« En raison des taux d’admissions aux urgences pour les complications du diabète, nous avons mis en place des unités d’endocrinologie-diabétologie-nutrition pour une prise en charge adéquate », affirme le directeur général
Monsieur le Directeur général, votre établissement sanitaire est l’un des plusimportants au niveau national, pouvez-vous nous présenter succinctement cet établissement ?
L’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo est créé le 12 janvier 1984, sous l’appellation de Centre Hospitalier Universitaire (CHU). Il est passé en 1986 sous la tutelle du ministère de la Santé Publique et est devenu Hôpital National de Lamordé. En 1992, il est érigé en Établissement Public à caractère Administratif (EPA). Et le 22 octobre 2019, il est baptisé Hôpital National Amirou Boubacar Diallo. Le changement de dénomination a été décidé lors du conseil des ministres du 23 août 2019. L’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo a pour mission de servir de centre de référence aux autres formations sanitaires ; de dispenser des soins principalement tertiaires aux malades internes et externes ; de contribuer à l’enseignement en matière de santé à tous les niveaux de fonction ; de contribuer à la recherche dans tous les domaines de la santé ; de concourir aux actions de médecine préventive. L’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo prône des valeurs d’accueil, de professionnalisme et d’excellence. Notre vision est de faire de l’HNABD un centre hospitalier de référence pour le Niger et dans la sous-région, en promouvant le développement des pôles d’excellence. L’hôpital a une capacité d’accueil de 408 lits fonctionnels avec un effectif total de 742 agents toutes catégories confondues. Il compte 16 spécialités médicales, 8 spécialités chirurgicales et 2 services d’explorations : laboratoire et imagérie médicale.
Monsieur le directeur général, quelles sont les principales prestations qu’offre cet hôpital en matière de soins et qui le différencient des autres ?
Comme je l’ai dit tantôt, l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo dispose de spécialités médicales, chirurgicales, d’explorations biologiques, radiologiques et fonctionnelles. Il détient des pôles d’excellence dont ceux en Néphrologie-Hémodialyse qui est le premier et plus grand service de néphrologie du Niger avec deux (2) stations de traitement d’eau, d’une capacité de 42 postes d’hémodialyse en biosmose (42 générateurs de dialyse dont 15 de dernière génération). Notre service ophtalmologie est le centre de référence de la chirurgie de la cataracte par phacoemulsification, centre de référence des pathologies oculaires des enfants, centre de référence de la prise en charge du rétinoblastome par laser et cryothérapie. Nous sommes un pôle d’excellence en chirurgie pédiatrique avec la prise en charge des pathologies chirurgicales de l’enfant, service du père-fondateur de la chirurgie pédiatrique au Niger (Pr Abarchi Habibou). En traumatologie-orthopédie avec un pôle pour la pose de prothèse de genou et de hanche en plus de la chirurgie orthopédique classique, dirigé par le premier professeur en traumato-orthopédie Pr Sounna Badio. En Urologie, nous sommes aussi un centre de référence où des techniques chirurgicales y sont développées telles que la résection endoscopique de la prostate, l’urétrotomie interne. Ce service est dirigé par le seul professeur agrégé en urologie du Niger, Pr Soumana Amadou. Il y a aussi le service de pneumologie qui est le centre de référence pour la prise en charge de la tuberculose multirésistante.
Monsieur le DG, dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins, votre établissement sanitaire a entrepris diverses actions et /ou reformes. Quelles sont les principales reformes ou actions phares ainsi que leurs impacts en termes d’amélioration de la qualité des soins ?
En effet, pour améliorer l’offre et la qualité des soins aux patients et à l’ensemble de nos concitoyens, nous avons créé plusieurs services. Il s’agit notamment du service d’Endocrinologie- Diabétologie et Nutrition avec des pavillons d’hospitalisation et du service de brancardage aux urgences. En outre, nous avons aussi fait des extensions au niveau de plusieurs services dont les urgences médicales notamment l’aiguillage pour faire face au défi quotidien d’engorgement et la création d’une salle d’accueil, Tri et orientation. Nous avons aussi réhabilité les services d’ophtalmologie ; de laboratoire ; la salle de stérilisation et des bureaux au bloc opératoire. Nous avions aussi rénové la buanderie avec un atelier de couture dédié et la cuisine pour l’amélioration de la qualité de l’alimentation des patients. Par ailleurs, nous priorisons l’entretien d’un environnement sain avec la mise en place d’un système d’hygiène et d’assainissement de tout l’hôpital avec un système de supervision dirigé par le DG et la DGA et l’extension de l’espace vert. Il faut enfin noter le lancement du site web de l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo qui permet d’informer la population sur les prestations de l’hôpital en temps réel avec mise en place d’un numéro pour les rendez-vous (77817700) et un numéro vert pour toute réclamation et/ou dénonciation de malversation au sein de l’hôpital (77817701)
Aujourd’hui, c’est un truisme de le dire qu’après près de 40 ans d’existence, les capacités de cet établissement hospitalier sont largement dépassées car il n’y a pas eu pratiquement d’adéquation entre les capacités d’accueil et celles de la prise en charge, malgré vos efforts. Au vu de la persistance de ce problème, quelles sont les actions urgentes prises pour y remédier ?
Nous avions depuis un an monté des projets en collaboration avec un cabinet d’architecture pour la construction de certains bâtiments prioritaires pour l’hôpital. Il s’agit par exemple d’un service de réanimation polyvalente ; d’un bloc opératoire avec 8 salles d’opération, des unités post opératoires, des bureaux ; d’un service d’endocrino-métabolisme-diabétologie et médecine interne, d’un bloc pour des bureaux pour les médecins pour ne citer que ceux-là. Nous avions engagé des plaidoyers au plus haut niveau (national et international) qui nous ont permis d’acquérir les financements pour la construction et l’équipement de la réanimation polyvalente sur fonds propres du ministère de Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales (MSP/P/AS), la construction des bureaux des médecins par la banque de l’Habitat sous le plaidoyer de la Première Dame du Niger à travers la fondation NOOR, la construction et l’équipement du bloc des 8 salles opératoires par l’Etat à travers la BOAD. Le plaidoyer pour la construction et équipement du service d’endocrino-métabolisme-diabétologie et médecine interne est actuellement en cours et est parrainé par l’association des femmes parlementaires du Niger qui ont pris cet engament lors de leur visite récente à l’hôpital.
En termes de mesures incitatives, pouvez-vous nous expliquer quelles actions sont entreprises par l’administration pour maintenir ou encourager l’excellence dans votre établissement ?
Depuis 2022, nous organisons à l’occasion de la fête du travail, une cérémonie de remise de témoignages de satisfaction aux agents de toutes les catégories professionnelles qui se sont distingués au cours de l’année. Il s’agissait de la 2ème édition cette année. Par ailleurs, il faut préciser que des formations sont régulièrement organisées pour toutes les catégories professionnelles dans le cadre du renforcement des capacités de nos agents.
Outre le besoin en infrastructures, quelles sont les autres actions entreprises par l’hôpital pour améliorer la qualité du plateau technique ?
Au niveau du laboratoire, un appareil COBAS PUR de dernière génération a été installé permettant ainsi de réaliser, en plus de la biochimie classique, les dosages hormonaux, l’immunologie et le dosage de médicaments. Dans le domaine de la radiologie, nous avons mis en place la radiographie numérisée. Au niveau de l’ophtalmologie, nous avons aussi modernisé le matériel pour la chirurgie de la cataracte, du rétinoblastome. Nous avons par ailleurs acquis une colonne d’endoscopie (pour la chirurgie) ; un d’électroencéphalogramme (EEG) pour la neurologie et deux (2) ambulances médicalisées pour renforcer le transport médicalisé des patients.
Récemment, il y a eu la création d’autres spécialités notamment d’endocrinologie-diabétologie-nutrition, pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé cette décision ?
Vous savez, la prévalence du diabète au Niger est l’une des plus élevée dans la sous-région avec une fréquence de 7 % selon les données de l’OMS. Il se pose un problème de prise en charge du fait du manque d’infrastructures adéquates. En effet, les admissions aux urgences de l’HNABD sont dominées par les urgences néphrologiques (16 %) suivies respectivement par les urgences cardiologiques, métaboliques et vasculaires (13 %, 11 %, 8 %). Notons que 80 % de ses urgences surviennent chez des patients diabétiques, car, le diabète fait le lit de toutes ces pathologies en l’occurrence cardiaques, néphrologique et vasculaires. Après avoir stabilisé les patients diabétiques amenés dans des tableaux graves, ils doivent être dans une unité d’hospitalisation dédiée pour les soins post-urgences avec des soignants qui ont la compétence requise en matière de diabétologie-endocrinologie mais aussi en éducation thérapeutique. Il se pose la problématique de transfert des patients dans les unités d’hospitalisation. Mais malheureusement à l’HNABD, on était contraint d’héberger les patients dans les autres unités de médecine n’ayant pas d’expertise sur la prise en charge intégrale du diabète.
Devant ces besoins ardents, nos médecins et infirmiers ont pris la courageuse décision de s’installer dans les tentes conçues pour la prise en charge de la COVID pendant la pandémie afin de pouvoir hospitaliser les patients. Avec le soutien de l’administration et leur abnégation, deux (2) unités d’hospitalisation ont été aménagées (homme et femme), une salle de prise en charge des pieds diabétiques et une salle d’éducation thérapeutique. Je tiens à saluer ce sens de sacrifice, de patriotisme et d’altruisme de nos agents que les femmes parlementaires avaient tenu à relever également.
L’HNABD est par essence un centre de recherche et d’encadrement car, il fut appelé centre hospitalier universitaire (CHU). Pouvez-vous nous dire l’apport de ces aspects dans le fonctionnement de cet hôpital ?
En effet, l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo joue un rôle important dans la formation des étudiants et dans la recherche. Pour ce qui est de la formation, il s’agit des étudiants en médecine générale et en pharmacie, les résidents en plusieurs spécialités (Cardiologie, Pédiatrie, Ophtalmologie, Chirurgie Pédiatrique pour ne citer que ceux-là) mais également d’étudiants dans les écoles de santé paramédicales. Les thèses et les mémoires des étudiants sont conduits au sein de l’hôpital sous la direction d’enseignants chercheurs et de praticiens hospitaliers. Toujours sur le plan scientifique, l’Hôpital National Amirou Boubacar Diallo organise des congrès scientifiques périodiques qui sont une occasion d’échanges et de partage entre nos praticiens et ceux des autres hôpitaux du Niger. Ce congrès est appelé « Lamordé Day». Cette année, il se tiendra en Octobre.