diffusion, l’enseignement artistique et culturel, l’archivage des productions à la bibliothèque nationale… « Nous souhaitons aussi mettre en place un grand évènement de l’AES du 26 juillet au 02 août 2024 car, le Niger en a déjà eu sous l’initiative du défunt ministre, M. Inoussa Ousseini », a confié l’artiste.
Pour une transition réussie, l’artiste et promoteur culturel Deffo a émis le souhait de voir la professionnalisation des acteurs culturels avec des formations et des remises à niveau adaptée au contexte, la mise en exécution de certains textes règlementaires très importants des secteurs culturels comme la politique culturelle, la loi d’orientation sur la culture par exemple dans son aspect financement des communes au niveau central. Il y’a aussi la création d’un statut applicable aux artistes sur la base d’une mutuelle des arts et de la culture ; la mise à disposition de certaines infrastructures culturelles à la gestion des artistes, la création d’un marché national de diffusion des arts et de la culture…
Afin de parvenir à cet objectif, il souhaite l’équipement de secteurs comme la musique, le son et la lumière de nos infrastructures avec un personnel de qualité et en quantité. Il faut aussi encourager la signature des conventions avec certains départements ministériels pour l’aspect transversal des arts et de la culture. A cela s’ajoute un Fonds de financement culturel par les secteurs pétrolier, minier et énergétique.
Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)