Pour bien vivre en société, les individus ont besoin de communiquer, d’échanger des informations et de prendre des nouvelles les uns des autres. Jadis, la communication qui se faisait du porte à porte ou de bouche à oreille est aujourd’hui remplacée par les outils technologiques (smartphones, tablettes, ordinateurs…) à travers l’internet. Aujourd’hui ces outils technologiques ont envahi notre espace, notre quotidien et sont devenus des outils incontournables. Les individus sont plongés dans un monde virtuel, chose qui n’est pas sans conséquence sur la sociabilité des humains.
De nos jours, les réseaux sociaux ont pris une ampleur considérable dans tous les domaines de la vie humaine et occupent une place de choix dans la vie de chaque citoyen. Le téléphone portable est devenu au fil du temps un indissociable compagnon de notre quotidien. A l’état actuel, il serait difficile voire impossible de circuler dans les rues de la capitale Niamey, sans percevoir un nombre important d’individus scotchés sur leurs appareils, surfant sur les réseaux sociaux. C’est dire que l’évolution technologique a bouleversé notre mode de vie ; nous vivons dans un monde virtuel devenu un village planétaire. Cette prolifération des outils numériques apporte un plus dans la vie des humains.
Selon le sociologue Alou Ayé, c’est la réduction systématique de la distanciation. L’on peut correspondre en temps réel avec une personne qui est à 3 000 voire 5000 km. C’est devenu aujourd’hui une plateforme qui a boosté le développement du commerce en ligne, du savoir et a renforcé les liens de sang. « Les réseaux nous permettent de raffermir l’action sociale. Aujourd’hui, il n’y a pas une famille, ou un groupe d’amis qui n’a pas de groupe WhatsApp, facebook, instagram où les gens échangent, communiquent et se partagent un certain nombre d’informations », a expliqué le sociologue. Pour lui, ces aspects constituent des avantages qui ont permis de consolider le monde virtuel, un monde qui devient de plus en plus dominant que le monde réel dans lequel nous existons. « Aujourd’hui, la queue au niveau des bibliothèques n’existe plus. Avec le smartphone, il est possible d’avoir n’importe quel livre et même de créer sa propre bibliothèque électronique et avoir des informations en temps réel », a-t-il ajouté.
Cette omniprésence de la technologie n’est pas sans conséquence sur le vécu des individus. En effet, les objets connectés ont pris la place des humains. Les uns et les autres ne se concertent plus comme dans le temps, tout est remplacé par cet outil virtuel, la chaleur humaine est quasi inexistante. Pour le sociologue cette chaleur humaine permet de renforcer les liens de parenté, de voisinage et d’amitié. « La présence humaine est fondamentale pour faciliter la fluidité de la communication, car c’est elle seulement qui permettra de jauger fondamentalement la bonne santé, la quiétude, et raffermir davantage les liens de solidarité. Il y a des personnes qui sont dans la même ville, passent des semaines sans pour autant se voir mais s’envoient des petits bonjours, sachant que cela ne saurait remplacer la chaleur humaine », affirme-t-il.
L’éducation des enfants est très médiocre. Les jeunes mamans accordent plus d’importance à leur smartphone plutôt que de s’occuper de l’éducation des enfants. Le sociologue déplore cette situation et souligne que « les parents sont occupés par les réseaux sociaux : au boulot c’est réseaux, à la maison aussi c’est pareil, le monde réel n’existe plus, les smartphones ont pris le dessus et nous suivent partout. La femme au foyer délaisse son ménage, l’éducation des enfants est reléguée au second plan, même sur le lit conjugal les uns et les autres se préoccupent plus du monde extérieur que de leur vie de couple. C’est d’ailleurs ce qui a impacté négativement l’éducation de nos enfants. Pris par le travail et ce phénomène nouveau, les enfants ont perdu leur place de premier choix auprès des parents particulièrement les mamans ».
Le respect de la dignité humaines à travers la diffusion des images
La banalisation des outils technologiques a engendré ces dernières années, le manque de pudeur des gens. On remarque depuis quelques temps que les individus banalisent un certain nombre d’évènements comme la mort. Aujourd’hui les personnes prennent en photo lors des évènements (mariage, baptême, ou une quelconque cérémonie de joie) et font des publications sur les différents réseaux. Cette pratique n’est pas sans conséquences. « Une personne qui se prend en photo et la balance sur les différents réseaux alors que c’est des millions de gens qui sont en mesure de voir la photo, une photo qui peut rester pour toute l’éternité. Vous pouvez regretter d’avoir posté cette image et vous ne pouvez plus la supprimer parce que c’est déjà parti dans le serveur » a-t-il expliqué. C’est pourquoi, ce sociologue conseille aux usagers d’éviter de publier des photos d’un mort sur les statuts car dit-il « la personne est restée dans l’anonymat toute sa vie et voilà qu’à son décès vous dévoilez sa vie sur le monde virtuel, pourtant la discrétion par rapport aux morts est sacrée chez nous. On ne dit même pas de mal d’un mort parce qu’il est décédé ; on essaie de créer des conditions pour dire que du bien de lui plutôt que de l’exposer à la merci des critiques et même de la médisance », dit le sociologue.
Pour Awal Oumarou Ibrahim, vice-président de l’Association nigérienne des web activistes, les réseaux sociaux doivent être utilisés à bon escient. Car dit-il certains les utilisent dans un cadre purement lucratif et sont devenus aujourd’hui des plateformes de transmission des informations. A cet effet, dit-il « le web activiste doit éviter de diffuser et partager une information sans vérifier sa source. Le web activiste doit éviter également de diffuser et de partager toute information susceptible de porter atteinte à la paix et à la cohésion sociale », a-t-il dit. Il doit poursuit-il, être un artisan de la paix, un promoteur des valeurs d’intégrité, de justice sociale, de solidarité, d’équité, d’impartialité, de transparence et de cohésion sociale.
Les statistiques publiées par l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et de la Poste (ARCEP) depuis des années sont révélatrices de cette évolution de l’accès à internet. « Selon les statiques publiées en 2022 par l’ARCEP, le taux global de pénétration internet est passé à 33,13% avec (huit) million de Nigériens qui ont accès à internet », a conclu Awal Oumarou Ibrahim.
Fatiyatou Inoussa (ONEP)