A la faveur des crises sécuritaires, alimentaires et des inondations qui ont affecté la région du Sahel en général et Niger en particulier, l’on assiste, ces dernières années, à une sorte de développement du business humanitaire. Une situation qui se caractérise par un afflux des Organisations internationales et une prolifération des Organisations non gouvernementales locales ou étrangères vers le Niger pour, dit-on assister, les populations.
Du coup, ces organisations mobilisent des fonds au non des populations du Niger. Certains partenaires du pays préfèrent passer par les multiples ONG qui ‘’sous-traitent l’humanitaire’’. Des consortiums se forment pour exécuter ou gérer tel ou tel projet financé souvent à coup de centaines de millions, voir à coup de milliards par les partenaires du Niger qui est devenu ainsi un véritable terrain propice au business humanitaire.
Un état de fait certainement favorisé par les conditions extrêmement faciles avec lesquelles on peut créer une ONG au Niger. Ainsi comme les parties politiques, les ONG foisonnent. Presque n’importe qui peut créer une ONG et mobiliser des financements au nom des populations.
A titre illustratif, l’on enregistre selon les statistiques du Ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire, quelque 3.169 ONG/AD agréées au 31 Décembre 2019 contre 2.895 ONG/AD au 31 Décembre 2018 et 2.735 au 31 Décembre 2017.
L’humanitaire est devenu un secteur presque aussi lucratif, sinon plus lucratif que l’entreprenariat au Niger. Mais, si d’importants fonds sont mobilisés au nom des populations nécessiteuses, combien est réellement investi au profit des mêmes populations ?
C’est pour mettre un peu d’ordre dans ce secteur que la réglementation nationale fait obligation aux ONG et AD de transmettre chaque année, un rapport d’activités au Ministère de l’Aménagement du Territoire. Malheureusement, on est loin du compte. En effet, pour l’année 2019, seulement 637 Rapports ont été transmis au Ministère alors qu’on dénombre plus de 3100 ONG.
Côté financier, il y a aussi à dire. En effet, selon le Ministère de l’Aménagement du Territoire, 281 ONG ont déclaré avoir investi 103 milliards de FCFA en 2019 sur l’ensemble des 8 régions du Pays, Diffa étant la région la mieux servie avec 14,9 milliards d’investissement.
Cette situation doit nous interpeller tous. Malheureusement même le politique semble accepter tacitement cette mentalité d’assistés. C’est du moins ce que traduisent ces images de réception d’aides humanitaires souvent d’une valeur symbolique. Un sursaut s’impose pour rompre avec cet esprit d’assistés et ces pratiques qui rendent paresseuses les populations et leur enlèvent le goût de l’effort pour se reconstruire après les crises. Il est temps qu’on change de paradigme dans nos relations avec nos partenaires, cela notamment en exprimant notre préférence pour l’investissement extérieur et contre l’assistanat. Les mentalités doivent évoluer tant au niveau politique qu’au niveau social. Il faut rompre avec cette image de peuple en constant besoin d’assistance. Le Niger a beaucoup plus besoin d’investissements que d’assistance humanitaire.
Siradji Sanda(onep)