A la tête du Barreau nigérien depuis le 6 octobre 2019, le Bâtonnier de l’ordre des Avocats du Niger, Me Boubacar Oumarou, présente dans cet entretien leur organisation, les actions qu’elle a eu à réaliser depuis sa prise de fonction, la rencontre avec le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, ainsi que la tenue prochaine, en décembre 2022, du 36ème Congrès de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Latine (CIB). Le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, nous fera l’honneur de présider, les travaux de ce 36ème Congrès de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Latine (CIB), prévu se tenir du 7 au 9 décembre 2022, à Niamey
Maître, pouvez-vous nous présenter votre organisation ainsi que ses missions ?
Je remercie, une fois de plus, l’ONEP, pour l’opportunité qu’il m’offre pour parler du Barreau nigérien et des actions qu’il mène. Le Barreau est un Ordre Professionnel qui remplit une mission de service public en matière d’assistance juridique et judiciaire. Il est administré par un Conseil de l’Ordre composé actuellement de 12 membres, et présidé par le Bâtonnier. Ce dernier est garant de la discipline au sein du Barreau et de la défense des intérêts de la Profession, il représente le Barreau auprès des pouvoirs publics, des autorités et des tiers.
Votre mandat court jusqu’à fin 2022. Pouvez-vous nous faire une sorte de bilan des actions menées à la tête du Barreau nigérien ?
Lorsque j’ai présenté mon programme de campagne au Bâtonnat, j’ai eu des échos selon lesquels, il était tout simplement utopique, fantaisiste voire ‘’propagandiste’’.
Dès ma prise de fonction, j’ai pu m’appuyer sur une équipe dynamique au sein du Conseil de l’Ordre, en plus des conseils avisés de quelques anciens Bâtonniers.
C’est ainsi qu’à ce jour, je peux fièrement mettre à l’actif du mandat de mon équipe la mise en application des Règlement N°5 UEMOA/CM de 2014 et le Règlement d’exécution N° 001/2018/COM/UEMOA de 2018 relatifs au droit des plaidoiries qui est une redevance financière acquittée par tout plaideur ayant constitué un Avocat. J’ai fait procéder à une relecture approfondie du Règlement intérieur du Barreau, en l’harmonisant avec tous les règlements communautaires adoptés notamment par les organes de l’UEMOA. Je peux noter également l’organisation du 1er concours d’accès au Centre de Formation Professionnelle des Avocats en fin Novembre 2020. Je peux aussi citer la mise en place de la Caisse Autonome de Règlement Pécuniaire des Avocats (CARPA), qui était voulue par le Barreau depuis le début de l’année 2000. Elle n’a pu être créée statutairement qu’en 2016 et mise en place effectivement le 10 novembre 2020, sous mon mandat. Auparavant, les statuts et Règlements intérieurs de la CARPA ont été amendés et adoptés en Assemblée générale en Septembre 2020 ; ce qui nous a permis dans la même foulée de procéder au lancement de cette Caisse. C’est l’occasion de rappeler que cette CARPA est une obligation communautaire dans l’espace UEMOA, pour sécuriser les fonds de nos clients mais également pour lutter contre le blanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme. A travers cette caisse, le Barreau contribue aux efforts des pouvoirs publics dans la lutte contre la grande criminalité transfrontalière organisée. Cependant, je reconnais que la Maison de l’Avocat est le dossier le plus crucial de mon mandat car son parachèvement conditionne l’opérationnalité et l’efficacité du CFPA et de la CARPA. Les constructions sont achevées à plus de 90% des prévisions et doivent être réceptionnées dès que le gouvernement aura libéré ou du moins donné l’engagement formel de libérer le solde du devis. A ce propos, je suis optimiste quant à l’issue toute prochaine de ce dossier, au regard de l’entretien que nous avions eu avec S.E le Premier Ministre à son cabinet le 29 juin 2021.
Le vendredi 22 juillet 2022, une délégation du Barreau que vous dirigiez a été reçue par le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum. Quel était l’objet de cette audience ?
L’objet de cette audience portait essentiellement sur quatre (04) points. Nous avions, relativement au premier point, partagé avec le chef de l’Etat les préoccupations majeures du Barreau tenant au renforcement du système judiciaire de notre pays.
Nous avons, tout d’abord, réitéré le souhait du Barreau de voir les hautes autorités de notre pays s’impliquer sérieusement dans la lutte contre l’impunité et la préservation de l’indépendance de la justice qui, de notre point de vue, constituent les socles d’une justice sociale. Car, face à tous les défis sécuritaires multiformes que connait notre pays, la réponse juridique demeure notre principal rempart d’où le rôle éminemment important de la justice dont le Barreau constitue un maillon essentiel. Il était apparu inadmissible pour nous que le Niger continue de faire assister des milliers d’accusés dans les juridictions pénales de l’intérieur du pays par des individus appelés ‘‘défenseurs commis d’office’’ qui, dans l’écrasante majorité, n’ont jamais étudié le droit. Or, il suffit d’affecter au Barreau les fonds nécessaires pour organiser la défense permanente devant toutes les chambres criminelles du pays. L’augmentation du budget du Ministère de la Justice par rapport aux précédentes années, n’a pas eu de répercussions sur le budget de l’assistance judiciaire au Niger. Sur cette question, le président de la République a salué la pertinence de notre position et a exprimé son engagement politique à œuvrer pour la consolidation de la bonne gouvernance démocratique et la primauté du droit dans toutes ses actions. Ensuite nous avions abordé, avec le Chef de l’Etat, la question de l’accès à la justice pour tous. Cette question cruciale émerge de l’insuffisance de l’allocation budgétaire en rapport avec les besoins en assistance judiciaire de nos concitoyens. En troisième lieu, j’ai rappelé au Président de la République l’engagement du gouvernement nigérien de débloquer les fonds nécessaires à l’achèvement du chantier de la « Maison de l’Avocat ». Mon souhait est de réceptionner et inaugurer cette maison avant la tenue du prochain Congrès de la CIB à Niamey. Le Président de la République a pris le ferme engagement de donner immédiatement les instructions utiles pour que le déblocage de ce fonds soit effectif. A l’heure où je vous parle, la promesse est sur le point de se concrétiser et les travaux ont immédiatement démarré après cette audience. Nous attendons incessamment le fonds sur le compte bancaire de l’Ordre des Avocats.
Enfin, le dernier point de notre rencontre a porté sur la tenue à Niamey, du 7 au 9 décembre 2022, du 36ème Congrès International des Barreaux de Tradition Latine (CIB), avec pour thème central ‘‘Instabilité politique et Sécurité juridique’’, et qui verra la participation des avocats des barreaux de tous les pays francophones. Nous avons solennellement sollicité que le Chef de l’Etat accepte de présider la Cérémonie inaugurale du 36ème Congrès de la CIB auquel prendront part la Secrétaire Exécutive de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et le Président de la République de la Guinée Bissau qui est actuellement le Président de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Le Président de la République a non seulement accepté de présider cette cérémonie inaugurale mais il nous a en même temps donné l’assurance de toutes les facilités nécessaires au Barreau pour la bonne tenue de ce congrès international dans les conditions optimales. Ainsi, le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum, nous fera l’honneur de présider les travaux du 36ème Congrès de la Conférence Internationale des Barreaux de Tradition Latine (CIB), prévu se tenir du 7 au 9 décembre 2022, à Niamey. Il faut dire qu’il y a à peine un an, à travers l’Agence Nationale pour l’Économie des Conférences (ANEC), le Barreau du Niger avait reçu tout le soutien nécessaire pour la tenue de la Conférence annuelle des Barreaux Africains à Niamey en octobre 2021 à Niamey. Le Comité d’Organisation que j’ai mis en place est à pied d’œuvre en étroite collaboration avec l’ANEC, pour la bonne tenue de la CIB. Le Chef de l’État n’a pas manqué de féliciter le Barreau pour sa contribution appréciable au développement de l’économie des conférences au Niger. Nous voulons, à travers ce congrès, montrer à la face du monde qu’en dépit des problèmes sécuritaires, le Niger reste un pays fréquentable. Au-delà des valeurs de confraternité et de l’universalité de la profession d’avocat dont la CIB est le temple, ce 36ème congrès de Niamey est la manifestation plausible de la solidarité de tous les avocats des Barreaux de tradition latine à notre Barreau et à notre pays. Je profite de cette occasion pour exprimer au Chef de l’État la profonde gratitude du Barreau pour tous ses engagements francs et sincères.
Par Mahamadou Diallo(onep)