Le ministre de la Santé Publique, M. Ahmed Boto, a présidé, hier dans l’après-midi, dans la salle des réunions de l’ONAREM, une rencontre sur la situation de la COVID 19. Cette rencontre qui a réuni les représentants des partis politiques et ceux des organisations socioprofessionnelles de tous les secteurs a pour objectif, a souligné le ministre, d’impliquer toutes les couches dans la lutte contre cette pandémie. Entouré de ces proches collaborateurs, le ministre de la Santé Publique a dans son discours introductif de cette importante rencontre, au nom du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, remercié tous les participants pour avoir accepté de prendre part à ladite rencontre malgré leur calendrier très chargé.
Il a souligné que la rencontre sera l’occasion pour l’ensemble des participants de mieux comprendre l’évolution actuelle de la gestion de la COVID-19 dans notre pays et les défis auxquels le pays fait face afin que chacun en ce qui le concerne puisse contribuer à son niveau au renforcement des mesures de lutte contre cette pandémie dans notre pays.
Le ministre a saisi cette opportunité pour rappeler les efforts qui ont été déjà consentis par le gouvernement dans le cadre de la gestion et de la lutte contre la propagation de cette pandémie. «Depuis la notification du 1er cas de COVI D- 19 par le Niger, le 19 mars 2020, pour contrôler cette pandémie, le gouvernement a pris plusieurs mesures visant à renforcer la surveillance et la maitrise de la situation. C’est dire que des efforts importants ont été fournis par l’Etat et ses partenaires afin de contrôler cette pandémie », a-t-il dit. Malgré ces efforts, le pays fait face, depuis quelques semaines, à une recrudescence de cette pandémie d’où la préoccupation générale à tous les niveaux.
A la date du 09 décembre 2020, notifie-t-il, la situation épidémiologique se présente comme suit: sur un total de 49.488 tests réalisés, 2.078 cas ont été notifiés avec 79 décès, 1 241 sorties guéris et 758 cas actifs; l’ensemble des 8 régions du pays ont été touchées avec Niamey comme épicentre qui a enregistré environ 77% des cas.
« Depuis quelques semaines, nous assistons à une recrudescence des cas avoisinant souvent 90 cas par jour. La majorité des cas sont des cas asymptomatiques, c’est-à-dire ne présentant pas des signes de la maladie. Toutes les régions sont concernées par cette recrudescence. Aussi, sur 327 cas du mois de novembre, 277 sont de la région de Niamey soit 85%. Selon les statistiques de la CEDEAO en date du 07 décembre 2020, le Niger a connu une augmentation de 22% des cas positifs par rapport à la semaine précédente se classant en tête parmi les 15 pays », a déploré le ministre de la Santé Publique dans son discours. Ces cas, a-t-il clairement expliqué, sont dans l’ensemble des voyageurs demandeurs de test PCR COVID 19 et le reste est constitué des cas contacts de ces demandeurs de PCR positifs et quelques alertes.
Le ministre a souligné qu’une analyse faite sur les contacts des voyageurs positifs sur les 4 derniers mois a montré que le nombre de positifs a passé de 14 au mois d’aout à 178 en novembre. « Cela veut dire que le virus circule fortement au niveau communautaire », souligne-t-il, tout en précisant que plusieurs cas ont été notifiés dans les écoles suite au traçage des cas contacts des positifs.
Face à une telle situation, tout le monde est interpelé, à commencer par les partis politiques dont le contexte caractérisé par la campagne électorale au cours de laquelle ce sont des dizaines de milliers de personnes qui sont mobilisées sans le respect des gestes barrières, le port des masques lors des meetings surtout. « Notre attention doit être attirée sur la situation au niveau de la région de Niamey. Selon l’analyse des cas positifs investigués sur les 4 derniers mois, 51% sont dans la commune 1 suivie des communes 4 et 5. Aussi, la situation est marquée par la notification de cas de COVID 19 au niveau du point d’entrée d’Ayérou depuis quelques semaines où une quarantaine de cas ont été enregistrés avec malheureusement 5 décès. Ces cas proviennent d’un site aurifère de la région de Gao nommé Intahakan où se trouve une importante colonie de compatriotes venant de presque toutes les régions du pays », déplore le ministre de la Santé Publique.
Cette dernière situation liée à l’évolution des cas positif inquiète à plus d’un titre car au cours de la gestion de cette phase, nous assistons malheureusement, de plus en plus, à un déni de la maladie et un refus des stratégies de lutte contre cette pandémie à savoir: refus de mise sous traitement des cas; refus de désinfection des domiciles des cas positifs; refus des investigations autour des cas; relâchement total de l’application des mesures barrières à tous les niveaux.
« La gestion de cette pandémie nécessite l’adhésion et l’engagement de toutes les couches de la population. C’est pourquoi, nous sollicitons l’appui de toutes les couches sociales ici présentes pour stopper la propagation de cette maladie. Pour ce faire, nous devrons appliquer strictement les mesures barrières telles que recommandées qui sont des moyens très efficaces pour la prévention de cette maladie dont entre autres le port de bavette lors des rassemblements, des réunions, de vos déplacements, des visites au niveau des administrations, à la banque, au marché, dans les supermarchés, au restaurant, à l’école, les hôtels, au cours des cérémonies de réjouissance ou de deuil », indique le ministre Ahmed Boto.
Il a souligné que d’autre mesure, telle que le lavage des mains, qui au cours de la première phase a fait ses preuves et largement utilisée, doit être reprise voir’ renforcée dans tous les services, les espaces de grande surface et voire même dans les ménages, a suggéré le ministre.
« Aussi, nous devrons accompagner les équipes de prise en charge en les acceptant dans les foyers pour les investigations des cas, la mise sous traitement et la désinfection. Les cas asymptomatiques, faut-il le rappeler, sont aussi contagieux et donc peuvent contaminer des personnes vulnérables autour d’eux présentant des comorbidités (le Diabète, l’Hypertension artérielle, l’asthme, les maladies cardiaques, les cancers) qui peuvent évoluer vers des complications, voire la mort. Nous devrons également alerter les services de santé devant tous signes ou cas suspects de la COVID 19 pour une prise en charge appropriée », conseille le ministre de la Santé.
M. Ahmed Boto a souligné que des instructions ont été données aux services de santé de toutes les régions afin d’être vigilantes au cours des consultations. « Tout malade se présentant au niveau des services de santé avec notion de séjour au niveau du site aurifère de Intihakan (au Mali) doit faire l’objet d’une attention particulière. La même vigilance doit être de mise au niveau des villages de résidence de ces personnes venant de ce site. Ceci permettra de réduire le risque de diffusion de la maladie dans le milieu rural », a-t-il dit.
Le ministre a saisi également cette occasion pour saluer les médias pour tous les
efforts qu’ils ont apporté depuis le début de cette pandémie et les exhorte à poursuivre car la communication est un des piliers fondamentaux de cette lutte. Après les partenaires qui accompagnent le Gouvernement dans ce combat, le ministre de la santé publique n’a pas manqué de rendre un hommage mérité à l’ensemble du personnel de santé pour le dévouement et l’efficacité avec lesquels ils sont entrain de gérer la situation des maladies en général et celle de la COVID-19 en particulier.
Cette rencontre a été mise à profit par le ministère de la Santé pour écouter les participants. Ces derniers ont apprécié à juste titre cette initiative du ministère et ont formulé plusieurs recommandations et suggestions afin d’aider le Gouvernement à faire face à cette situation de manière efficace.
C’est avec une grande satisfaction que le ministre a remercié les participants et enfin, il les a exhortés de saisir les occasions des meetings pour aider le gouvernement dans la communication afin de sensibiliser la population sur cette maladie dont la situation se complique du jour le jour.
Par Ali Maman(onep)