Depuis quelques temps, un nouveau moyen de transport a fait son apparition dans la circulation routière à Niamey. En effet, les tricycles motorisés à cargo arrière sont de plus en plus visibles dans les rues de la capitale. Contrairement aux très célèbres tricycles jaunes communément appelés ‘’Adaydayta Sahou’’ servant de taxi pour faciliter la mobilité urbaine aux populations dans les capitales régionales, ceux de Niamey sont exclusivement utilisés pour le transport des marchandises et la distribution. Eau fraiche, matériaux de construction, fourrage, marchandises diverses et même quelque fois des personnes qui n’hésitent pas d’emprunter ces engins pour leur déplacement dans la ville.
L’usage des tricycles motorisés à cargo dans notre mode de vie est une véritable opportunité pour les jeunes qui trouvent leurs comptes. À en croire, ces jeunes conducteurs, cette activité a créé du boulot pour eux.
Ces engins à trois roues montées d’une remorque sont présents à Katako, l’un des plus grands centres commerciaux de la capitale. Ce moyen de transport est très sollicité par les clients qui viennent acheter différentes sortes de marchandises du fait de leur accessibilité. En effet, les propriétaires ou conducteurs de ces moyens de transports pratiquent des prix très accessibles, souvent deux fois moins coûteux que les camionnettes d’antan. C’est ce qui explique le fait que les tricycles motorisés à cargo sont très sollicités. «Une marchandise que les camionnettes transportent à 7.000 f CFA, les tricycles motorisés la transporte à 3.000 f CFA», confie Bilali Oumarou Boubacar dit Goska, un jeune conducteur de tricycle motorisé à cargo rencontré à Katako. Les tricycles motorisés assurent le transport de marchandises à l’intérieur du marché, c’est-à-dire d’un quartier à un autre. Ils desservent également les différents quartiers de la ville.
Toutefois, les tricycles motorisés sont généralement conduits par des jeunes qui sont plus ou moins imprudents. Ce qui provoque beaucoup d’accidents. Cet état de fait est dénoncé et décrié non seulement par les autres usagers de la route notamment les propriétaires de véhicules et les conducteurs de taxis qui sont le plus souvent victimes d’accidents provoqués par les tricycles.
C’est généralement pendant la navette entre les marchés et les différents quartiers que se passent les accidents. Selon Bilala Oumarou Boubacar, c’est l’imprudence des jeunes conducteurs des tricycles qui sont à la base de ces accidents.
Pour Illiassou Abdouaye, un jeune conducteur de tricycles, ces accidents sont également dus à la tracasserie routière de la police. En effet, la plupart des conducteurs de tricycles motorisés à cargo ne sont pas en règle. Ils n’ont pas toutes les pièces requises. Ils tentent toujours d’esquiver les contrôles de la police. Ce qui n’est pas sans conséquences pour les autres usagers de la route. «Dans la tentative de fuir la police, nous provoquons des accidents», reconnait Illiassou Abdoulaye. Nonobstant cela, les tricycles motorisés dominent le marché de transport de marchandises. Ils assurent même le transport des personnes dans certains quartiers de la ville à moindre coût également. Le plus souvent, ils transportent les élèves des quartiers périphériques.
Malheureusement, l’on assiste de plus en plus à la survenue d’accidents provoqués par les tricycles motorisés. «La cause, c’est tout simplement que les conducteurs de ces engins méconnaissent ou ne maitrisent pas le code de la route», témoigne Issoufou Boureima, un conducteur de taxi. «L’on ne compte pas le nombre de fois que les conducteurs de taxi sont victimes d’accidents à cause des tricycles motorisés. Ils nous cassent le plus souvent les rétroviseurs ou les phares», ajoute ce conducteur de taxi, qui s’interroge même si ces nouveaux transporteurs sont détenteurs du permis de conduire des engins tricycles motorisés, au regard de leurs comportements sur la route. «Ils courent tous les risques sur la route provoquant ainsi des accidents par ci et par là», fait-il remarquer. C’est pourquoi, les autorités routières sont alors interpellées sur cet état de fait, alerte Issoufou Boureima. «C’est dès maintenant qu’il faut mettre de l’ordre pour les tricycles motorisés à cargo», clame ce taximan.
«Les conducteurs des tricycles motorisés n’ont aucun respect du code de la route. Les conducteurs de taxis sont les premières victimes de ces conducteurs imprudents», affirme Moussa Abdoulaye, un autre conducteur de taxi. Leur imprudence est connue par tous les usagers de la route. «Ce sont des jeunes garçons qui conduisent ces engins. Ils font de fausses manœuvres, ils conduisent de manière maladroite jusqu’ à se renverser», se plaint-il.
Bien avant l’avènement de ces moyens de transport dans notre capitale, Niamey et le Niger de façon générale notre pays déjà est réputé pour ses statistiques effrayantes en matière d’accidents de circulation routière qui, sont un réel problème de santé publique.Ces tricycles viennent rehausser les statistiques déjà alarmantes liées aux accidents de la route. En effet, d’après les statistiques du Ministère des Transports publiées à l’occasion de la 10ème Journée Africaine de la Sécurité Routière célébrée le 21 novembre 2021, le Niger a enregistré 7.248 accidents corporels, 1.405 morts, 3.625 blessés graves et 7.558 blessés légers en 2020. La perte économique liée à ces accidents pour notre pays est estimée à 237 milliards de FCFA par an, soit l’équivalent de 2% du PIB, souligne la même source. Pire, les accidents de la route ont accru de 10% entre 2019 et 2020 et le nombre des morts de 66%, tandis que les principales causes des accidents sont surtout liées aux mauvais comportements humains dans la circulation routière.
C’est pourquoi, l’utilisation des tricycles motorisés à cargo arrière à usage de transport de marchandises nécessitent une attention particulière des autorités et de tous les acteurs. Au-delà du transport des marchandises, ces tricycles motorisés sont en train d’être utilisés comme des taxi-motos. Au regard de l’apport économique et la facilité qu’ils apportent, l’usage des tricycles motorisés est à promouvoir dans le respect et l’application stricte des dispositions légales et de la règlementation routière en vigueur pour ne pas aggraver une situation déjà préoccupante en termes de sécurité routière.
Oumar Issoufou(Onep)