Plus de 10% de la population mondiale souffre de l’Ulcère Gastro Duodénal (UGD), une plaie qui se développe au niveau de la paroi du tube digestif. C’est une plaie dont la profondeur atteint la troisième couche de l’estomac qu’on appelle ‘’la musculeuse’’. Le tube digestif est composé de l’estomac, du duodénum et de l’intestin grêle. Si, la plaie est dans l’estomac, on l’appellera ‘’ulcère de l’estomac. Si, la plaie est dans le duodénum on l’appellera ‘’ulcère duodénal, d’où le nom connu ‘’ulcère gastro duodénal’’.
D’après Dr. Seydou Midou Abdoul Razak, médecin Hépato-Gastro Enterologue Endocoscopiste, l’ulcère Gastro Duodénal est provoqué par un déséquilibre entre les facteurs de protection du tube digestif et les facteurs d’agression. « Les facteurs de protection sont l’acide. L’estomac produit de l’acide qui permet d’amollir ce que la personne a mangé. Et, ce même estomac a un facteur qui doit le protéger contre son acidité qu’on appelle principalement le ‘’mucus’’. A un état normal, s’il n’y a pas d’ulcère, on remarque un équilibre entre les facteurs d’agression et ceux de protection de l’estomac. Mais, certains paramètres, certaines choses telles qu’une bactérie, un microbe comme ‘’ l’Helicobacter pylori’’, le stress, le tabac ou les anti-inflammatoires notamment les aspirines, les ibuprofènes peuvent entrainer un déséquilibre au niveau de cette muqueuse digestive », a-t-il détaillé.
Les symptômes de l’ulcère gastro duodénal sont à une forte douleur, notamment en bas et au milieu de la poitrine. C’est une douleur sous forme ‘’de crampe ou de brûlure’’, qui survient lorsqu’il y’a une distance entre les repas. Autrement dit, une douleur qui survient quand la personne a faim. « Cette douleur peut durer plusieurs heures, plusieurs jours, voire plusieurs semaines. Elle disparait pendant des semaines ou des mois avant de réapparaitre. C’est ce qu’on appelle ‘’douleur ulcéreuse’’ », explique le spécialiste.
L’ulcère gastro duodénal, poursuit Dr Seydou Midou Abdoul Razak, présente quatre (4) complications dont deux (2) complications aigues et deux (2) complications chroniques. Pour les complications aigues, il y’a l’hémorragie, le saignement. « Soit on vomit du sang ‘’hématémèse’’ ou bien la présence du sang dans les selles qui devient noirâtre : ce qu’on appelle ‘’ le méléna ’’. C’est la perforation de l’estomac qui nécessite une prise en charge chirurgicale », a-t-il expliqué. Pour les complications chroniques on peut avoir la ‘’sténose antropylorique’’, qui se manifeste par des vomissements. C’est-à-dire le passage de la nourriture qui sera bouché, et cela va se traduire par des vomissements. Il peut y avoir la cancérisation pour l’ulcère gastrique.
D’après Dr. Midou, cette maladie concerne tout le monde. « Toutes les tranches d’âges sont concernées par cette maladie. Mais, elle survient le plus souvent entre 45 ans et 65 ans », a-t-il précisé.
Pour ce qui est du traitement, a-t-il souligné, il reposera sur deux volets, à savoir les mesures hygiéno-diététiques et le traitement médicamenteux. Pour les régimes hygiéno-diététiques, il faut éviter les jeûnes prolongés, le tabac car, cela retarde la cicatrisation et favorise la récidive de l’ulcère. Il faut par ailleurs éviter les aliments épicés, et l’alcool.
Pour le traitement médicamenteux, deux aspects sont à prendre en compte. Premièrement, c’est de savoir si l’ulcère est gastrique ou duodénal. Parce que, la durée du traitement dépendra de la localisation de l’ulcère. Mais aussi, il faut savoir si l’ulcère est dû à une infection à ‘’l’helicobacter pylori’’ ou pas. « Pour répondre à ces deux aspects, il faut des examens notamment ce qu’on appelle ‘’l’endoscopie digestive haute ou fibroscopie oeso gastro duodénal’’. Une fois cet examen réalisé, et la localisation de l’ulcère et la présence de l’Helicobacter pylori confirmé, on peut donner des ‘’inhibiteurs de la pompe de proton’’, ce qu’on appelle les IPP des médicaments tels que l’oméprazole, les rabeprazoles, et autres. On peut aussi donner des antibiotiques ou le pylera », précise le spécialiste.
Dr Seydou Midou Abdoul Razak a enfin conseillé à tous ceux qui ont des douleurs au niveau de la poitrine, de se faire consulter au plus vite afin d’éviter la venue des complications, mais aussi pour confirmer le diagnostic. Car, il y a des douleurs qui ne sont pas des ulcères. « La personne peut avoir des urgences cardiovasculaires, ce qu’on appelle les syndromes coronariens. Elle peut avoir des pancréatiques qui sont des douleurs qui ressemblent à celles de l’ulcère. Tout comme on peut avoir des cancers de l’estomac, où les gens pensent que c’est des ulcères. Ils tardent jusqu’à ce qu’ils aient des métastases. Ce qui va d’ailleurs dans plusieurs cas compromettre la prise en charge curative », a-t-il prévenu.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)