
Intrépides, les jeunes bouchers affrontent de rédoutables ...
Le Sultanat de Damagaram, situé au centre de la ville de Zinder, a abrité le 29 mars 2025, la cérémonie du Hawan Kaho. Profondément ancré dans les traditions ancestrales, ce rituel est une sorte de tauromachie locale. Cet événement significatif a rassemblé de jeunes bouchers de la région ainsi que des milliers de spectateurs, mélangeant traditions, spiritualité et culture locale. La cérémonie, à la fois symbolique et spirituelle, a eu lieu devant le Palais du Sultan, un lieu sacré qui représente le cœur vivant de la communauté.
Le Hawan Kaho, ou tauromachie des jeunes bouchers, est une tradition très respectée dans le sultanat du Damagaram. Il est célébré chaque 29è jour du mois sacré de Ramadan. Cet événement est dirigé par le chef des bouchers de la région, connu sous le nom de ‘’sarkin fawa’’, M. Ousseini Salley. Initié par le Sultan du Damagaram, Son Altesse Aboubacar Sanda Oumarou, le spectacle s’est déroulé sur l’esplanade du Palais du Sultan, attirant un public nombreux et curieux.
Au cours de cette cérémonie, les bouchers, plongés dans une transe, défient un taureau redoutable avec l’objectif de grimper sur sa tête, en s’accrochant à ses cornes. Cela leur permet de démontrer leur bravoure, leurs pouvoirs mystiques et leur force en affrontant les taureaux les plus furieux. Sous la direction du «sarkin fawa», ces jeunes bouchers sont parvenus à faire preuve de courage en montant littéralement sur les cornes des bêtes, tout cela sous les acclamations du public. Cette tradition millénaire vise à tester l’intrépidité des jeunes bouchers tout en réjouissant la population et en affirmant leur loyauté envers le Sultan du Damagaram.

Le chef boucher, M. Ousseini Salley, indique que le Sultan a renouvelé sa confiance pendant 28 ans, lui faisant don chaque fois d’un grand boubou et d’un cheval. Il souligne que son grand-père a reçu 40 boubous et 40 chevaux pour ses 40 ans de règne, et que son père en a bénéficié également durant ses 28 années comme chef des bouchers. Ousseini Salley exprime sa reconnaissance envers la cour du Sultan et lance un appel aux autorités administratives du Niger, notant qu’en dehors de Maradi et Zinder, le Hawan Kaho est en passe de disparaître, principalement en raison du manque de ressources financières. « Comme on a hérité de ce Hawan Kaho, nous aussi nous voulons léguer ça à nos progénitures afin de perpétuer ce patrimoine », a-t-il mentionné.
Cette édition du Hawan Kaho a été une réussite. À noter que le Hawan Kaho se déroule dans l’après-midi, juste après la cérémonie de ‘Sabka’. C’est un rituel richement ancré dans les traditions des habitants du Damagaram.
Rabiou Dogo, ONEP/Zinder