Âgé aujourd’hui de 66 ans, M Oumarou Adamou Mai Douma que ses élèves appellent Maître est un artiste nigérien musicien et percussionniste traditionnel doté d’un talent inouï dans la pratique du Ganga, du Douma, du Kalangou et du Djembé. Cette bibliothèque vivante de la musique traditionnelle nigérienne s’impose dans le domaine grâce à son talent. Natif de Soumarana dans la région de Maradi, M. Oumarou Adamou Mai Douma est une figure incontournable du secteur de la musique traditionnelle. C’est au sein du CFPM qu’il exerce son métier d’artiste et d’enseignant, collaborant avec plusieurs groupes musicaux, tant traditionnels que modernes, à travers leur accompagnement.
Communément appelé ‘’Dodo du centre’’ ou le ‘’ Manu Dibango du Niger’’, M. Oumarou Adamou a une longue et riche carrière. La carrière musicale de Me Oumarou Adamou a commencé dès l’âge de 15 ans. En pleine adolescence, il suivait son oncle paternel, un spécialiste du tambour traditionnel, pour assister à ses prestations qui par la suite, l’ont marqué de manière. « J’ai progressivement acquis des compétences dans la maîtrise de différents instruments de musique. Mon oncle a pris le temps de me transmettre tout son savoir-faire avant de m’encourager à prendre mon envol avec sa bénédiction », a-t-il confié.
L’artiste musicien a commencé à travailler au CFPM Taya depuis son inauguration en 1991. Par la suite, il s’est vu confier en 1993, la responsabilité de sauvegarder les instruments de musique du Niger, ce qui consiste à faire l’entretien, la maintenance et la réparation de tous ces objets. Pour lui, jouer de ces instruments constitue un peu sa façon d’être. Le directeur du CFPM, M. Mahaman Garba affirme que M. Oumarou est un acteur clé de ce lieu. « Il possède plus de connaissances et d’informations que tous les travailleurs de ce centre sur les instruments ainsi que leur maniement. C’est le dodo de la maison et son expérience n’est pas écrite, mais ancré dans sa tête ».
Grâce à son métier l’artiste a parcouru plusieurs pays d’Afrique et d’outre-mer dont entre autres l’Allemagne, le Canada, la France, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède, le Danemark, l’Angleterre, le Pays de Galles et l’Espagne. Le but de ces voyages, dit-il, sont tantôt pour animer ou pour dispenser des formations sur le Douma.
Le musicien a également enseigné de nombreux jeunes au Niger. À l’Université Abdou Moumouni de Niamey, huit (8) étudiants ont bénéficié de son enseignement en Kalangou, Ganga et Djembé. Ces derniers sont devenus des experts dans ce domaine et, ils font appel à lui lors des répétitions pour se perfectionner d’avantage. Hormis la transmission de son savoir-faire aux jeunes passionnés, M. Oumarou Adamou a participé à plusieurs formations, compétitions et possède a à son actif de nombreux diplômes et des compétitions remportées. « En 1993, nous avons été choisis au Niger pour participer à une compétition sur les instruments musicaux qui s’est déroulée au Sénégal. Cette compétition a compté la participation de 45 pays et j’ai obtenu la première place », a-t-il indiqué. Très connu sur la sphère internationale, l’artiste est sollicité lors des grands événements pour faire connaître le Niger et partager ses connaissances en musique. « Chaque fois qu’une activité nécessite ma présence, les acteurs me sollicitent et en cas d’empêchement, des récompenses me sont envoyées. Au Japon, un ouvrage a été publié en mon honneur. Ce dernier rend hommage à mes compétences et mes connaissances sur les instruments de musique traditionnels du Niger », a-t-il rappelé.
Mais, M. Oumarou Adamou déplore les conditions de conservation de ces instruments depuis l’effondrement du musée se trouvant au CFPM. En voie de disparition et conservés dans des conditions inadaptées, l’artiste explique que certains instruments traditionnels requièrent des précautions très précises pour être touchés sans causer d’incident. Pour une meilleure conservation de ces instruments, il lance un appel aux nouvelles autorités de s’engager dans la reconstruction du musée, car ce dernier est une référence en matière d’instruments traditionnels. « Le rétablissement de ce musée permettra aux enfants qui ne connaissent pas les instruments traditionnels de les découvrir, d’apprendre des informations essentielles sur leur histoire, leur utilisation et leurs particularités ». M. Oumarou Adamou a convié également les jeunes passionnés de culture à venir apprendre, en les assurant de sa disponibilité totale à enseigner ceux qui souhaitent découvrir les traditions culturelles du Niger. En ce qui concerne l’héritage, M. Oumarou affirme qu’il n’a pas d’héritier à qui transmettre son savoir. Cependant, il exprime sa volonté de transmettre toute son expertise aux petits-enfants avec le consentement de leurs parents.
Assad Hamadou (ONEP)