La dépendance affective se traduit par un grand besoin d’affection des autres. Cela peut se produire dans une relation amoureuse, amicale ou dans le milieu professionnel. Ce trouble psychologique se manifeste par une très grande peur de l’abandon et de la séparation, un besoin excessif de se sentir soutenu, reconnu, encouragé, aimé. Au même titre que la dépendance à l’alcool ou aux drogues, ce manque se ressent par une douloureuse sensation de vide intérieur et une tendance aux conduites addictives.
Selon, M. Amadou Djibo, psychologue, l’anxiété, les états dépressifs, les difficultés relationnelles, sociales et de prise de décisions, des conduites à risques (surconsommation de stupéfiants), une peur de l’engagement, un besoin de réassurance constant, une estime de soi fragile, la jalousie, sont entre autres, les symptômes de la dépendance affective. Ce trouble psychologique qui touche principalement les personnes aux liens d’attachement vulnérables et les personnes hypersensibles, timides, introverties ou celles ayant connu des relations toxiques, certains traumatismes de l’enfance (maltraitance en famille ou à l’école, choc émotionnel, manque d’affection, abus sexuel).
Les hommes et les femmes peuvent en être atteints et ce trouble peut mener à la conjugopathie, trouble psychique s’apparentant à la dépression pouvant dans certains cas mener au suicide. Il existe au total d’après le spécialiste, trois types de dépendances affectives à savoir la dépendance émotionnelle à la famille qui se traduit par la transmission des angoisses des parents à leurs enfants, la dépendance émotionnelle en couple qui se caractérise par l’idéalisation de son partenaire, et la dépendance émotionnelle à l’environnement social traduite par un besoin excessif d’être reconnu et approuvé dans n’importe quel environnement.
Grandir dans un environnement peu sécurisé, perdre un être cher, subir des agressions psychologiques dans l’enfance, vivre dans une famille désorganisée ou dans un milieu hostile sont des facteurs pouvant causer et favoriser ce trouble psychologique. D’après M. Amadou Djibo, ce trouble n’est presque jamais diagnostiqué car, la population nigérienne fait très rarement recours aux consultations psychologiques et ces dernières sont taboues. Les conséquences liées à la dépendance affective sont dues au fait que la victime fera toujours passer les autres avant son bien-être, cette personne aura tendance à tout accepter et développer un grand manque de confiance en soi.
Samira Y, 26 ans, agent de santé a souffert de la dépendance affective pendant des années. « J’ai perdu ma mère très tôt. J’ai grandi sans mon père également. Ce manque d’affection au sein de la famille a développé cette dépendance dans mon cas. Je n’avais aucune idée de ce trouble. J’étais tout le temps malade et j’ai souffert d’une dépression car, je n’arrivais pas à me sentir épanouie peu importe ce que je faisais. C’est une amie qui m’a conseillée d’aller voir un psychologue et je n’ai pas regretté car, les séances m’ont aidée à guérir petit à petit », a-t-elle confié.
La peur, la négligence et le jugement des autres par rapport aux consultations psychologiques sont entre autres les facteurs favorisant cette maladie mettant en cage les victimes car, ne pouvant ni combattre, ni comprendre et encore moins guérir de ce trouble psychologique. « J’ai vécu une relation toxique qui s’est mal terminée et je l’ai très mal vécu. Depuis cette rupture, je n’arrive pas à m’engager avec une autre personne et quand je le fais, tout est excessif, je ne contrôle rien. Je suis entièrement dépendant de l’autre et j’en souffre. Aujourd’hui, j’arrive à maintenir une relation grâce à mon psychologue qui m’a aidé, je comprends mieux mon trouble et je sais comment le gérer », déclare Moustapha M., un entrepreneur âgé de 30 ans.
D’après le spécialiste, il existe des moyens d’éviter ou de gérer ce trouble psychologique. En effet, il faut développer l’estime de soi, s’entourer de personnes qui nous aident à évoluer sur tous les plans, apprendre à surmonter les épreuves du passé, se motiver et être conscient de ses capacités personnelles. Aussi selon M. Amadou Djibo, une consultation psychologique est nécessaire pour détecter une anomalie ou un trouble. « Il faut toujours faire attention aux comportements des enfants, à l’éducation transmise et au milieu dans lequel ils grandissent. Peu importe son âge, l’idéal est de consulter un psychologue dès que le besoin se fait sentir », a relevé le psychologue.
Massaouda Abdou Ibrahim (ONEP)