Dans la région de Tillabéri, le moringa est produit dans l’aménagement hydro-agricole de Tillakaina et sur plusieurs sites communautaires comme individuels. Selon l’Ingénieur des Eaux et Forêts, le Commandant Madougou Seyni de la Direction Régionale de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification de Tillabéri, « le moringa suscite un très grand intérêt chez les producteurs car, le nombre d’exploitants est estimé à plus de 350.000 exploitants individuels et plus de 61.875 coopératives dans la région de Tillabéri. Sa technique culturale est facile à maîtriser par les exploitants pour qui, c’est une source de revenus mais aussi un appoint alimentaire, disponible presque toute l’année ».
« L’encadrement des producteurs est assuré par les agents des services techniques de l’Etat et ceux des ONG et projets sur le terrain», a-t-il ajouté.
« Une fois le terrain préparé, la production se fait par semis direct ou par plantation. La culture s’étend sur toute l’année avec plusieurs récoltes. Un apport de fumure organique et chimique intervient avant et après l’opération de semis ou de plantation. On sème trois (3) graines par paquet à une profondeur de 1,5 cm. La levée intervient dans les conditions optimales, trois (3) jours après. L’écartement varie de 0,5 m à 1,5m selon les producteurs », a indiqué, Madougou Seyni.
«Après labour désherbage et apport continue d’eau, la première récolte intervient un mois après le semis. Ensuite, la fréquence des récoltes varie en fonction des saisons ; de deux à trois fois par mois en saison des pluies, elle passe à une fois par mois en saison sèche », a-t-il précisé.
Les difficultés rencontrées dans la production du moringa
« Le principal facteur limitant la production, c’est l’eau, car il faut arroser la plante fréquemment. Dans la zone du fleuve, les champs sont souvent éloignés du cours d’eau et la nappe phréatique baisse au fur et à mesure qu’on s’éloigne du lit principal», a-t-il expliqué ajoutant qu’un «autre frein à la production est l’attaque des ennemis de la plante ».
Selon toujours l’Ingénieur des Eaux et Forêts, « pour pallier ce problème d’eau, les perspectives envisagées seraient que, les producteurs cherchent à moderniser leurs systèmes d’irrigation ». « Concernant les ennemis de culture, des produits chimiques sont utilisés », a-t-il ajouté.
« Compte tenu des effets néfastes que peuvent causer ces produits, les techniciens conseillent aux producteurs d’utiliser les bio-pesticides ou de pratiquer la lutte biologique », a-t-il par ailleurs souligné.
La commercialisation de cet aliment
La culture du moringa, surtout ses feuilles fraîches, est pratiquée plutôt pour la vente, que pour l’autoconsommation. Le moringa est l’un des produits dont la demande est très forte. Il est vendu sur place c’est-à-dire sur le site de production. Pour les grands producteurs, les feuilles sont conditionnées dans des sacs et acheminées vers les grands centres urbains.
« La grande partie du moringa produit dans la région de Tillabéri est vendu dans les marchés urbains à Niamey. La vente du moringa a régénéré une somme de 693.750.000F aux producteurs de la région de Tillabéri de Janvier à Juillet 2021 », a affirmé, le Commandant Madougou Seyni.
Dans la commune urbaine de Téra où, sous le financement du PNUD, deux (2) sites d’encadrement de deux (2) hectares chacun, sont mis à la disposition des femmes et des jeunes, de la production du moringa, les femmes de cette commune sont passées à la transformation, a expliqué le Chef de District Agricole de la commune urbaine de Téra, M. Omar Boubacar.
« Le site des jeunes est consacré uniquement à la production, la vente des feuilles et des graines du moringa ».
Concernant la transformation de cet aliment, les femmes font du jus de moringa, l’extraction de l’huile du moringa, du savon et certains produits cosmétiques comme les pommades pour la peau qu’elles revendent.
S’agissant de la commercialisation du moringa, M. Omar Boubacar affirme que Les femmes vendent localement les feuilles fraiches ou séchées mais, elles reçoivent aussi des commandes de l’extérieur avec des pays tels que le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Bénin et même de la France concernant les autres produits à base de moringa.
Pour Mme Boureima Mariama Moussa, trésorière du Groupement Salmaharey, le moringa est une véritable activité génératrice de revenus. Ayant débuté ses activités en 2017, cette femme fait du jus de moringa, les précuits séchés emballés, du biscuit, savon et parallèlement, la transformation d’autres aliments.
C’est dans ce commerce que cette femme mariée et mère de cinq (5) enfants ainsi que les autres femmes du site trouvent non seulement de quoi payer les études de leurs enfants mais aussi, de quoi subvenir à leurs besoins.
Elle a déjà gagné des prix dans la transformation des légumes en légumes précuits séchés avec notamment, le 1er prix qui lui a valu 2.000.000 de Franc CFA lors des activités de Zinder Saboua et le 2ème prix de 300.000 Franc CFA au niveau de Sahel-Niger .
A Téra, cette activité est très pratiquée selon M. Omar Boubacar, vu la vulgarisation que ces deux sites sont en train de faire, car pour les cérémonies de mariage, baptême et funèbres, « c’est vraiment une légumineuse que les gens cherchent beaucoup à Téra », a–t-il ajouté.
«Le moringa a apporté un plus dans la vie quotidienne des producteurs et productrices de Téra et en particulier les jeunes et les femmes qui sont sur le site, parce que ça leur a permis de générer des bénéfices pour développer le secteur des Activités Génératrices de Revenus (AGR) et de faire de l’embouche bovine et des caprins », a conclu le Chef de District Agricole de la commune urbaine de Téra.
Un peu partout dans la région, les difficultés communes dans la production du moringa sont l’eau et les attaques des ennemis de la plante, et au niveau de la transformation, l’extraction des graines que les femmes font à la main pour avoir le jus d’où un cri de cœur de ce dernier aux bonnes volontés et aux partenaires au développement pour les appuyer avec des machines pouvant les soulager dans cette tâche.
Mahalmoudou Touré Maïmouna, ONEP-ANP/Tillabéri