Selon les estimations de l’Institut national de la statistique (INS), la population du Niger devrait passer d’environ 23 millions d’habitants en 2019 à 30 millions en 2030. Cette croissance démographique forte et rapide du pays présente des défis importants en matière de développement économique et social. En effet, le pays fait face à de nombreux défis en matière de protection de l’enfance aggravés par des facteurs comme la pauvreté, la malnutrition, l’accès limité aux services sociaux de base tels que l’éducation et la santé. L’enfant, cet être fragile qui a besoin d’être protégé se retrouve parfois dans des situations difficiles : abandon, rejet, mendicité, délinquance juvénile etc. Ainsi, de nombreux enfants sont livrés à eux-mêmes. Il suffit de sillonner la ville de Niamey pour constater l’ampleur de ce phénomène. Cependant, des efforts sont déployés pour améliorer la situation des enfants, notamment à travers des politiques, programmes et projets de développement de l’éducation et de la santé, ainsi que des initiatives pour lutter contre le travail des enfants et les mariages précoces.
Chaque année, une journée est dédiée à l’enfant Africain. Pour rappel cette Journée a été instituée en 1991 par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), actuelle Union Africaine (UA), à la mémoire des enfants de Soweto en Afrique du Sud, tués sous le régime de l’Apartheid. Depuis lors, le Niger célèbre cette journée en souvenir de ses enfants innocents qui ne revendiquaient que de meilleures conditions d’études.
Pour l’édition 2023, le thème retenu pour la célébration de cette journée est «l’impact de l’environnement numérique sur les enfants et le rôle des sociétés de téléphonie mobile». Pour la directrice de la Protection des droits des enfants au Ministère de la Promotion de la femme et de la protection de l’enfant, Mme Moussa Amina, ce thème est d’une pertinence absolue car, le numérique a certes des avantages mais aussi beaucoup d’inconvénients en particulier sur les enfants. Cette journée sera ainsi l’occasion d’échanger avec les enfants sur les dangers liés à la mauvaise utilisation du numérique.
Au Niger, indépendamment de cette journée de l’enfant africain, le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant a, comme d’habitude, en charge le volet protection des enfants. Dans ce sens, la directrice de la Protection des droits de l’enfant a fait savoir que le Ministère a élaboré un document cadre de protection de l’enfant qui est la Politique nationale de la protection de l’enfant au Niger. En effet, a-t-elle poursuivi, ce document a trois axes spécifiques. Le premier axe est celui de la prévention, le deuxième concerne la prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité et le troisième axe est le renforcement du système national de protection de l’Enfant. «C’est ce document de travail qui permet aux différents agents de service, au niveau central et déconcentré du pays, de prendre en charge la protection de l’Enfant» a-t-elle ajouté. Parallèlement à cela, le Ministère a mis en place le service de protection qui a en charge d’appliquer ces trois axes sur le terrain.
Selon les explications de cette responsable, le Ministère a aussi développé une nouvelle approche communautaire de protection de l’enfant. «Dans cette approche, nous formons les communautés à créer les conditions de la protection de leurs propres enfants c’est-à-dire que les membres de ces communautés deviennent des acteurs de la protection des enfants», a-t-elle souligné. Au total 509.286 enfants ont bénéficié des prestations des services de protection du Ministère ces trois dernières années (2020, 2021, 2022).
D’après Mme Moussa Amina, le Ministère est soutenu par des partenaires comme l’Unicef qui appuie financièrement la mise en œuvre des différents programmes, Save the Children, Plan Niger et bien d’autres structures.
Relativement à la question des enfants dans la rue, la directrice de la Protection des droits de l’enfant a indiqué que ces enfants constituent un très grand défi pour le Ministère. «La question des enfants de la rue est le cheval de bataille de la Ministre» a-t-elle affirmé.
Pour essayer de protéger les enfants, la meilleure stratégie, selon Mme Moussa Amina, c’est de mettre en place un centre qui va les accueillir, les interner et leur fournir toutes les commodités. Indépendamment de l’internat, ils peuvent avoir un service sanitaire, des assistances sociales et un centre d’apprentissage pour leur apprendre un métier, afin de les réinsérer dans la vie sociale. «Pour y arriver, il faut de la motivation et des moyens et ce sont ces moyens financiers qui font défaut car, c’est un gros investissement» a déploré Mme Moussa Amina.
Nécessité de mettre en place une action publique globale et concertée dans ce domaine
Malgré la protection fournie par les familles, la société et l’Etat au Niger, les enfants continuent à subir diverses formes d’abus, de violence et d’exploitation. Toute violences compromet l’avenir de l’enfant. Ces violences provoquent souffrances, dommages physiques et psychologiques. Elles contribuent à la déperdition scolaire et sont souvent source de comportements à risque de la part de l’enfant (agressivité, fugue, délinquance, prostitution, alcoolisme, drogue). Au Niger, toutes les interventions menées pour contrecarrer ces phénomènes demeurent, à ce jour, insuffisantes. En effet, la protection de l’enfant contre toute forme de violence est un objectif qui dépasse les capacités d’action d’un seul secteur. Pour que les enfants soient protégés davantage dans la famille et dans la société un changement des mentalités et des comportements de tous ceux qui ont à faire avec des enfants est nécessaire : parents, responsables, chargés de services, acteurs économiques, etc. Pour atteindre cet objectif ambitieux, il est essentiel que les secteurs sociaux alliés de la protection de l’enfant, en priorité la santé, l’éducation et la communication sociale, entreprennent des actions qui puissent contribuer à la mise à l’abri des enfants et à la création des conditions nécessaires à leur développement harmonieux.
Aminatou Seydou Harouna (ONEP)