Le Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet du Président de la République, M. Foumakoye Gado a participé (au nom du Président de la République), hier après-midi par visioconférence, a un sommet virtuel sur le secteur privé africain en lien avec la mise en œuvre de la ZLECAf. Au cours ce sommet virtuel, qui a réuni plus de 200 participants, le Ministre d’Etat a livré un message du Président Issoufou Mahamadou dans lequel, il a salué cette initiative qui, a-t-il précisé, porte sur des sujets importants pour le développement et l’intégration de l’Afrique. Cela permet d’approfondir la réflexion pour accélérer l’opérationnalisation effective de cette décision historique commune qui constitue l’un des axes forts de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
En amont, le Ministre d’Etat a fait savoir que le Président de la République Issoufou Mahamadou est le lauréat du Prix Mo Ibrahim 2020. Un prix qui récompense le ‘’leadership d’excellence’ ’en Afrique.
(Lire, ci-dessous, l’intégralité du discours du Président de la République lu par le ministre d’Etat Foumakoye Gado).
Rahila Tagou(onep)
«Aujourd’hui, il est heureux de constater que l’Afrique s’est résolument engagée dans l’atteinte des objectifs de la ZLECaf», déclare SE. Issoufou Mahamadou
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais remercier les organisateurs de la présente édition du Sommet du Secteur Privé Africain pour m’avoir associé aux discussions sur des sujets si important pour le développement et l’intégration de l’Afrique. En ma qualité de Champion de la Zone de libre Exchange Continentale Africaine (ZLECaf), je tiens à saluer cette initiative qui permet d’approfondir la réflexion pour accélérer l’opérationnalisation effective de cette décision historique commune, qui constitue l’un des axes forts de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
Aujourd’hui, il est heureux de constater que l’Afrique s’est résolument engagée dans l’atteinte des objectifs de la ZLECaf, comme l’attestent la qualité des négociations que j’ai effectuées avec mes homologues Chefs d’Etat et de Gouvernement et le nombre de ratifications enregistrées, qui permettent de considérer l’Accord sur la ZLECaf comme l’un des instruments africains bénéficiant d’une très grande adhésion des Gouvernements africains. La négociation de l’Accord en deux ans fut également un record pour un instrument de cette nature, mais elle marque surtout la volonté affichée de nos Etats d’aller de l’avant vers le développement que nous souhaitons, à travers le commerce.
Mesdames et Messieurs,
Depuis le 1er janvier 2021, depuis deux mois déjà, la ZLECAf est entrée en vigueur. C’est une très bonne nouvelle pour le secteur privé africain et un bond en avant dans les stratégies du développement et de l’intégration du continent. Il revient maintenant aux pays africains de prendre les dispositions nécessaires pour la mise en œuvre du dispositif que nous avons décidé de créer. Nous devons le faire avec beaucoup de volonté pour rattraper les retards dont a longtemps souffert l’Afrique sur le plan économique.
L’Afrique a instamment besoin de mettre en valeur et de mobiliser son immense potentiel afin d’occuper la place qui lui revient sur la scène mondiale. Et le secteur privé sera au cœur du mouvement de transformation qu’impliquera la mise en œuvre effective de la ZLECaf. Est-il besoin de rappeler que la ZLECaf couvrira un marché de 1,2 milliards de personnes représentant un produit intérieur brut de 2 500 milliards ? Est-il besoin de signaler que l’Afrique sera à l’horizon 2050 la plus grande zone de libre-échange du monde avec un marché de 2,5 milliards de personnes, soit 26% de la population mondiale ?
Nous devrons par conséquent prendre les dispositions nécessaires pour accélérer le processus d’opérationnalisation de la ZLECaf afin de voir, comme le prédisent les spécialistes, l’économie africaine croître deux fois plus rapidement que celle des pays développés. Ces projections estiment par exemple que les entreprises africaines qui sont actuellement confrontées à un tarif moyen de 6,1% lorsqu’elles exportent en Afrique, tarif bien souvent supérieur à leurs exportations hors du continent, ne connaitront plus cet obstacle limitant. Le commerce intra-africain, revigoré par la suppression progressive des droits de douane permettra alors aux entreprises et au secteur privé africains de négocier plus facilement sur le continent, de répondre aux demandes du marché africain en pleine croissance et de profiter des divers avantages qu’il pourrait offrir. D’ailleurs, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) confirme que la ZLECAf pourrait accroître le commerce intra-africain de 52,3 % en éliminant les droits de douane à l’importation, et même le doubler si les obstacles non tarifaires sont également réduits.
Mesdames et Messieurs,
A l’instar du Niger, l’une des préoccupations des autres pays africains est incontestablement la question de l’emploi, et notamment l’emploi des jeunes. Or, les exportations des produits manufacturés et agricoles qui seront induits par la ZLECAf nécessiteront un commerce à plus forte intensité de main-d’œuvre et d’emplois qui seront bénéfiques pour la jeunesse africaine. Les projections sont, ici encore, si éloquentes avec des perspectives qui indiquent la création de 300 000 emplois directs et plus de 2 millions d’emplois indirects, dans un espace économique qui regroupera environ 2 milliards d’habitants d’ici à 2050, avec un PIB de 29 000 milliards de dollars.
Mesdames et Messieurs,
La réalisation de ces perspectives idéales pour le Secteur privé africain dépendra cependant des changements que nous apporterons au niveau des paradigmes que nous privilégions dans nos politiques publiques. En effet, Il faut que nous prenions les dispositions pour diversifier le commerce africain en réduisant progressivement la place accordée aux ressources extractives qui ont toujours représenté la majeure partie de nos exportations avec plus de 75 % d’exportations hors continent entre 2012 et 2014, alors qu’elles se limitaient à moins de 40 % du commerce intra-africain. Aujourd’hui, nous devons tous comprendre que les ressources extractives dont dépendent l’économie et le budget d’un grand nombre de nos pays portent en elles des risques importants de volatilité et d’aléas inhérents à leurs cours sur le marché mondial.
D’une manière générale, le secteur privé doit être un acteur essentiel dans la mise en Œuvre des initiatives phares pour le développement et l’intégration de l’Afrique que sont le Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA),le Programme de développement des l’infrastructures en Afrique (PIDA),le Programme détaillé de développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA), la Vision Minière Africaine (VMA), le Plan d’action pour l’intensification du commerce intra-africain (BIAT).Il doit être fortement sollicité dans la réalisation des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, aéroportuaires, énergétiques et de télécommunication.
Le Secteur privé doit être naturellement le champion du développement industriel en travaillant côte à côte avec les gouvernements africains, afin que l’Afrique puisse transformer ses matières premières et contrôler davantage les chaînes de valeur.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais pour finir exprimer mon optimisme quand à l’avenir du Secteur prive africain et de la place centrale qu’il occupera dans l’Afrique du futur. Cette Afrique de jeunes et de femmes qui constituent la masse critique des populations africaines sera celle de talentueux promoteurs des start-ups que nous auront besoin pour un grand marché africain intégré qui bénéficieront du soutien adéquat des gouvernements africains.
Les instances compétentes africaines dont notre organisation faitière l’Union Africaine, nos Communautés Economiques Régionales, les partenaires et amis de l’Afrique sont tous mobilisés pour la réussite de notre projet commun au service du secteur prive africain.
Je vous remercie de votre attention.