L’éducation est un droit fondamental pour tous. Elle est inscrite parmi les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies dans la mesure où l’éducation conditionne le développement d’un pays. En effet, aucune nation ne saurait prétendre à un niveau élevé de développement en mettant entre parenthèse l’éducation. A l’instar des autres pays, au Niger l’éducation est l’une des priorités du gouvernement en particulier l’instruction de la jeune fille. Cette volonté s’est manifestée à travers plusieurs initiatives prises parmi lesquelles les mesures législatives auxquelles s’ajoutent la mobilisation des ressources financières pour la construction des infrastructures d’accueil des apprenants, l’accompagnement et le soutien des parents ainsi que de la communauté toute entière.
Selon le Rapport annuel sur la Cellule d’Analyse des Politiques Publiques et d’Evaluation de l’Action Gouvernementale (CAPEG) 2021-2022, les indicateurs d’accès et de qualité au niveau du cycle de l’enseignement moyen, supérieur, technique et professionnel ont connu globalement des améliorations. Ce document relève les mêmes tendances pour les cas spécifiques des filles avec un Taux Brut d’Admission TBA au niveau primaire passé de 74% en 2021 à 86,7% en 2022, soit un gain de 12,7 points de pourcentage. Le TBA base 2 a progressé passant de 34,5% en 2021 à 35,3% en 2022, par contre le TBA au niveau moyen a baissé, passant de 9,2% en 2021 à 5,3% en 2022.
Dans une perspective d’amélioration de la qualité de la scolarisation de la jeune fille, le gouvernement nigérien a rendu obligatoire le maintien de la fille à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans. Cette mesure adoptée en 2017 par décret vise à protéger les jeunes filles des mariages précoces et à encourager leur éducation. Aux yeux des autorités du Niger, l’éducation de la jeune fille est prioritaire car elle participe au développement de la communauté. Ainsi, pour renforcer le maintien des filles à l’école et réduire les stéréotypes et les perceptions négatives par rapport à l’éducation de la jeune fille, le pays a pris une loi rendant obligatoire la fréquentation de l’école aux jeunes filles jusqu’à l’âge de 16 ans. Mieux, pour s’assurer d’un plein épanouissement des filles, en 2019 le gouvernement du Niger a émis un arrêté imposant aux écoles de permettre aux filles mariées et/ou enceintes de poursuivre leur scolarité et de revenir après avoir eu leur bébé.
Création des internats aux jeunes filles
Dans le cadre spécifique de la scolarisation et du maintien de la jeune fille à l’école, en plus des actions de sensibilisation des communautés, un internat a été construit à Kéllé et trois autres sont en cours de réalisation dans les localités de Moujia (région de Tahoua), Dantchandou (région de Tillabéri) et Zoumbou (région de Dosso). Cette action vise à lutter contre la déperdition des filles dans le système lié au problème de tuteur. Quelques 3000 jeunes filles poursuivent leur scolarité au niveau de Kéllé. Le but est de prévenir les mariages d’enfants et les grossesses précoces. En effet, selon les spécialistes, la faible scolarisation des jeunes filles au Niger est souvent liée au manque de tuteur, à la distance entre l’école et le village d’accueil de la fille, et aux mariages précoces. Malgré quelques difficultés, la structure fonctionne normalement et offre une éducation de qualité aux filles inscrites. Cette action vise à maintenir les jeunes filles dans le système scolaire le plus longtemps possible.
Appuis des partenaires pour accompagner l’Etat dans le secteur
Parmi ces partenaires, il y a le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF) qui a initié, entre autres méthodes, le « mentorat », qui promeut la scolarisation, le maintien des filles à l’école, ainsi que la lutte contre les mariages des enfants. Cela vient du constat selon lequel l’un des domaines les plus touchés est le secteur de l’éducation, et principalement celui de la scolarisation et du maintien des jeunes filles à l’école. En réponse à cette situation et dans le cadre de l’appui aux efforts du gouvernement, l’UNICEF en partenariat avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM), a mis en œuvre également le « Programme pour la résilience et la cohésion sociale dans la région de Diffa ». À ces actions s’ajoutent la dotation d’un robinet, la construction des classes d’urgence, des appuis en fournitures scolaires, la prise en charge des primes d’encouragement pour les enseignants.
Avantages de la scolarisation des filles
Les avantages liés à la scolarisation des filles sont nombreux. On peut citer, en autres, : une meilleure surveillance de la santé de la mère et celle de ses enfants, l’amélioration de la productivité dans le travail, une meilleure contribution au bien-être de la famille, de la communauté, du pays et la société en général, une meilleure éducation des enfants, une plus grande possibilité de communiquer avec les autres, la réduction du nombre de mariages précoces et un meilleur épanouissement de la femme, etc.
Notons au passage qu’à l’issue des fora régionaux sur le thème « Contribution à la réduction des abandons/exclusions des élèves, en particulier les filles des CM de l’enseignement primaire pour la pérennisation des acquis à travers les actions des Comités de Veille », tenu le 23 février 2022 à Zinder, organisés conjointement par le Ministère en charge de l’éducation, l’Unicef et la JICA, les participants ont pris l’engagement de réduire le taux d’abandon et exclusion de CM comme suit : de la moyenne de 5,54% (soit 3 315 élèves) par an au cours des 3 dernières années à 2,77% (soit 1 484 élèves) en 2021/2022 et de la moyenne de 5,35% pour les filles (soit 1 528 filles) par an à 2,67%, (soit 707 filles) en 2021/2022 au CM1, de la moyenne de 10,91% (soit 6 858 élèves) par an au cours des 3 dernières années à 5,46% (soit 3 083 élèves) en 2021/2022 et de la moyenne de 10,62%% pour les filles (soit 3083 filles) par an à 5,31%, (soit 1 442 filles) en 2021/2022 au CM2.
Ils se sont également engagés à mettre en place des Comités de Veille (CV) comme un sous-comité de CGDES dans toutes les écoles primaires de notre région afin d’améliorer la fréquentation scolaire des filles.
Abdoulaye Mamane (ONEP)