
Enfin un nouvel hymne national
Après plusieurs années de réflexion, un groupe d’experts nigériens a fini par proposer aux autorités nigériennes un hymne qui sied à notre volonté de nous affranchir de certaines tares que nous charrions depuis plus de soixante ans.
Saisie par le gouvernement, sans tergiverser, notre Assemblée Nationale l’a adopté à la majorité de 149 voix pour. Ce qui montre, si besoin est, que la représentation du peuple nigérien a été en phase et en adéquation avec les aspirations de ce dernier.
En effet le nouvel hymne est plus conforme à notre histoire, à nos réalités socio économiques et culturelles contrairement à l’ancien hymne qui avait non seulement été rédigé par un ancien colon, Monsieur Maurice Albert Thiriet en 1961, la musique produite par Robert Jaquet et Nicolas Abel François Frionnet, tous français, mais aussi certains contenus heurtent notre fierté nationale.
Dans le corps de cet ancien hymne national il est chanté, ‘’Soyons fiers et reconnaissants de notre liberté nouvelle…’’. Cela veut dire tout simplement que nous avions obtenu notre indépendance sans livrer bataille, sans rien faire, donc nous devrions être reconnaissants et fiers à ceux qui nous l’ont octroyée, ceux qui ont rédigé la ‘’Nigérienne’’ et qui ont dessiné notre drapeau national.
Pendant soixante-deux ans, les Nigériens de tous les bords politiques, de toutes les professions, de toutes les régions ont chanté fièrement et accepté cette aberration.
Il n’est donc pas trop tard de prendre conscience et de mieux faire car, un hymne national est une composition musicale, contenant des vers, des mots bien rythmés, qui éveillent la fibre patriotique des citoyens, fait naitre un sentiment nationaliste au sein des citoyens et est destiné également à représenter une nation dans le protocole international à l’instar du drapeau national, des armoiries et de la devise nationale, qui participent à cette représentation.
Un hymne national exprime la culture et l’histoire de toute une nation. Son changement exprime notre volonté réelle d’affirmer notre identité culturelle et notre volonté de booster la fibre patriotique qui est en chacun de nous.
Cependant la problématique que pose ce nouvel hymne national est :
Comment les Nigériens doivent-ils se l’approprier ?
Comment les Nigériens doivent-ils l’intérioriser ?
Comment faire pour que tous les Nigériens chantent ‘’L’honneur de la Patrie’’?
Les réponses à ses questions constituent notre contribution dans la réflexion qui va suivre.
Cette réflexion a pour objectifs de jeter les jalons de quelques pistes à emprunter par les gouvernants, afin que tous les Nigériens arrivent à chanter le nouvel hymne.
La première des pistes, à notre avis, est d’intégrer dans les programmes dès l’année prochaine, l’apprentissage de notre hymne dans les cours d’instruction civique du primaire jusqu’à l’université, les grandes écoles du supérieur en passant par les collèges et les lycées. On fait de l’apprentissage de cet hymne une matière obligatoire et notée comme telle.
Le deuxième niveau de mon analyse concerne les différentes autorités de la République qui doivent se l’approprier également, à commencer par le Président de la République, le chef du Gouvernement, tous les ministres de la République, les députés nationaux qui ont adopté par ailleurs le nouvel hymne, les différents présidents des institutions de la République.
Quant aux forces de Défense et de Sécurité (la Police, la Gendarmerie nationale, la Garde nationale, l’Armée, les Douanes et les Eaux et Forêts), c’est un truisme de le dire pour leur appropriation de ce nouvel hymne national.
Troisièmement, au niveau des différentes administrations centrales, décentralisées et déconcentrées, il doit être institué une plage horaire pour chanter ‘’Pour l’Honneur de la Patrie’’ au début et à la fin des heures du travail. Cette stratégie vaut également pour les Nigériens qui travaillent dans le privé.
Quatrièmement, pour les Nigériens qui n’ont pas été à l’école du blanc, un programme d’apprentissage doit être réfléchi et élaboré à travers une campagne d’alphabétisation, avec le concours des partis politiques, dont un des rôles selon les dispositions de l’article 2, alinéa 2, de l’ordonnance N°2010-84 du 16 décembre 2010 portant Charte des partis politiques modifiée par la loi N° 2011-39 du 07 décembre 2011, est effectivement «l’obligation qui leur est faite d’assu[1]rer la sensibilisation et la formation de leurs membres et de contribuer à la formation de l’opinion en vue de la préservation et de la consolidation de l’unité nationale, de la démocra[1]tie, de l’Etat de droit, de la paix, de la sécurité et du développement éco[1]nomique, social et culturel du Niger».
Les Associations de la société civile qui ont pour vocation entre autres la conscientisation des citoyens, leur formation civique et citoyenne, doivent également être mises à contribution à travers des programmes élaborés d’un commun accord avec leur ministère de tutelle.
Les Nigériens de la diaspora ne seront pas oubliés dans cette entreprise patriotique. En effet au niveau de chaque chancellerie et de chaque consulat, les représentations diplomatiques doivent concevoir et élaborer un programme de formation et d’apprentissage qui sied à la localisation géographique et au niveau d’instruction de nos compatriotes dans le pays d’accueil.
Je suis persuadé et convaincu que si les autorités à tous les niveaux se donnent la peine et se font le devoir de réussir cette entreprise, elles trouveront en face d’elle, un peuple qui aspire aux changements, un peuple dont le degré du patriotisme n’a d’égal que sa soif d’apprendre, de mémoriser et de chanter enfin le vrai hymne de la Patrie, le Niger, à travers lequel il se retrouve et se confond dans une harmonie de fierté, d’amour de la patrie et d’engagement citoyen.
A cœur vaillant rien d’impossible et impossible n’est pas nigérien a-t-on coutume de dire. Tout est question du degré de patriotisme de nos dirigeants actuels et à venir, du degré de leur vision, du type de Nigérien dont ils veulent et souhaitent formater dans le moule du patriotisme, de la citoyenneté responsable et de l’engagement nationaliste, des rives du Niger aux confins du Ténéré, pour paraphraser le premier vers du nouvel hymne national.
Soli ABDOULAYE
Economiste-Gestionnaire d’entreprise
Niamey, quartier Bobiel Contact : 90 20 26 43 – 96 99 51 97
e-mail : soliabdoulaye2023@gmail.com