Dans presque tous les quartiers de Niamey, il a été observé il y a quelques jours, de petits attroupements même le weekend. La présence massive des enfants portés au dos ou à califourchon annonce parfaitement les couleurs d’une campagne de vaccination en cours dans la capitale. En effet, depuis quelques temps, les rumeurs font état de la résurgence de l’épidémie de méningite au Niger. En cette période de canicule, ce n’est pas un phénomène tellement nouveau dans notre pays. Selon d’ailleurs l’Organisation Mondiale de la Santé, le Niger qui est situé dans la ceinture africaine de la méningite, fait partie des 26 pays d’Afrique ‘’hyper-endémique pour la méningite’’. L’OMS annonce dans un communiqué de presse que le pays est actuellement confronté à une augmentation rapide du nombre de cas avec une hausse de 50 % par rapport à l’année précédente.
«A la semaine 16 de 2024, le Niger a rapporté un total de 2012 cas de méningite avec 123 décès soit un total de létalité de 6,1 %. Cette augmentation est inquiétante comparée à la même période de l’année précédente où 2389 cas avaient été enregistrés avec 72 décès (létalité : 5,2 %) », selon l’institution onusienne.
La région de Niamey est l’épicentre de l’épidémie, avec un taux d’attaque cumulé de 52,2 cas pour 100. 000 habitants, suivie des régions d’Agadez (11,5 cas pour 100. 000 habitants, de Zinder (6,4 cas pour 100. 000 habitants) et de Dosso (6,4 cas pour 100. 000 habitants). Le district sanitaire de Niamey reste en épidémie pour la sixième semaine consécutive, avec un taux d’attaque de 12,8 cas pour 100. 000 habitants à la semaine 16.
Face à cette situation critique, l’OMS en collaboration avec les autres partenaires techniques et financiers, est à pied d’œuvre dans la riposte contre l’épidémie. Plusieurs interventions sont en cours dans la prise en charge des cas et la mobilisation des ressources pour l’organisation d’une campagne de vaccination.
C’est ainsi que la vaccination contre la méningite a été lancée le 2 mai dernier dans le cadre des efforts pour contenir la propagation de la maladie. « Ce nouveau vaccin a l’avantage de protéger les cibles contre cinq souches (A, C, W, X et le Y) qui sont les principales souches de la méningite au Niger. Contrairement aux précédents vaccins, celui-ci est à dose unique », précise l’OMS.
L’institution apporte aussi un appui conséquent à la prise en charge des cas par la mise à disposition de médicaments et d’intrants. Elle appuie également la mobilisation des vaccins et supporte les coûts opérationnels grâce à une requête soumise au groupe international de coordination pour la vaccination (ICG). Enfin l’OMS assure la coordination des efforts des partenaires pour appuyer le pays dans la lutte contre cette épidémie. L’OMS appelle toutes les parties prenantes à une action urgente et coordonnée pour faire face à cette situation critique et protéger la population contre les effets dévastateurs de la méningite.
Le jeu en vaut la chandelle face à certaines idées développées ces dernières années sur les vaccins
Lors de la célébration des 50 ans du Programme Elargi de Vaccination, Dr Célestin Traoré, conseiller régional chargé de la vaccination des enfants en Afrique de l’Ouest et du centre à l’Unicef a simplement défini le vaccin comme étant « une substance d’origine microbienne qui est introduite dans l’organisme humain pour développer ses capacités de défense ». Ce qui fait qu’il sera protégé chaque fois qu’il sera confronté à ce micro-organisme par cette substance qui a été injectée dans son corps, a-t-il expliqué.
Selon Dr Célestin Traoré, « cette intervention a été reconnue en matière de santé et de développement comme une des plus efficientes ». D’abord en raison de son coût parce que les vaccins sont des interventions qui coûtaient moins chères ; ensuite en raison de l’efficacité du vaccin et enfin en raison de l’impact que le vaccin a sur la santé de la population et sur le développement économique et social en général.
Dr Célestin a été clair, l’efficacité d’un vaccin signifie que lorsqu’une personne est vaccinée, elle est protégée contre la maladie, deuxièmement, elle empêche à la maladie de se propager dans son entourage. « Donc ça permet d’interrompre la circulation de la maladie et de protéger les autres membres de la communauté ».
Comme conséquence significative, on a, selon Dr Célestin Traoré, une réduction du nombre des malades et des décès. « Aujourd’hui, avec le développement, nous avons environ 20 vaccins qui sont disponibles pour protéger contre une vingtaine de maladies » ajoute-t-il. Parmi elles, celles contre la méningite.
Pour lui, ce qui est aussi important, « c’est que quand on parle de l’efficience de la maladie, c’est aussi l’impact qu’assure la vaccination en dehors de la santé. Parce que, quand on vaccine un enfant et qu’il est protégé, ça lui permet de continuer son processus scolaire, ce qui constitue une économie pour le ménage en termes de temps et de ressources pour s’occuper de l’enfant. Il est dit par les économistes que 1 dollar investi en matière de vaccination, correspond à un retour d’investissement de 48 dollars ». C’est pourquoi on parle d’une intervention la plus efficience en matière de vaccination, a précisé Dr Célestin Traoré.
Face à tous ces avantages de la vaccination, comment se présente la couverture vaccinale en Afrique de l’ouest et du centre ? Globalement, selon Dr Célestin Traoré, nous utilisons comme référence, pour évaluer la couverture vaccinale, les enfants qui ont complété leur troisième dose de vaccin de la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. « Depuis les trois dernières années, notre couverture est stagnante et est à 69 % pour cet indicateur contre une couverture globale africaine de 74 % et une couverture globale mondiale de 84 %. Cela veut dire que globalement, notre région a une performance beaucoup plus faible que les autres régions », a-t-il affirmé.
Fatouma Idé (ONEP)