Mlle Salifou Hassane Fatima est une jeune taekwondoïste nigérienne du grand club ‘’Wangari’’. D’aucuns l’appellent affectueusement «Maman Wangari», d’autres «Fatima en Or» ou «Titi». Née le 9 juillet 2001 à Niamey, cette jeune athlète est l’une des meilleures de la capitale dans sa discipline. Ceinture troisième rouge, ‘’Maman Wangari’’ mesure 1 m 73 et tire dans trois (3) catégories à savoir en -62 kg ; -67kg et + 67kg. Dans la vie civile, Titi est une étudiante en licence (GRH) à l’ETEC.
Les circonstances ayant amené Fatima dans le Taekwondo sont pour le moins inattendues et pas du tout agréables. En effet, en 2017, la jeune fille et sa famille avaient été contraintes d’abandonner leur maison et trouver refuge dans l’enceinte de l’école technique Wangari, suite aux inondations qui ont affecté leur quartier. La jeune venait alors quotidiennement regarder les disciples du club Wangari, club qui s’entrainaient dans l’enceinte du lycée technique Wangari au quartier Dan Gao. C’est ainsi que le maître Kobra l’a aperçue et lui a demandé si elle aimerait essayer cette pratique l’assurant qu’elle pourrait gagner beaucoup en s’exerçant. «C’est alors que je commençai à m’entrainer et depuis le premier jour, ce sport est devenu ma passion», rappelle-t-elle.
La jeune pratiquante poursuivit ses entrainements auprès de Maître Oumarou Amadou dit “Bayraykoy“ au sein du même club Wangari de Niamey. Maman Wangari n’a jamais changé de club, elle se bat chaque fois pour gravir les échelons et faire la fierté de son club. À chaque compétition, elle revient toujours avec une médaille au cou. A son palmarès, cette athlète a aujourd’hui 26 médailles dont 11 en Or, 10 médailles d’argent et 5 médailles de bronze. Elle a visité deux pays dans le cadre du taekwondo à savoir la Côte d’Ivoire avec une médaille d’argent et le Ghana avec une médaille d’Or. Fatima a bénéficié d’une multitude d’opportunités grâce à la pratique du taekwondo. Elle jouit aujourd’hui d’une bourse d’études à l’ETEC, de la Licence jusqu’au Doctorat.
Cependant, comme pour beaucoup de génies, le parcours de Fatima n’a pas été facile. «Dans les premières années où je débrouillais pour apprendre le taekwondo, ma maman ne voulait pas que j’y aille ; elle ne me soutenait pas», confie-t-elle. Mais avec le temps et grâce son abnégation et aux succès qu’elle a enregistré, Titi a fini par convaincre sa maman qui est devenue sa première supportrice, l’encourageait et l’aidait beaucoup.
Malheureusement, en 2022 Titi fit une chute grave au G2 International qui s’est tenu en février 2022 à Niamey et s’est retrouvée avec trois fractures dans le dos. Elle pensait ne plus jamais pratiquer ce sport qu’elle aime tant, mais par la grâce de Dieu, elle s’est remise de cette situation et grâce à son courage elle continue à pratiquer ce sport car, elle précise que rien n’est impossible dans la vie.
Cependant l’athlète reconnaît ses difficultés à gérer le temps des études et celui des entraînements. «Mes cours du soir qui coïncident avec les horaires des entraînements. Ce qui me pose des problèmes de déplacement et de disponibilité», dit-elle. Mais, l’esprit guerrier demeure. Titi rêve de montrer à son pays qu’elle peut faire plus et représentant le Niger aux jeux olympiques dans les prochaines années. Elle en est convaincue qu’elle peut réaliser son rêve, et elle y croit dur comme fer. Autant dire que l’on assiste peut-être à l’émergence d’une ‘’guerrière’’ dans les sillages de ceux qui ont fait la renommée du Taekwondo nigérien et la fierté du Niger à l’image d’Alfaga, de Maharana ou de Takiet.
«J’aime le taekwondo, c’est pourquoi je l’ai choisi. Le sport est vraiment important et tout le monde peut le faire. Le taekwondo, ce n’est pas de la bagarre, ni de la haine. Le taekwondo est un sport avant tout, c’est une discipline pour exprimer sa créativité, un sport idéal pour se défouler et tout le monde peut gagner dedans», a-t-elle conclu.
Assad Hamadou (Stagiaire)