Le gouverneur de la région de Tahoua, M. Moussa Issa a présidé, le jeudi 29 septembre 2022, une réunion
des autorités administratives et coutumières avec les représentants d’agriculteurs et d’éleveurs
sur les dispositions à prendre dans le cadre de la prévention des conflits assez récurrents dans la région
entre les deux principales composantes paysannes. La rencontre s’est déroulée en présence du Chef de Canton de Tahoua et du Chef des groupements peulhs de la région.
La campagne agricole de l’année tire à sa fin. La période qui commence constitue pour la région de Tahoua une préoccupation majeure, car les récoltes coïncident avec les mouvements du bétail vers les grandes aires de pâturage au travers des champs de cultures. Pendant leur transhumance, souvent du fait des obstructions des couloirs de passage par les cultures, ou à leur insuffisance, lorsque les champs ne sont pas libérés, les troupeaux dévastent les champs. Les altercations éclatent. En 2016, faut-il le rappeler, un drame est survenu, entre agriculteurs et éleveurs qui a fait 18 morts, dont 7 brûlés vifs, 43 blessés et 22 maisons incendiées, dans le département de Madaoua. C’est donc pour parer à des tels incidents lourds de conséquences que, les autorités de la région anticipent et échangent avec les acteurs afin de prendre des dispositions idoines. «Très bientôt, les éleveurs vont commencer à descendre, au moment où les agriculteurs n’ont pas fini de ramasser leurs récoltes. C’est une situation qui pose de problème. Parfois nous assistons à des événements très désagréables ; ces
bagarres entre agriculteurs et éleveurs», explique le gouverneur Moussa Issa, au sortir de la réunion. Ainsi, pour prévenir cela, il a jugé utile de rencontrer, en avance, les responsables des associations des éleveurs et des agriculteurs. Durant près de 2 heures d’horloge, le gouverneur et les représentants des conseils de la ville et de la région, les directeurs régionaux d’agriculture et d’élevage, en plus des chefs coutumiers, ont échangé sans ambages ni complaisance sur les facteurs du conflit ainsi que, les responsabilités des acteurs. D’une part, les responsables des associations paysannes devraient sensibiliser leurs membres sur les enjeux et les principes en vigueur. D’autre part, les autorités doivent mettre plus de rigueur pour réaliser davantage des couloirs de passages,
des forages et puits pastoraux et surtout faire respecter les textes en appliquant les sanctions. «Nous avons convoqué cette réunion pour nous entendre sur ce que nous devons entreprendre pour que tout se passe paisiblement», indique M. Moussa Issa. Le gouverneur se dit heureux de voir les acteurs répondre à son appel et prendre des engagements nécessaires, chacun en ce qui le concerne. «Chacun a donné ses propositions par rapport à cette période. Et nous sommes d’accord avec la stratégie de la sensibilisation. Les deux organisations vont se mettre ensemble, pour pouvoir aller à la rencontre des éleveurs qui sont en train de descendre, leur expliquer la conduite à tenir par rapport à leur mouvement», annonce le gouverneur de la région.
M. Moussa Issa précise qu’il y a bien des couloirs de passage, des points d’eau que les éleveurs doivent suivre. Et les agriculteurs sont tenus, quant à eux de respecter ces infrastructures pastorales et ne pas déborder dessus. Elles (les associations d’éleveurs et d’agriculteurs) ont pris l’engagement, avec un certain nombre de partenaires et vont aller à la rencontre de leurs membres, afin qu’ensemble les acteurs puissent passer ce cap, apprend-on.
Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua