Il y a quelques jours, une suspension de poussière était observée dans la capitale Niamey. Selon M. Katiellou Gaptia Lawan, Directeur Général de la Météorologie Nationale, ce phénomène ne concerne pas seulement la capitale Niamey, c’est pratiquement toute la bande sud du pays qui était concernée pendant un certain temps. La principale cause de cette poussière peut être qualifiée de synaptique. Cette poussière, poursuit-il, est due essentiellement au fait qu’il y a eu un renforcement du champ de pression qui, à son tour, a fait accélérer le vent. Dans notre pays nous avons des particules qui sont déposées et qui sont facilement mobilisables pour être envoyées dans l’atmosphère en suspension.
Le Directeur Général de la météorologie a fait savoir que le phénomène qui était observé ces derniers temps émanait de la source du Tchad qui a été mobilisée. « C’est un ancien lit du Lac Tchad où nous avons d’énormes particules de poussières qui sont déposées. C’est d’ailleurs la source la plus importante au monde en termes de poussière. Cela se trouve à l’Est de notre pays, et le vent vient de la bande dominante. En cette période, c’est le vent d’Est et celui du Nord-Est. C’est un phénomène qu’on peut qualifier d’érosif. Ce dernier temps, le vent est venu avec des forces assez appréciables et qui sont maintenues pendant des jours. La disponibilité des particules de poussière a donc créé un phénomène continu. C’est comme une machine qui continue à fabriquer ses poussières là, et à les envoyer vers nous. C’est ce qui a été ressenti par les habitants de Niamey. Et, les études ont d’ailleurs montré que ce phénomène va atteindre l’Amérique Latine », explique le météorologue.
Fort heureusement, a-t-il relevé, ce phénomène a un impact positif sur l’Amazonie. Ces vents de poussière emportent avec eux et y déposent des minéraux assez importants qui sont bons pour les cultures. « Certes chez nous, ces vents causent des désagréments. Par exemple, on s’est retrouvé une visibilité de moins de cent mètres à Diffa et à Maïné. Globalement, les régions Est et le centre ont été les plus affectées parce qu’étant plus proches de la source », indique-t-il. M. Katiellou a ensuite souligné que la poussière a beaucoup d’effets. Le premier est lié à la santé humaine. « On sait que la poussière est un peu incriminée dans l’aggravation de la méningite. De façon beaucoup plus importante c’est surtout l’aspect santé pour ceux qui souffrent des infections respiratoires aigües (IRA). Ils sont les plus vulnérables à la poussière. Les particules microscopiques peuvent rentrer dans les poumons et aussi les alvéoles», dit-il.
Le directeur général de la météo d’ajouter que ces particules en suspension dans l’atmosphère affectent la visibilité qui est réduite. C’est pourquoi certains avions ne peuvent pas voler, ils sont obligés de dévier pour avoir un aéroport de dégagement » ajoute-t-il. La prudence doit être de mise également, et cela surtout pour les conducteurs de véhicules de transport en commun en vue d’éviter des accidents inutiles. « Tout ce qui est comme matériel et équipement électroménager ou électronique, peut aussi être affecté. Il est bon de protéger les ordinateurs, les appareils ménagers pour éviter des pannes ou même une détérioration complète. C’est pourquoi il est indispensable de protéger les appareils pendant l’harmattan », conseille-t-il.
En tant que prévisionniste, il rassure que tous les phénomènes sont en train d’être suivis. « On les évalue, on les prévoit. Nous avons émis un bulletin d’alerte. Les gens peuvent consulter ce bulletin pour pouvoir s’ajuster ou éviter de sortir. Il s’agit de suivre et utiliser tous les conseils. Chaque jour il y a trois bulletins. Le matin, un à 9h et un autre à 13 qui passent à la radio, et la nuit on fait un autre qui passe à la télévision. On éduque, on informe et on sensibilise. Nous appelons la population à suivre régulièrement ces informations et surtout, à tirer profit de celles-ci et des conseils pour pouvoir éviter un certain nombre de choses », précise le directeur général de la Météorologie nationale.
D’après ce spécialiste, les coups de vent sont les caractéristiques de l’harmattan. « Ce sont des choses qui sont séquentielles. Les vents se sont calmés maintenant mais, ce n’est pas fini ; Ces vents de poussière sont des signes annonciateurs de l’harmattan. C’est dire qu’elles vont revenir », prévient M. Katiellou Gaptia Lawan.
Farida Ibrahim Assoumane (ONEP)