Les Dan Banga étaient autrefois des agents de sécurité semi-privés opérant à leur propre compte pour le bien de la population dans la ville de Niamey. Aujourd’hui, compte tenu du contexte d’insécurité grandissante dans certains quartiers périphériques de Niamey, les Dan Banga ont refait surface un peu partout dans certains quartiers tels que KoiraTégui, Dan Zama koira, Cité Députés etc., dans le but de sécuriser les populations résidantes et leurs biens.
Agée de 42 ans, Oumarou Adamou Kalilou est le chef de service de sécurité du quartier Cité députés. Il explique les raisons de la création de ce groupe. « Je réside dans le quartier Cité députés depuis 23 ans, j’étais déjà là depuis le lotissement de ce champ. Il y’a deux ans de cela, j’étais parti au Commissariat dans le but de faire une carte d’identité. A cette occasion, l’officier en question m’avait demandé quel quartier et je lui ai répondu Cité députés. Après quelques minutes de silence il rétorquât en me disant que mon quartier est truffé de bandits. Cela m’a beaucoup marqué. A mon retour à la maison, je fis part de mon anecdote à mon confrère qui s’appelle Harouna Police avec qui d’ailleurs nous avions commencé cette aventure et nous avons pris l’initiative de faire renaitre le service de sécurité à l’ancienne dénomination Dan Banga. C’est suite à cela que nous étions partis voir le chef de quartier Elh Issoufou qui, à son tour, prit l’engagement de réunir le conseil des anciens pour leur faire part de l’initiative. A la suite de ces consultations, les anciens ont adhéré à l’initiative et ont pris toutes les précautions pour que cette société eut l’approbation et soit dans les normes », a-t-il relaté.
Après cela le chef de quartier a fait la demande au niveau du « Commissariat Francophonie » qui couvre normalement la commune II. «Le commissaire a donné son aval ainsi que tous les autres secteurs relevant de la sécurité pour qu’on puisse avoir l’autorisation d’exercice», explique M. Oumarou Adamou Kalilou. Il ajoute par la suite qu’au lancement de cette initiative, ils étaient une quarantaine d’agents, mais aujourd’hui ils ne sont que 19 à exercer ce métier. «Ceci est dû au fait qu’il nous arrive de renvoyer certains agents pour non-respect de l’éthique et de la déontologie. D’autres sont retournés au village pour les travaux champêtres et maraichers ; d’autres encore quittent le métier pour d’autres fonctions qui selon eux sont meilleures et plus rémunératrices», précise le chef des Dan Banga du quartier Cité Députés.
«Depuis la création de cette unité, je peux vous dire que le quartier Cité députés, ses habitants et leurs biens sont en sécurité. D’ailleurs pour preuve ceux qui connaissent ce quartier avant, savent que jours et nuits ils étaient soit victimes de vol ou d’agressions ou bien témoins de ces actes. Mais aujourd’hui depuis la création du service des Dan Banga, le taux de criminalité a baissé», estime M. Oumarou Adamou Kalilou.
Pour ce qui est de la rémunération des agents, le chef des Dan Banga explique que les fonds sont mobilisés grâce aux contributions des résidents du quartier. Ainsi, à la fin de chaque mois, le service prend 500 F CFA par maison et 1000fr par boutique. «C’est avec cet agent collecté que nous faisons des ravitaillements en vivres, payons les salaires des agents, nourrissons les chiens, achetons des crédits de communication avec lequel nous correspondons nuits et jours entre nous et avec les Dan Banga d’autres quartiers, avec le Commissariat et quelques personnes qui nous servent d’indicateurs dans le quartier. Le salaire des agents va de 20.000 à 35.000fr le mois», explique-t-il. L’irrégularité du salaire s’explique selon le chef des Dan Banga, par le fait que ce n’est pas tous les résidents qui payent à la fin de chaque mois. Toutefois, les agents sont nourris, logés et équipés avec ce qui est collecté. En cas d’agression sur les agents, c’est avec cet argent collecté qu’ils sont soignés. «D’ailleurs tout récemment le hangar qui nous servait de base a été incendié par des malfrats. L’incendie a d’ailleurs occasionné à son tour l’incendie de trois (3) boutiques. Dieu merci nous n’avons déploré aucune perte en vie humaine. Nous sommes aussi victimes de harcèlement téléphonique, de menace de mort, parce que nous avons mis à la disposition des riverains un numéro sur lequel ils peuvent nous joindre en cas de problème», ajoute M. Oumarou Adamou Kalilou .
«Quand nous appréhendons un voleur ou un suspect nous le mettons à la disposition des services compétents. Souvent, nous les appelons pour qu’ils viennent eux-mêmes constater les faits, parfois nous prenons un taxi avec le présumé malfaiteur jusqu’au Commissariat Francophonie avec les preuves s’il y’a lieu. La patrouille se fait nuit et jours» confie M. Oumarou Adamou Kalilou
Nassirou Ado, un représentant du chef de quartier Cité députés se réjouit de l’apport des Dan Banga dans la sécurisation du quartier. «Avant la mise en place des Dan Banga, ce quartier était invivable. Nos familles, nos voisins et même les visiteurs sont chaque jour que Dieu fait dans la peur de se faire cambrioler, agresser, ou d’être victime de vol à l’arrachée. Mais maintenant Dieu merci grâce aux efforts déployés par le chef de quartier et des Dan Banga, je peux vous dire que nous sommes en paix car le taux de vandalisme a baissé. Rien que le jeudi dernier, nous étions au sein de l’établissement dénommé quatre manguiers pour appréhender des voyous qui se rendent dans ladite école pour fumer de la drogue. Malheureusement, ils se sont échappés», confie M. Nassirou.
Hachimou Assouman, riverain et tablier du quartier témoigne : «Dieu merci aujourd’hui nous pouvons dormir tranquillement dans ce quartier ; je me rappelle que cinq ans avant, nous étions obligés de dormir dans la boutique à tour de rôle mon petit frère et moi de peur d’être vandalisé. Vraiment je félicite et encourage les Dan Banga à œuvrer dans ce sens», a-t-il confié.
Moumouni Idrissa Abdoul Aziz (Stagiaire)