La question du changement climatique est aujourd’hui une préoccupation mondiale au regard de son impact sur la sécurité alimentaire et la survie de tous les êtres vivants qu’ils soient humains, animaux ou végétaux. Et, c’est surtout en Afrique subsaharienne où l’impact du changement climatique est beaucoup plus prononcé, menaçant fortement ainsi les écosystèmes et l’équilibre social. C’est pourquoi, le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement (REMAPSEN) section Bénin a organisé le jeudi 9 juin 2022, un webinaire sur ce thème Deux panélistes ont été identifiés pour la circonstance : M. Isaias Angne Obama Oyana, représentant de la FAO au Bénin et M. Alfred Acakpo, secrétaire permanent du Conseil de l’Alimentation et de la Nutrition (CAN). Plusieurs journalistes du pays organisateur ainsi que ceux des autres pays africains et de Madagascar ont participé à ce webinaire dont le thème est d’une importance capitale tant sur le plan continental que planétaire.
C’est pourquoi, dans son exposé le représentant de la FAO au Bénin M. Isaias Angne Obama Oyana a précisé que la sécurité alimentaire d’une population est assurée lorsque quatre critères sont réunis à savoir : la disponibilité (la nourriture est physiquement disponible grâce à la production locale, nationale, ou via l’importation ; l’accès (les populations ont les moyens financiers ou physiques d’accéder à une nourriture saine et variée ; la stabilité (la disponibilité de la nourriture est stable et régulière et enfin l’utilisation (les populations ont les outils et les connaissances pour cuisiner de manière équilibrer. S’agissant de la sécurité alimentaire dans la région, le représentant de la FAO au Bénin a relevé que la production céréalière est estimée à 74,3 millions de tonnes, soit une hausse de 0,6 % comparée à la campagne 2019/2020 et de 9% par rapport à la moyenne de cinq dernières campagnes. La situation pastorale reste préoccupante en dépit des bonnes pluies parce que les restrictions liées aux mouvements de la transhumance ont impacté négativement la mobilité des éleveurs et de leurs troupeaux. Quant aux marchés agricoles, les niveaux d’approvisionnements de ceux-ci restent globalement faibles avec comme conséquence la flambée des prix des denrées alimentaires en raison de la pandémie de COVID-19. En ce qui concerne la situation nutritionnelle, elle demeure inquiétante. Les prévalences de la malnutrition aigue sont toujours alarmantes avec des valeurs dépassant 10% (seuil élevé de l’OMS dans plusieurs pays). En outre, en regardant l’évolution des changements climatiques en Afrique de l’Ouest et du Centre, on se rend compte que les déficits pluviométriques, les grandes sécheresses, des pluies diluviennes et inondations dévastatrices ont des conséquences dramatiques sur les moyens de subsistance des populations. En plus, le nombre de catastrophes naturelles a doublé en l’espace de 20 ans selon l’ONU. Les inondations à répétition, les feux des forets et des sécheresses empêchent les agriculteurs de planifier leurs cultures selon les saisons. Les terres perdent de leur fertilité. L’irrigation pluviale étant insuffisante, les récoltes diminuent. Le bétail, quant à lui peine à trouver de l’eau pour s’abreuver et des pâturages pour se nourrir. Selon le CILSS, les changements climatiques menacent l’intégrité des écosystèmes déjà fragilisés par une population en forte croissance. M. Isaias Angne Obama Oyana devait souligner que par rapport aux effets des changements climatiques sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le caractère imprévisible et croissant du climat provoque un recul des rendements agricoles. Comme stratégies d’adaptation et d’atténuation, le conférencier a relevé trois niveaux : sur le plan politique, il s’agit de renforcer l’appui des pays dans la définition des politiques et stratégies nationales d’adaptation aux changements climatiques centrées sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers l’élaboration et la mise en œuvre des plans locaux d’adaptation. Au niveau agricole, le représentant de la FAO au Bénin a identifié le renforcement de techniques agricoles durables et résilientes aux changements climatiques. Et l’apport de la FAO en tant qu’institution du système des Nations Unies va consister à la mise au point un éventail de produits et outils normatifs pour une meilleure gestion des systèmes agrosylvopastoraux.
Quant au second conférencier, M. Alfred Acakpo, secrétaire permanent du Conseil de l’Alimentation et de la Nutrition (CAN), il a axé son intervention sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin. Il ressort de cet exposé qu’en situation courante (mars -mai 2022), 11 communes du Bénin ont été exposées à des chocs (secheresses, inondations) qui ont fragilisé leur résilience. Les populations en phase crise à pire au plan national sont estimées à 1.225.957 personnes, soit 9,49 %. Par rapport aux défis liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Bénin, M. Alfred Acakpo a souligné que les effets de la pandémie sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle. A titre illustratif, le nombre de cas de la COVID-19 et les décès ont connu une explosion à partir de septembre avec des contaminations qui sont passées de 12.021 cas en Août à 21.450 cas en septembre, soit un accroissement de plus de 78% en un mois. En termes de perspectives, le conférencier a parlé des mesures d’atténuation des impacts aux chocs telles que les appuis au secteur agricole ; le plafonnement/fixation des prix de certaines denrées alimentaires etc. A l’issue de ces deux exposés, les journalistes participants à ce webinaire ont posé des questions auxquelles les deux conférenciers ont apporté des éléments de réponse.
Par Hassane Daouda(onep)