
M. Djibo Hamidou dit Tondi Gawaye
Si Le Sahel célèbre son cinquantenaire le 29 avril, il le célèbre avec certains de ses lecteurs inconditionnels qui l’ont connu depuis ‘’Le Temps du Niger’’. Parmi ces fidèles lecteurs, il y a M. Djibo Hamidou, plus connu sous le sobriquet de Tondi Gawaye qui a meublé son temps et son parcours par la lecture du quotidien public ‘’Le Sahel’’. Aujourd’hui encore à l’ère du numérique et des réseaux sociaux où il est très actif, Tondi Gawaye reste toujours accroché au quotidien ‘‘Le Sahel’’ qu’il considère comme ‘’un moyen pédagogique ultra puissant et efficace pour nourrir le cerveau, développer la mémoire et les capacités cognitives’’. C’est pourquoi, il lit Le sahel au quotidien et le conserve en reliures chez lui dans un espace aménagé à cet effet.
Très connu en tant qu’acteur politique, Tondi Gawaye a fait d’abord ses premiers pas dans l’administration nigérienne en 1981 à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, après sa formation de base en intendance dans le domaine de l’hôtellerie en France. Ainsi, il a gravi les échelons, jusqu’à occuper le poste de directeur administratif à l’UAM. Aux dernières élections locales, il s’est présenté en tant que candidat où il été élu conseiller de ville de Niamey, un poste qu’il a occupé jusqu’à la dissolution des Conseils des villes le 4 avril 2024.
Cet administrateur reconnait avoir beaucoup appris avec Le Sahel durant un demi-siècle de parcours sans interruption. « Je souhaite un bon anniversaire au journal Le Sahel et à tous ses lecteurs. Pour nous, Le Sahel est un journal de politique étatique qui reflète les points de vue du gouvernement et c’est un outil de sensibilisation également pour le peuple nigérien. Mais bon, ce n’est pas tout le monde qui a accès à un journal et tout le monde ne peut pas lire », déclare Tondi Gaway, connu dans le quartier comme un grand lecteur.
Son premier contact avec Le Sahel a commencé depuis son enfance, au collège où dans les années 70, les directeurs d’écoles affichaient le journal sur les tableaux d’affichage de leurs écoles. « Notre premier contact avec ce journal a commencé en 1974 au CEG centre, l’actuel CEG I où le directeur affichait chaque jour le journal quotidien et les gens viennent lire. C’est sur ses tableaux que nous avons découvert ce journal. Ce qui nous intéressait en ce moment c’était les rubriques de distraction et les programmes de cinéma au Franco, Vox, Rex, studio Soni Ali Ber, Zabarkane, etc.», rappelle-t-il.
Ainsi, le rapport entre Tondi Gawaye et le journal s’est élargi plus tard quand il a pris fonction en 1981 à l’UAM. Ses fonctions lui donnent droit à un journal chaque matin. Son rapport avec Le Sahel s’est fortifié grâce à la qualité des plumes des journalistes. A force de lire, il a tissé des liens forts avec ces derniers, dont Joseph Seydou Allakaye qu’il appelle affectueusement ‘’grand frère’’, Dubois Tourawa, Amadou Ousmane, le célèbre journaliste sportif Modibo Oumarou. Parmi ces talentueux journalistes, certains sont de sa génération. « Je me souviens encore des moments où Le Sahel a connu son apogée avec des grands journalistes de renom qui ont fait de ce journal un puissant outil de développement. Je pense aujourd’hui aux journalistes comme Sahidou Alou, Harouna Niandou, Diado Amadou, Amadou Ousmane, Modibo Oumarou, etc. Ces gens-là avaient des bonnes plumes. Ils écrivaient bien et ils savaient transmettre les messages », rappelle M. Tondi Gawaye.
« Lire le journal quotidien public est un acte culturel et pédagogique»
Au-delà de la lecture, M. Tondi Gawaye a également la capacité de conserver les numéros des journaux qui l’intéressent. Il garde toujours dans une collection, les premiers numéros depuis Le Niger, puis Le Temps du Niger qui est devenu plus tard Le Sahel en 1974. Aujourd’hui, ce lecteur inconditionnel suggère de créer un cadre interministériel pour promouvoir la lecture du quotidien public. Le ministère en charge de la Communication, ceux de l’Education, de la formation et l’enseignement supérieur doivent penser à mettre en place un cadre pour que Le Sahel soit accessible aux élèves, comme ça se faisait dans le passé. «Aujourd’hui, chaque école doit avoir un tableau d’affichage des journaux publics. Il faut rendre ses journaux accessibles aux élèves. Quand Le Temps du Niger se vendait à 25f, ensuite devenu Le Sahel, le journal se vendait à 40f, on nous les amène à l’école gratuitement. Aujourd’hui, c’est à 250f et ce n’est pas accessible aux jeunes scolaires. Il faut trouver un bailleur qui va prendre au moins 5 journaux par école, c’est très instructif et pédagogique. Et je suis sûr que la ministre actuelle de l’Education Nationale peut vous aider dans ce sens. Comme je l’ai dit, lire le quotidien public est aussi pédagogique. Savoir ce qui se passe dans ton pays est un élément très important. Il faut que les gens, surtout les jeunes sachent ce qui se passe dans leur pays à travers leur quotidien d’information. Et mieux, ceux qui veulent faire de la recherche sont obligés d’aller vers «Le Sahel », a-t-il reconnu.
Tondi Gawaye connait Le Sahel de fond en comble. Il retient par cœur les noms des rubriques ainsi que les journalistes qui les animent. Pour ce grand lecteur, qui ne peut pas se passer du quotidien, il y a eu des périodes où le quotidien public était bien « garni » avec des rubriques très croustillantes qui faisaient la fierté de toute la nation telle que « L’audience est Ouverte», « Chronique Juridique», «Les Propos d’Arbi », « Le Courrier des Lecteurs », «Parlons-en», « Le Point du Jour », etc. Ces rubriques abordaient des faits de société. « Je vais vous dire une anecdote. Parmi ces rubriques, il y avait un entrefilet très capital du point de vue journalistique, qui relayait l’orientation du Président Kountché. Cet entrefilet est l’orientation originale de Kountché sous la plume d’un journaliste. Beaucoup de gens ne le savent pas mais c’est Kountché qui passe sous la plume d’un journaliste. Je parle de la rubrique ‘’Les Propos d’Arbi’’. Cette rubrique, c’était Kountché sous la plume d’Amadou Ousmane. Les fonctionnaires ont plus tendance à lire les propos d’Arbi», explique-t-il.
Tondi Gawaye invite l’ensemble des acteurs impliqués dans la production et la conception du Sahel de travailler en équipe et de diversifier les rubriques pour que chacun se retrouve dans le journal, le politique comme le citoyen lambda. « J’invite l’équipe dirigeante actuelle et les journalistes à revenir aux fondamentaux d’avant en regardant ce qui se faisait dans le temps et essayer de le réadapter au contexte actuel. Parce que ces dix dernières années il faut le reconnaitre, le journal a perdu de sa substance. Je n’aime pas juger les gens, mais il faut le dire, les politiciens ont dépourvu l’ONEP de sa substance à travers des nominations à caractère politique et des règlements de compte», constate-t-il.
Aujourd’hui, estime-t-il, Le Sahel peut y arriver. Il dispose d’une équipe très jeune avec une direction générale dirigée par un jeune, qui a baigné dans l’univers de la presse. Pour ce faire, une collaboration fonctionnelle avec les anciens de la boite s’avère primordiale en respectant l’éthique et la déontologie liée au savoir, le savoir-faire et le savoir être au grand bonheur de ses fidèles lecteurs.
Abdoul-Aziz Ibrahim (ONEP)