L’on ne peut se balader dans les méandres, et les couloirs du marché de Balleyara sans rencontrer les jeunes vendeurs du pain traditionnel communément appelé »kharaga-buro » c’est à dire le ‘’pain fait maison’’, à la différence des boulangeries pâtisseries modernes. Au marché à bétail, dans les différentes sections dudit marché, ce pain est disponible et accessible à tous. La vente de ce produit est très rentable et des jeunes gens dont des scolaires en ont fait leurs métiers qu’ils exercent pendant les weekends, principalement les dimanches, jour du marché. A travers cette activité des jeunes vendeurs ambulants trouvent leurs comptes.
Cet excellent et savoureux pain fait dans des fours en banco est un met traditionnel nigérien. Selon les spécialistes en la matière, les techniques du fourrage et les recettes de ce pain à base de semoule fine et la farine de blé, ont été importées des pays du Maghreb par des commerçants et des éleveurs pratiquant la transhumance. Ce pain est singulièrement apprécié par les communautés. Il fait partie des mets très prisés, surtout les jours du marché et lors des fêtes.
Boubakar Ahmad Idher, un jeune de 15 ans qui assiste son père dans toute la chaine de préparation du pain traditionnel. Ça fait exactement 4 ans qu’il travaille avec son père. Après la préparation, il a la charge d’écouler une bonne partie du pain sur le marché. Il se balade dans le marché à l’aide d’un récipient rempli de petits morceaux de pain. Chaque jour du marché le jeune garçon arrive à écouler plus de 200 unités de pain. « Je viens chaque jour du marché avec mon père. Nous sommes du village de Alkama. Nous venons ici seulement les jours du marché. Je prends 50 unités de pain de 100f et 50 autres unités de 50f que je transporte sur ma tête pour aller à la rencontre des clients. Les clients préfèrent nos produits à cause des facilités qu’ils ont pour s’approvisionner. Le pain local a un goût authentique et très riche en substance nutritive. Et ensuite ce pain est moins cher par rapport aux pains des boulangeries », explique le jeune vendeur.
Les filles ne sont pas en marge de cette activité. Chamsiya est aussi une vendeuse du pain traditionnel juste à l’accès principal de l’ancien marché à bétail de Balleyara. Ce jour du marché, elle a le pain entassé sur une table. Elle a l’assurance de tout vendre, car elle fait accompagner son pain avec de la sauce, la salade, etc. « Je vends une grande quantité chaque jour. Mais c’est surtout les jours du marché que les affaires sont bonnes à cause de l’affluence. On me livre du pain chaud que je vends en détail. Les clients peuvent également le couper en deux et le garnir avec de la viande hachée ou de crudité disponible chez moi pour en faire d’excellents sandwichs », a-t-elle expliqué.
La plupart de ces vendeurs ambulants sont payés par jour et en fonction du nombre d’unités du pain
vendues. Souleymane Abdouramane est un élève en classe de 4ème. Il ne rate jamais le jour du marché. Pour cause, la vente du pain. Souleymane est le vendeur préféré d’un commerçant et producteur du pain traditionnel. Il a constaté que la vente du pain traditionnel est rentable et beaucoup de jeunes vendeurs s’en sortent très bien.
Conscient de l’importance et la sensibilité des produits qu’il propose aux clients, Souleymane adopte des attitudes pour assurer l’hygiène sur le lieu de vente. Le jeune homme est propre et respectueux vis-à-vis de ses clients. « Le pain est un aliment à garder dans des très bonnes conditions d’hygiène. Je le fais pour gagner la confiance des clients et celle de mon patron, car je dois profiter des jours du marché qui coïncident avec les weekends. Chez nous le jour du marché coïncide avec les weekends où généralement les scolaires n’ont pas grand-chose à faire. Alors j’ai décidé d’intégrer un groupe de jeunes vendeurs. C’est à cause de mon sérieux que le propriétaire me confie une grande quantité de sa production pour l’écouler. Et il me donne des commissions supplémentaires pour m’encourager. Même quand le marché est dur il nous fait un traitement spécial », a témoigné Souleymane Abdouramane.
Grâce à cette activité des jeunes comme Souleymane arrivent à subvenir à leurs besoins. Selon lui, cette activité n’a aucun impact négatif sur leur scolarité. Au contraire, ce jeune qui rêvait de devenir un officier de l’armée précise que la plupart des vendeurs de pain prennent déjà en charge, à la sueur de leur front l’essentiel des petites dépenses académiques sociales, notamment frais de COGES, l’achat de tenue scolaire et EPS, frais de récréation, etc.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep), Envoyé spécial