Le Programme national de développement de l’agriculture familiale (PRODAF), sous la tutelle du FIDA, a construit en 2015 à Tessaoua un marché moderne de vente en demi-gros de céréales. Cette infrastructure d’utilité publique qui vise à améliorer le quotidien des agriculteurs et à assurer une source stable de revenus pour la mairie, à révolutionné aujourd’hui le commerce de céréales dans la ville et dans le département. Le marché qui collabore étroitement avec les agriculteurs et les grossistes du Nigeria, a renforcé la complicité entre les populations de part et d’autre de la frontière commune. Apres sa réception et deux phases de test, les autorités communales ont opté pour la gestion déléguée du marché de céréales de Tessaoua à travers un contrat d’affermage qui procure mensuellement 240.000 FCFA de revenus fixes à la mairie. Le marché accueille chaque semaine des grossistes du Niger, du Nigeria, et même du Ghana.
De l’avis général, la construction du marché de céréales de Tessaoua a amené un grand changement à plusieurs niveaux dans la manière de commercer. Pour les quelques grossistes et les détaillants rencontrés un jour ouvrable alors même que le marché ne s’anime véritablement que les dimanches, cet espace leur procure la sécurité tant recherchée. Les ventes et les achats se concluent depuis 4 ans dans un environnement clôturé et sécurisé. La marchandise est étalée sous de grands hangars modernes pour faciliter le contrôle de la qualité surplace. Ce qui met en confiance les parties prenantes. En plus de cela, contrairement aux marchés informels ou peu formels du Niger, le marché de Tessaoua pratique pour chaque céréales des prix hebdomadaires affichés à l’avance. Cette fixation des prix met à l’abri de l’inflation les grossistes et garantit aux cultivateurs un prix descend. Elle permet aussi de garantir la qualité des produits vendus à travers un contrôle continu du respect des normes de chaque marchandise.
M. Badamassi Dada, gestionnaire par intérim du marché de céréales de Tessaoua indique que le groupement d’intérêt économique (GIE) auquel il appartient est attributaire de la gestion sur la formule de l’affermage, un contrat par lequel le contractant s’engage à gérer un service public à ses risques et périls et reverser à la personne publique une redevance destinée à contribuer à l’amortissement des investissements qu’elle a réalisés. «Au début c’était une phase d’essai de 12 mois qui s’est étalée sur 2017-2018. Après cette phase, les autorités communales ont retiré le marché de nos mains pour le gérer directement et se rendre compte des retombées financières réelles qu’il engendre en termes de recettes. Après cette seconde phase d’essai, la mairie nous a réattribué le marché sous un contrat d’affermage», explique-t-il.
Le gestionnaire par intérim du marché de céréales confie que sur la base de ce contrat, le GIE reverse mensuellement la somme de 240.000 FCFA à la mairie de Tessaoua. Les ressources financières nécessaires au reversement de la redevance et au fonctionnement du marché proviennent des taxes collectées, à savoir les taxes de collecte, de marché, de chargement, de droit de sortie des camions, d’étalage, d’utilisation des parkings auto, de gardiennage, et d’utilisation des blocs de sanitaires. Malgré ces multiples taxes, les utilisateurs apprécient les prix pratiqués. Le GIE et ses membres s’en sortent ainsi avec un chiffre d’affaires mensuel de 400.000 à 500.000FCFA pendant la périodede grande affluence, et jusqu’à moins de 240.000 FCFA pendant les périodes sèches.
Alors que le marché, majoritairement fréquenté par les clients du Nigeria, a survécu à la fermeture de la frontière nigériane, la crise du coronavirus COVID-19 a réduit à néant ses efforts de résilience en réduisant ses livraisons hebdomadaires d’une quinzaine de camions gros-porteurs, à seulement 5 camions. La situation est telle que les gestionnaires cumulent à certains moments un total de 4 mois de redevance. «Pour apporter des solutions à ces problèmes, surtout pour éviter les arriérés, nous espérons revoir les termes du contrat qui nous lie à la mairie. Par exemple, on peut réduire la redevance pendant les mois de soudure, ou bien ramener son paiement périodique par trimestre au lieu de mensuel», a indiqué M. Badamassi Dada.
Elhadj Ousmane, natif de Tessaoua et un des plus importants grossistes dans le marché de céréales, se réjouit aussi de la mise à leur disposition d’un cadre aménagé pour exercer leur commerce. Avant la construction du marché, se rappelle-t-il, les céréales se détérioraient souvent. Quelques fois c’est une partie des stocks qui disparaissait. «Nous nous entendons très bien avec les gestionnaires. A chaque fois que nous faisons des remarques, ils les prennent en compte et essayent d’apporter des améliorations», confie ce grossiste qui ravitaille chaque semaine des villes telles que Kano au Nigeria, Niamey et Agadez au Niger, et le Ghana. Elhadj Ousmane appelle ses collègues à une union sacrée pour surmonter les querelles intestines qui existent entre grossistes et travailler ensemble au développement du commerce des céréales dans le département.
Souleymane Yahaya, Envoyé Spécial(onep)