Demander l’aumône, solliciter de l’argent ou des biens matériels dans la rue ou dans les mosquées, est devenu le quotidien de certaines personnes à Niamey. Ainsi, la mendicité peut être motivée par différentes raisons, telles que la pauvreté, le manque de logement, le chômage, la maladie ou la migration forcée. Certaines personnes font de la mendicité un moyen de subsistance, même si elles peuvent potentiellement trouver un emploi. Pourtant, dans de nombreux pays, la mendicité est réglementée par des lois. Certaines villes interdisent la mendicité ou imposent des restrictions sur les méthodes de cette dernière. Au Niger, de nombreuses organisations et associations travaillent et mènent des réflexions pour trouver des mesures pour une sortie de crise.
Selon les explications du psychopathologue social, M. Tanimoune Seyni, le phénomène de la mendicité est un champ complexe qui nécessite une étude profonde pour une sortie de crise. On dit qu’un problème bien posé est à moitié résolu dans la mesure où il montre déjà les prémices de sortie de crise. Le psychopathologue situe le problème à plusieurs niveaux. Tout d’abord a-t-il dit, il faut que l’Etat prenne des lois, des ordonnances pertinentes qui puissent prendre le problème en charge. « Il est bien vrai qu’il y a eu des comités, des forums, beaucoup de réunions, des recommandations en étaient issues, mais qui n’ont pas été appliquées ou ont été mal appliquées. De la même manière que l’insécurité, la corruption et autres sont des priorités, le phénomène de la mendicité doit être inscrit parmi les priorités du gouvernement. Nous avons soif de la restauration de notre dignité, or il fut un moment où on nous critiquait, nous insultait, que nous n’avons rien à exporter en dehors de la mendicité », a souligné M. Tanimoune Seyni.
Dans le cadre de la résolution du phénomène, des dispositions dans le domaine de l’agriculture, doivent être prises. « Dans les plans de développement communautaire, il faut inscrire une ligne budgétaire afin de maintenir ces marabouts et ces mendiants au niveau des villages. Les gens paient la zakat. Au lieu de distribuer cette zakat en petite tranche de 1 000 F par personne, il faut la donner à une seule personne pour qu’elle puisse financer son projet. De la même manière qu’on est en train de faire un Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie, on peut faire un Fonds National de lutte contre la Mendicité qui peut être utilisé pour faire des aménagements dans lesquels ces mendiants seront utilisés dans une perspective d’améliorer la production agricole », a-t-il dit.
A travers cette méthode, affirme le psychopathologue social, les marabouts qui trimballent les enfants seront ainsi fixés dans les villages ou dans leurs contrées professionnalisées à l’enseignement coranique pour que les talibés deviennent dans l’avenir des arnaqueurs, des faux marabouts qui vendent des illusions aux politiciens. Beaucoup de choses peuvent être faites selon lui pour éradiquer ce phénomène. « Il faut qu’on quitte le système d’assistance pour mettre le mendiant dans l’action de la lutte contre le phénomène », estime-t-il.
Des séances de sensibilisation doivent également être faites pour dénoncer ces femmes qui se cachent et se positionnent sur les voies pour tendre la main, s’exposant à toute sorte de tentations et de danger. « Pour lutter contre cette pratique des femmes mendiantes ‘’prostituées’’, il faut donc qu’elles soient démasquées dans les quartiers et les communes. Il faut initier des enquêtes pour décourager ces candidates à la prostitution déguisée », déclare le psychopathologue social.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)