La commune rurale de Balleyara est une zone qui regorge d’énormes potentialités notamment dans le domaine de la production maraichère en raison la nappe phréatique qui est peu profonde ; l’exploitation du natron qui contribue substantiellement à l’économie locale etc. La position de la commune de Balleyara fait d’elle une véritable plateforme tournante en matière d’échanges commerciaux. Ce qui donne d’ailleurs de son marché hebdomadaire une renommée internationale. Le business est très florissant dans la ville de Balleyara le jour du marché. Cependant, la commune gère depuis quelques mois les conséquences de l’insécurité qui sévit dans la bande nord de la région de Tillabéri. A la date du 26 avril 2022, on estime selon les autorités départementales, plus de 4000 déplacés internes dans la seule ville de Balleyara. Le maire de la commune rurale de Balleyara M. Mohamed Alhassane nous dresse ici la gestion de son entité administrative et le potentiel dont elle renferme.
Monsieur le maire, la commune rurale de Balleyara dispose d’un marché de bétail moderne à vocation internationale sur lequel la collectivité tire une grande partie de ses recettes fiscales, comment fonctionne ce marché à vocation communautaire ?
La ville de Balleyara est connue pour son célèbre marché de bétail dont la renommée transcende les frontières du Niger. Le marché a lieu chaque dimanche et draine une foule indescriptible venant des quatre coins de notre pays sans compter les habitants de la ville pour qui, ce jour est considéré comme « sacré » en raison du business florissant. Par rapport au fonctionnement de ce marché moderne de bétail, il faut préciser qu’un comité de gestion a été mis en place par la mairie. Les membres de ce comité ont pour mission principale d’aider la collectivité à recouvrer les taxes auprès des acheteurs et vendeurs d’une part et d’autre part faire en sorte que chacun puisse rentrer dans ses droits. Avant l’avènement de la crise sécuritaire dans la région de Tillaberi, ce marché moderne de bétail apportait énormément des ressources financières à la commune de Tagazar. C’est un marché qui a été construit en 2016 sur financement de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine pour davantage faciliter les échanges commerciaux dans l’espace communautaire et accélérer l’intégration sous-régionale. Cependant, avec la situation sécuritaire à laquelle vient s’ajouter le déficit alimentaire résultant de la précédente campagne agricole, les recettes de notre collectivité territoriale ont drastiquement diminué. Toutefois, avec l’effort des agents déployés sur le marché, nous arrivons quand même à recouvrer des maigres recettes permettant à la commune de prendre en charge ses charges.
Dans la plupart des collectivités territoriales au Niger, il se pose cruellement le problème de l’incivisme fiscal, est-ce que la commune de Tagazar échappe à cette remarque générale ? Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal de votre commune ?
Le niveau de mobilisation des ressources reste faible à cause de l’incivisme fiscal. Les statistiques des recouvrements de 2014 à 2018 sont assez révélatrices de l’incivisme fiscal. Mais depuis notre arrivée à la tête de la commune, nous sommes en train de sensibiliser la population par rapport au civisme fiscal. Le développement d’une commune, d’un pays passe incontestablement par sa capacité à lever l’impôt. Ce dernier est utilisé pour construire des classes ; des infrastructures sanitaires ; des ouvrages hydrauliques etc.
Il y a de cela quelques années, l’Etat central avait dans le cadre processus irréversible de la décentralisation décidé de trans-
férer quatre domaines de compétence en l’occurrence l’Education, la Santé, l’Hydraulique et l’Environnement à la municipalité de notre pays, quelle évaluation peut-on faire ici à Balleyara de ces domaines transférés ?
Dans le cadre du processus de la décentralisation, c’est l’Ordonnance n°2010-54 du 17 septembre 2010, portant code général des collectivités territoriales de la République du Niger et le Décret n°2016-075/PRN/MISP/ D/ACR/MEP/A/PLN/EC/MH/A/MESUD/DD/MSP/MEP/T/MFP/RA, du 26 janvier 2016 qui consacrent le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux communes, dans le domaine de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Mais, actuellement, il reste beaucoup à faire dans la mise en œuvre de cette nouvelle responsabilité qui nous a été confiée. Car, même si dans des domaines comme l’Education et de l’Hydraulique, des avancées significatives ont été observées, la non effectivité du transfert des ressources limite encore l’exercice de cette responsabilité concédée aux collectivités territoriales.
Certes la commune de Tagazar n’est pas directement affectée par l’insécurité qui tourmente depuis quelques temps les populations de la bande nord de la régio de Tillabéri, mais elle gère les conséquences de cette crise à travers le flux massif des réfugiés qu’elle accueille, comment ces populations déplacées internes sont prises en charge par rapport aux besoins sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’hydraulique etc. ?
La situation sécuritaire dans la commune est calme du fait des actions préventives et de la collaboration des acteurs en présence. Cependant, la commune gère depuis un certain temps les conséquences de cette situation sécuritaire avec un flux massif des déplacés internes à Balleyara. On dénombre plus de 4000 déplacés internes dans la ville de Balleyara. La prise en charge de ces déplacés commence d’abord par leur recensement au niveau des autorités administratives et coutumières ; leur localisation à travers un site d’accueil. Ceux qui ont des familles d’accueil sont aussi localisés et identifiés de telle sorte que nous avons une idée claire de la situation de tous les déplacés internes. Ils reçoivent des dons alimentaires et non alimentaires avec l’appui de l’Etat et ses partenaires. Il faut préciser que la population d’accueil a joué un rôle prépondérant dans la gestion de déplacés internes à travers des appuis de divers ordres. Quant à l’appui de la mairie, il se situe surtout dans la contribution de ses services techniques et les ONG intervenants pour la prise en charge des autres besoins sociaux en l’occurrence la santé ; l’éducation, l’hydraulique etc. Par ailleurs, il faut dire que la pression est assez forte par rapport à la gestion des déplacés internes dans la mesure où la commune accueille du jour au lendemain des nouveaux qui arrivent.
La commune de Tagazar regorge de potentialités insoupçonnées surtout dans le domaine agricole notamment la production maraîchère et l’exploitation du natron, quels sont les avantages dont tire la commune par rapport à cette richesse ?
L’un des principaux atouts de notre commune, c’est qu’elle dispose d’une nappe phréatique peu profonde favorable aux cultures irriguées et l’exploitation du natron. Dans des filières comme la production maraîchère et l’exploitation du natron, la commune rurale de Balleyara tire énormément des avantages à travers la vente des produits maraîchers mis sur le marché et la taxe annuelle imposable sur les exploitantes des sites de natron. Les recettes issues de ces activités sont importantes dans le recouvrement annuel de la mairie et participent en conséquence au financement des activités de la commune.
Par Hassane Daouda(onep), Envoyé Spécial