Le fameux camping qui a accueilli en 2005, la Fête nationale de la concorde, n’est plus à l’état d’accueillir un événement de telle envergure. Victime de l’insécurité qui a lourdement pesé sur son attraction, le Cap’s Tarbanassa agonise dans une véritable situation de délabrement. Il est, en effet, fréquenté de moins en moins et l’entretien des infrastructures qui ne rapportent pratiquement plus rien au promoteur, est devenu insupportable. Son promoteur lance un cri de cœur et garde espoir quant au retour de la quiétude dans la zone pour que reprennent les activités du site.
Barké Doka Mahaman Bachir, natif de Magaria dans la région de Zinder est originaire du département de Filingué. Âgé de 65 ans, il a lancé ses activités économiques à Balleyara en 1997, à travers initialement l’agriculture, avant de transformer son champ en ce centre « agro-sylvo-pastoral et éco-touristique» qui porte le nom de ‘’Cap’s Tarbanassa’’. Barké Doka Mahaman Bachir a bien voulu donc mettre à la disposition de la jeunesse nigérienne en général et celle de Balleyara en particulier un cadre de détente. «C’est un complexe que j’ai conçu principalement sous la forme agricole sur un espace d’environ 5 ha, où il n’y avait aucune végétation. J’avais donc comme ambition première de faire une exploitation agricole. Ainsi la première étape a été de planter des arbres, compte tenu du potentiel hydraulique assez important», confie-t-il.
De l’exploitation pour culture pluviale au maraichage, Barké Doka Mahaman Bachir fait construire cinq cases rondes communément appelées bungalows dans son champ si vaste pour ses courts séjours lorsqu’il venait de Niamey pendant les weekends et les congés. «Le tourisme a commencé avec ces 5 cases. J’ai commencé par inviter mes amis. Nous étions ici quand un jour, un responsable de projet de passage a remarqué notre présence. Il a trouvé intéressant le cadre. Il m’a proposé d’augmenter la capacité d’accueil, pour qu’il puisse organiser des rencontres ici. Au regard du coût insignifiant de la construction d’une case à l’époque (12.000FCFA), je me suis dit autant le faire, surtout qu’il s’agit d’une activité avant tout rentable», raconte le promoteur.
C’est ainsi, qu’il s’est ouvert à la dimension de location, avec de l’hébergement, de la restauration et des salles de conférences. Ce volet hôtellerie sera, chemin faisant, sa plus grande manne pécuniaire. M. Barké abandonne l’agriculture mais conserve l’aspect naturel avec les arbres et les fleurs de l’espace jusqu’à en faire le décor écologique qui caractérise le camping. «Cela m’a amené même à construire une piscine, petite par rapport à la taille olympique classique, mais qui est assez confortable. Nous avons aussi un podium, des gradins et un mur servant d’écran de projections. En plus nous avons un espace de jeu pour enfant, avec des balançoires, des toboggans, etc.», ajoute le promoteur du centre. «L’espace est offert à la communauté, à la mairie. Nous avons accueilli des expositions, des scolaires en voyages d’étude, des événements culturels qu’organisaient fréquemment les jeunes», rappelle-t-il.
Malgré le poids de la menace, le promoteur garde espoir
Aujourd’hui, le site est moins fréquenté. Les principaux visiteurs de Caps Tarbanassa ce sont les acteurs des ONG et des projets de développement. Le poids de l’insécurité empêche ces acteurs de fréquenter le complexe. «L’insécurité qui s’est développée et le fait que cette localité est considérée comme zone rouge, a plombé la fréquentation de ce complexe. Les mesures prises pour limiter la sorties de ces acteurs a compromis nos affaires. L’endroit n’est pas du tout fréquenté ces derniers temps. Autrefois, les jeunes fréquentaient ce complexe jusqu’à ce que les mesures de restriction aient commencé. Avant c’était très bien. Les jeunes venaient pour profiter du cadre, se détendre, parce que c’est extrêmement boisé. Et l’accès au complexe était gratuit», explique-t-il.
Malgré cette période difficile, le promoteur du site touristique garde toujours de bons souvenirs de son aventure dans son domaine d’intervention. «Lors que j’ai fini les travaux et j’ai lancé les activités du complexe, la population a très bien accueilli l’initiative. Il y avait un besoin réel de distraction. Les gens viennent en masse parce qu’à l’époque il n’y a aucun problème de sécurité. J’ai planté des arbres partout comme je suis de sensibilité écologiste et surtout qu’il y a un potentiel hydraulique assez important. La nappe d’eau est à 4 voire 3 m de profondeur», a mentionné le promoteur.
Pour redynamiser ce complexe, le promoteur sollicite l’appui des bonnes volontés pour des partenariats. Il fonde l’espoir sur le retour progressif de la quiétude dans plusieurs localités voisines considérées comme ‘’zone rouge’’. Ce site qui est situé entre le poste de police et le marché à bétail peut servir d’un coin de passage pour les commerçants qui viennent d’ailleurs dès la veille du jour du marché. «Nous invitons la population à visiter ce complexe pour accompagner le développement économique de notre secteur. Les écoles, les instituts, les institutions nationales, etc. peuvent organiser des sorties, etc. de plusieurs jours ici pour séjourner et s’adapter dans l’esprit éco-touristique dans leur compréhension classique. Le cadre est idéal pour faire des découvertes et se détendre», affirme le promoteur du Caps Tarbanassa.
Cependant, si cette fréquentation tant attendue tarde à venir, le promoteur a le choix et la possibilité de revenir à la case départ, c’est-à-dire revenir sur son idée initiale, faire de l’exploitation agricole, surtout la production de la pomme de terre très répandue dans le Tagazar. «Ma première ambition c’est de faire une exploitation agricole. Par la suite je me suis dit que est-ce qu’il n’y a pas moyen de faire plus. C’est ainsi que j’ai commencé à faire du maraichage ici», a rappelé Barké Doka Mahaman Bachir.
Ismael Chekaré(onep) et Abdoul-Aziz Ibrahim(onep), Envoyés spéciaux