Pourquoi Histoire et Développement National ? Parce que le développement a été toujours tributaire de l’histoire. On était parti toujours de quelque chose d’ancien pour faire quelque chose de nouveau. Parce que les hommes ont toujours imité pour fabriquer ; pour concevoir. Personne n’était parti du néant pour inventer ; on a eu toujours à imiter. Tant il est vrai qu’Emile Chartier plus connu sous le sobriquet d’Alain a eu raison de dire ceci de fondé : « C’est en copiant que l’on invente. Il n’existe point d’architecte qui puisse dire : je vais oublier tout ce que les hommes ont construit. Qui n’imite point, n’invente point ».
En attendant de démontrer la corrélation existant entre l’histoire et le développement, définissons les deux concepts ; c’est-à-dire l’histoire et le développement.
A l’école primaire, il nous a été appris que l’Histoire est une science qui nous raconte ce qui s’est passé autrefois. L’histoire évoque donc le passé en bien comme en mal.
Dépassant le cadre de l’école primaire, l’Histoire a été définie comme étant la science qui parle des évènements, des faits, de l’humanité, d’une société, et d’un homme.
De façon résumée, l’Histoire d’une manière générale ne parle que des faits et des évènements qui s’étaient passés autrefois. Elle n’évoque donc que le passé. En clair, c’est une science qui ne parle que des actes que les hommes ont posés, des faits importants, des événements majeurs, ayant eu cours dans la vie des hommes.C’est donc le passé des hommes qui est son domaine de prédilection.
Quant au Développement, de façon terre à terre, on peut le définir comme étant un processus de changement d’une situation de précarité à une situation d’épanouissement ; d’une situation de misère totale et noire à une situation évolutive d’opulence réelle.
A un certain niveau qui dépasse « le terre à terre », on peut définir le Développement, comme suit : c’est l’amélioration qualitative et durable d’une situation de vie déplorable, vers une situation de vie meilleure.
Quelle corrélation existe entre les deux concepts susmentionnés ?
La corrélation manifeste et incontestable existant entre l’histoire et le développement national se situe au niveau des hommes qui font l’histoire et à travers les actes positifs et concrets que ceux-ci posent pour le développement national. Ainsi, il nous est loisible d’évoquer le cas de quelques grands hommes de l’histoire pour démontrer, pour prouver, pour corroborer, le fait qu’il y a un lien étroit entre l’histoire et le développement national.
Commençons donc par la Chine Populaire, laquelle aujourd’hui est la véritable référence d’un développement national véritable réussi. En 1949, lorsque Mao Tsé Toung à la tête des troupes communistes avait réussi à vaincre les troupes nationalistes de Tchang Kai Tchek et lesquelles se refugièrent en catastrophe dans l’île de Formose (Taiwan), la toute première préoccupation était d’assurer le bol de riz quotidien à tous les chinois qui déjà atteignaient le milliard d’habitants. L’autosuffisance alimentaire nettement assurée, le Timonier National, c’est-à-dire Mao Tsé Toung, pensa au développement industriel. Des initiatives salutaires comme le Grand Bond en avant de 1958 et la Révolution Culturelle de 1966, furent initiées avec plus ou moins de succès. Et lorsqu’en 1977, Deng Xiaoping parvint à la tête de la Chine Populaire, du fait des nouvelles orientations politico-socio-économiques, la Chine Populaire que certains considéraient comme arriérée ad vitam aeternam se développa de façon merveilleuse et étonna le monde entier. Tant il est vrai qu’Alain Peyrefitte, un Garde des Sceaux Français avait eu raison de prévenir, en publiant le livre intitulé ‘’Quand la Chine s’éveillera’’.
Jusqu’en 1922, la Turquie était du fait des traditions rétrogrades, un îlot de pauvreté dans un océan européen de prospérité. A son avènement donc au pouvoir en 1922, Mustafa Kemal Atatürk se résolut à changer de fonds en comble la Turquie pour en faire un Etat moderne à l’image des pays européens qui l’environnent. Et il a réussi son pari, car la Turquie aujourd’hui dépasse de loin sur le plan socio-économique de nombreux pays d’Europe lesquels sont de vielle tradition gréco-latine.
Les Etats Unis d’Amérique, grâce à la maestria du Président Roosevelt Franklin Delano, qui s’était entouré de technocrates crédibles et en initiant le Brainstorming ou « accouchement d’idées », put sauver son pays et par ricochet le monde entier de la crise économique de 1929. La crise économique éradiquée, son engagement patriotique aux côtés des puissances alliées lors de la seconde guerre mondiale de 1939 à 1945, suite à l’attaque par le Japon de la base américaine de Pearl Harbour, en fit un héros national. La reconnaissance du peuple des Etats Unis, se manifesta par sa réélection à la tête du pays par trois fois. Ainsi, il resta à la tête des Etats Unis de 1933 à 1944, date sa mort glorieuse.
La Corée du Sud, jusqu’en 1960, avait un tant soit peu le même niveau de vie que beaucoup de pays africains ayant fraichement accédé à l’indépendance politique. Toutefois de 1960 à nos jours, grâce à l’action déterminante des dirigeants comme : Syngman Rhee, Park Chang, Chun Doohwan, la Corée du Sud se développa de façon spectaculaire.
Les Emirats Arabes Unis, jusqu’ hier était encore un désert quasiment infertile paraissant même « invivable ». Mais du fait de la détermination manifeste des différents Emirs qui se succédèrent à la tête de l’Etat, le pays connut une métamorphose phénoménale ; une sorte de paradis, une destination de rêve, vers laquelle le monde entier converge, et un pays dont les dirigeants sont courtisés assidûment par les grands de ce monde.
Singapour, grâce à la détermination du Premier Ministre Lee Kuan Yew qui depuis 1965 préside aux destinées de cette île du sud-est de l’Asie, le pays connait un essor économique phénoménal, jamais démenti. C’est un véritable changement socio-économique, du fait du premier responsable politique cité plus haut, et que le peuple accompagne allègrement.
En Afrique même, après la période coloniale, la Côte d’Ivoire de 1960 à 1990, sous la férule clairvoyante du Président Félix Houphouët Boigny connut un développement prodigieux, phénoménal et inédit. En tout cas jusqu’à la détérioration des termes de l’échange ayant compromis les exportations de cacao et de café, à partir de l’année 1990, la Côte d’Ivoire avait été l’eldorado dans cette partie ouest africaine du continent noir. Et il l’était à l’inverse de certains pays de la même zone géographique, dont le développement fut compromis par la mégalomanie de leurs dirigeants politiques.
Au Dahomey (actuel Bénin), depuis le coup d’Etat de 1963 de Christophe Soglo, le pays connaissait des soubresauts et des convulsions politiques. Compte tenu du manque d’un certain consensus national, il eut une période où un triumvirat s’était proposé de diriger alternativement le pays. Le 12 octobre 1972, le Chef de Bataillon Mathieu Kérékou arriva au pouvoir suite à un coup d’Etat. Il mit fin à la cacophonie politique. Il engagea résolument le pays dans une voie nouvelle de développement véritable. Il accorda plus d’importance au monde rural à telle enseigne que les productions agro-silvo-pastorales enregistrèrent des excédents mémorables. Il créa également des unités industrielles pour transformer le surplus des productions engrangées.
La belle expérience béninoise commença à émerveiller certains des pays africains. Pour que cela ne fît pas école, on décida de l’arrêter. Le 16 janvier 1977, des mercenaires français, aidés de certains béninois égarés, ayant à leur tête le tristement célèbre Bob Denard, tentèrent de renverser le régime du futur Général Mathieu Kérékou. Mais ils échouèrent lamentablement dans leur funeste entreprise. Et le régime put se consolider.
Dés lors le régime de Mathieu Kérékou, n’eut de cesse de connaitre des coups de boutoir, jusqu’en 1989 où exsangue financièrement, il connut des difficultés socio-économiques entrainant le paiement irrégulier des salaires. Les conclusions du Sommet France Afrique de la Baule en France en 1990, liant l’aide financière à apporter, par l’instauration du multipartisme intégral, finirent par avoir raison du « noble régime » du Général Mathieu Kérékou.
En dépit de tout cela, il n’en demeure pas moins qu’une conscience citoyenne nationale fut créée, faisant en sorte que le Bénin fut le premier pays d’Afrique à organiser une Conférence Nationale Souveraine que les autres pays d’Afrique imitèrent chacun à sa manière à partir de l’année 1991.
Toutefois compte tenu de la reconversion politique véritable réussie du Général Mathieu Kérékou, eu égard aux actes positifs qu’il avait posés, il revint au pouvoir suprême en 2006 et fit même deux mandats politiques et resta ainsi au pouvoir jusqu’en 2016.
La Haute-Volta, ce pays, suite à la révolution du 4 août 1983, connut des changements notables. Non seulement le pays changea de nom, de drapeau et d’hymne national, mais il connut de profondes transformations sociologiques importantes. En effet, sous la férule clairvoyante et intransigeante du Capitaine Thomas Sankara, leader incontestable de la dite révolution, la Haute-Volta qui devint Burkina Faso, compta sur ses propres fils et sur ses propres ressources locales pour amorcer son développement national véritable et rompre d’avec la misère toute noire qui le corrodait.
Des actions multiples et multiformes furent engagées dans tous les domaines pour faire du Burkina Faso, un Etat souverain, viable, crédible et fiable. Le leitmotiv du Capitaine Thomas Sankara, était ceci : « comptons d’abord sur nos propres potentialités ; soyons nous-mêmes au devant de nos actions de développement national…». Et cela marcha à merveille, car sur tous les plans la production fut décuplée ; le patriotisme ardent fut ravivé ; les mœurs sociales changèrent ; le Burkinabé se transforma positivement. Même si la fameuse bataille du rail engagée avec l’énergie du désespoir, ne put être menée à terme du vivant du Capitaine Thomas Sankara, car lâchement assassiné par les laquais locaux du l’impérialisme le 15 octobre 1987, il n’en demeure pas moins que le Capitaine Thomas avait créé une certaine conscience nationale à l’endroit du peuple Burkinabé, en l’amenant à ne compter que sur ses propres forces pour son développement national. C’est un exemple à suivre.
Même chez nous au Niger, des efforts méritoires furent accomplis de 1960 à 1987. Ces efforts titanesques et méritoires furent nécessaires parce que pendant la colonisation française, le Niger n’avait été qu’une colonie Cendrion ; en tout cas, mal aimé de la Métropole.
Il eut ainsi le Président Diori Hamani qui lutta pour faire accéder le Niger à l’indépendance politique le 3 août 1960. Puis par la suite dans tous les domaines de la vie socio-économique, il apporta des changements notoires. Ce dont les Nigériens se devaient de se souvenir, c’était la mise en œuvre d’une série d’unités industrielles, de structures hôtelières et commerciales, bref de petites et moyennes entreprises pour booster le développement national.
Il eut aussi le Général Seyni Kountché qui faisant davantage, contribua à un changement de mentalités, accéléra le développement du Niger en modernisant les structures étatiques existantes et en créant de nouvelles autres pour promouvoir le développement et tout cela à partir du budget national. Mais ce que surtout le Général Seyni Kountché créa à l’endroit des Nigériens, c’est l’amour du travail, la préservation du bien public, la quête de dignité, la recherche perpétuelle de la vertu. Tant il est vrai que Napoléon Bonaparte a eu raison de dire : « La première des vertus, c’est le dévouement à la patrie ».
Même de nos jours, c’est-à-dire, en ce 21ème siècle de l’ère chrétienne, il y a des pays africains où du fait du leadership du dirigeant suprême et de l’accompagnement manifeste et incontestable du peuple, ceux-ci se transforment de façon positive. C’est le cas du Bénin de Patrice Talon, c’est le cas du Sénégal de Macky Sall et c’est le cas du Rwanda de Paul Kagamé. Pour tout celui qui avait connu ces pays auparavant, et qui aujourd’hui les visite, il va percevoir les mutations socio-économiques importantes intervenues. Dans cette chronique, nous nous appesantirions volontiers sur le Rwanda lequel en 1994, avait été victime de la pire des tragédies humaines.
Le Rwanda, point n’est besoin de rappeler que du fait de la bêtise humaine, que ce pays d’Afrique australe, connut la pire tragédie de son histoire. En effet, quelques 800.000 personnes furent bêtement assassinées lors d’un génocide d’une partie de la population, planifié et exécuté ‘’de main de maitre’’.
Mais depuis l’avènement au pouvoir du Président Paul Kagamé, le Rwanda a réussi à panser ses plaies, à amorcer son développement, du fait de son leader qui à l’instar du Capitaine Thomas Sankara compte d’abord sur ses propres forces et sait obtenir ce qu’il veut sans pour autant faire la roue comme le paon et sans se faire tourner en bourrique.
Si nous avons tenu à évoquer le cas de ces grands hommes de l’histoire qui ont fait leurs preuves, c’est pour démontrer que lorsque la volonté politique prévaut et si celle-ci est accompagnée de la volonté populaire, la transformation positive d’un pays, n’est qu’une affaire de temps. C’est aussi pour que cela serve de référence aux générations actuelles et futures. Il est bon de toujours s’inspirer de quelqu’un pour bien bâtir. Et ce n’est pas sans raison que Hébrart a dit ceci de fondé : « Si tu veux tracer tout droit ton sillon, attache ta charrue à une étoile ».
Peut-être que l’on nous dirait, que les pays que nous avons cités comme pays modèles ayant réussi leur développement national, ou sont en train de le réussir, disposent de l’argent ; en tout cas, disposent de ressources financières émanant de la vente de produits pétroliers dans la plupart des cas. Cela est indéniable ; le nerf de la guerre est absolument nécessaire pour faire le développement. Mais cela seul ne suffit pas. Cela seul ne suffit pas, parce qu’il faut une forte dose de patriotisme ardent ; parce qu’il faut avoir le feu sacré du développement national ; c’est à dire une passion pour le développement national ; parce qu’il faut l’apport de certains agrégats, autre que l’argent. Des facteurs essentiels concourant manifestement au développement national vrai.
Il y a ainsi dix (10) facteurs essentiels qui favorisent le développement national véritable. Ces facteurs essentiels sont les suivants : le leadership fécond, la transformation de l’école en un outil de développement, « la création » d’une conscience nationale véritable à l’endroit de la jeunesse, la contribution des intellectuels à l’effort du développement, le changement radical des mentalités rétrogrades, la ruralisation du développement national, la répartition équitable de toutes les ressources, la cohésion sociale et l’unité nationale, la revalorisation des valeurs culturelles traditionnelles, et la valorisation de la justice sociale.
Le leadership fécond. Sans un leader clairvoyant et intransigeant qui va orienter les actions de développement, aucun développement national véritable n’est possible. Partout où le développement avait été possible, c’était parce qu’il y avait eu un bon leader qui savait cequ’il voulait et qui ne transigeait pas sur les principes ; en clair, quelqu’un qui savait garder l’église au milieu du village ; c’est-à-dire quelqu’un qui savait être à cheval sur les principes fondamentaux, pour en faire le bonheur de ses concitoyens souvent malgré eux. Et ce n’est pas sans raison que Napoléon Bonaparte a dit : « On ne conduit le peuple qu’en lui montrant un avenir ; un chef est un marchand d’espérance ».
L’école héritée de la colonisation pour être féconde doit être transformée pour en faire une école au service du développement véritable. Le colonisateur européen en instituant l’école formelle avait fait cela selon des objectifs spécifiques et précis qu’il voulait atteindre. Au sortir de la colonisation, l’école coloniale aurait du faire l’objet de transformation véritable pour en faire une école de développement. Selon les exigences du milieu de vie, il eut fallu la changer radicalement pour qu’elle pût résoudre les problèmes de développement qui se posaient et même qui se posent avec acuité aujourd’hui au pays en voie de développement.
Pour promouvoir le développement national, il faut donc changer l’école coloniale pour en faire une école de développement. On pourrait en faire une école qui dorénavant produirait plus d’ouvriers, plus de techniciens qualifiés, que d’intellectuels au verbe facile, mais incapable de concevoir quelque chose d’utile à la société. Il faut adopter l’école à la situation du moment ; il faut en faire un véritable outil de développement national. Pour cela, il faut la réformer de fond en comble et adhérer à l’idée du Sociologue-Pédagogue Emile Durkheim qui a si bien dit: « L’homme que l’éducation doit réaliser en nous, ce n’est pas l’homme tel que la société l’a fait ; mais tel que la société veut qu’il soit ; et elle veut tel que le réclame son économie intérieure ».
La création d’une conscience nationale véritable à l’endroit de la jeunesse est absolument nécessaire. Il faut faire en sorte que la jeunesse qui constitue le fer de lance de tout développement, soit consciente véritablement. C’est-à-dire qu’elle soit une jeunesse qui sait d’ores et déjà que la construction du pays repose sur ses épaules. Une jeunesse qui est imaginative, une jeunesse qui croit à un idéal, une jeunesse responsable qui a la volonté manifeste de changer les choses de manière positive, une jeunesse qui n’attend pas que les alouettes rôties, tombent du ciel. Mais une jeunesse qui sait avoir l’initiative du développement. Une jeunesse consciente, une jeunesse pugnace, une jeunesse qui a la volonté manifeste de contribuer positivement à la construction de son pays. Une jeunesse qui ne va qui ne va pas regarder le fleuve Niger couler comme ça, alors même qu’il y a des possibilités de sa mise en valeur. Une jeunesse qui sait être pragmatique au lieu d’être attentiste et résignée.
Toutefois, pour qu’une conscience nationale se crée à l’endroit de la jeunesse, il faut que les adultes et autres anciens pèchent par le bon exemple. Il faut que des exemples certains de patriotisme, de nationalisme, de civisme, de probité, de vertu, de responsabilité, de débrouillardise, de pugnacité, voire de chasteté, fussent démontrées aux générations montantes. Il est absolument nécessaire de montrer le bon exemple. Mao Tsé Toung pour démontrer que la jeunesse chinoise doit être résistante, se baignait en plein hiver dans le fleuve jaune. Le Général Seyni Kountché pour démontrer aux nigériens que la vie mondaine ne l’intéressait pas outre mesure, avait vécu dans son logement de Chef d’Etat-major jusqu’à la fin de sa vie. Le Capitaine Thomas Sankara s’était contenté de son salaire de Capitaine de l’Armée, jusqu’à ce qu’il fût rappelé à Dieu. Tant il est vrai qu’Ernest Renan a eu raison de dire : « Pour obtenir des hommes de simple devoir, il faut leur montrer l’exemple de ceux qui les dépassent ; la morale se maintient par les héros ».
Les intellectuels doivent apporter leur contribution à l’effort du développement national
Par des écrits de bonne facture, ils doivent apporter leur pierre à la construction du pays. Ils doivent par des propositions pertinentes jouer leur partition dans le cadre du développement national. Dans tous les pays du monde où le développement avait été une réalité palpable, irréfutable, concrète, c’était parce que les intellectuels s’étaient beaucoup investis dans la recherche de solutions concrètes susceptibles de favoriser le développement national véritable.En plus des écrits, ils doivent par des conférences sur des thématiques prégnantes sensibiliser la jeunesse et lui faire prendre conscience de son rôle de « soldat de la République » qui doit combattre le sous-développement.
Les mentalités rétrogrades héritées des conceptions ancestrales incompatibles avec la bonne marche du monde actuel, doivent être abandonnées. Il faut s’inscrire dans la marche du changement véritable pour pouvoir évoluer vers le progrès véritable. Il y a des préjugés négatifs, des conceptions anciennes de vie qu’il faille reléguer dans les oubliettes de l’histoire, afin d’être à l’aune du développement tous azimuts. Il faut se convaincre d’une vérité de la Palice, c’est-à-dire d’une vérité incontestable, c’est que tant que les sociétés africaines resteront accrochées à des conceptions rétrogrades de vie souvent régressives, aucun développement véritable n’est possible. Sans pour autant abandonner nos valeurs culturelles cardinales, il faut s’inscrire dans la modernité féconde.
La ruralisation du développement national doit être la priorité des priorités. C’est-à-dire que le développement concomitamment au milieu urbain doit aussi intéresser le milieu rural. Il faut voir au niveau du milieu rural toutes les possibilités de développement au niveau local et mettre en valeur lesdites potentialités. Ainsi s’il y a des vallées de cours d’eau qu’il conviendrait d’aménager, eh bien, il faut le faire pour accroitre la production agricole. S’il y a possibilité de construire des routes pour favoriser la circulation des biens et des personnes, eh bien, il faut le faire. S’il y a des possibilités de faire des adductions d’eau potable et de possibilités d’électrification, eh bien, il faut le faire. S’il y a des possibilités de construire des écoles primaires, des écoles secondaires, des instituts technologiques, des maternités, des dispensaires, des centres d’alphabétisation, des écoles agricoles, eh bien, il faut le faire. Pour une question d’équité, toutes les régions du pays doivent être intéressées par ces efforts louables de développement national.
La répartition équitable de toutes les ressources dont le pays dispose est un gage véritable de cohésion sociale et de paix permanente. Pour que toutes les communautés se sentent appartenir à un pays quelconque, il faut faire en sorte que les richesses nationales soient profitables à tous. En aucune façon, il ne doit y avoir la moindre iniquité dans la répartition des ressources d’un pays quelconque. La répartition équitable des ressources est d’autant plus que nécessaire, qu’elle ne favorise pas les conflits sociaux et autres guerres fratricides.
La « construction » de l’unité nationale est la condition sine qua none de tout développement national vrai.Des exemples de guerres fratricides enregistrées dans certains pays africains, ont démontré la nécessité absolue de fédérer l’ensemble des filles et des fils d’un pays afin que la cohésion sociale soit une donnée permanente et que la paix sociale règne ad vitam aeternam.
Au Niger glorieux et éternel, Dieu dans son infinie miséricorde, nous a nantis de trois facteurs naturels essentiels. L’islam, les mariages interethniques et la parenté à plaisanterie. A ces facteurs naturels incontestables, il faut ajouter les actes positifs posés par les premières et deuxièmes autorités politiques de l’après indépendance politique pour fédérer les Nigériens. A priori, il n’y a aucun risque manifeste de bouleversement social. Il s’agit de façon quotidienne de renforcer et de consolider l’unité nationale pour le bien éternel du peuple du Niger.
Aucun des pays dont nous avons cité en exemple précédemment, n’avait fait table rase définitivement de ses valeurs socioculturelles les meilleures. Au contraire tous avaient eu à valoriser leurs valeurs culturelles cardinales héritées des ancêtres. D’ailleurs certaines de leurs valeurs avaient servi d’inspiration pour « bâtir » quelque chose de nouveau et de merveilleux.
Au Niger glorieux et éternel, nous avons un certain nombre de valeurs culturelles cardinales nationales qu’il serait préjudiciable d’enterrer ad vitam aeternam. Ces valeurs culturelles positives ancestrales sont les suivantes : l’amour du prochain, le respect du prochain, la tolérance, la solidarité, l’altérité, le respect de la parole donnée, l’inexistence de l’ingratitude, la reconnaissance perpétuelle du bienfait, le culte de la dignité, la crainte de la honte, le courage frisant la témérité, l’honnêteté, le respect du bien d’autrui, le patriotisme, le nationalisme, le civisme, la pudeur, la chasteté, l’entretien de la vertu, l’intégrité, l’amour du travail producteur, le respect et la considération du voisin, le rejet manifeste de toute chose abominable, le respect du droit d’ainesse, le respect intégral et permanent des anciens, le refus manifeste de toute chose en contradiction avec nos mœurs culturelles ancestrales.
Des valeurs cardinales positives à sauvegarder coûte que coûte, car le monde a changé du fait de la « mondialisation dévorante ». De nos jours, un peu partout dans le monde, des structures étatiques censées valoriser la morale sont elles-mêmes perverties. Des personnes assermentées censées valoriser la morale sont elles-mêmes corrompues. Des institutions de formation chargées valoriser la morale sont devenues immorales. Les valeurs positives ayant sous-tendu le monde depuis la nuit des temps, sont reléguées dans les oubliettes de l’histoire. Alors, une véritable prise de conscience est absolument nécessaire de la part de l’Etat au premier chef, de la famille au second chef, de la société au troisième chef et de l’école au quatrième chef. L’école aujourd’hui est la structure sociale la mieux placée de toutes, pour impulser le changement dans l’esprit des générations actuelles et futures. Pour y parvenir, il faut concevoir de nouveaux curricula (programmes d’enseignement) qui vont prendre en compte les valeurs culturelles ancestrales les plus positives. Il faut amener les générations actuelles et futures à changer de comportement, pendant qu’il est encore temps.
La justice sociale est en quelque sorte la clé de voûte de tout développement national vrai
Dans un pays où l’on lutte de façon manifeste et équitable contre l’impunité, les citoyens vont avoir incontestablement une confiance aveugle à l’endroit des dirigeants et ils vont se mettre de façon résolue au travail et apporter leur pierre à l’édification de la nation. La justice sociale qui n’implique que la justice tout court, doit être la même pour tout les citoyens. Un pauvre vole un œuf, il doit aller en prison. Un riche vole un bœuf, il doit aller en prison. La culture de la justice sociale doit prévaloir, car elle est une condition sine qua none de développement national véritable.
Voilà donc en quelque sorte les dix facteurs essentiels qui favorisent le développement national vrai. Toutefois la jeunesse doit savoir que le développement national vrai, repose essentiellement sur ses épaules, du fait de cette jeunesse de corps et même d’esprit qui la caractérise. La jeunesse doit regarder dans le rétroviseur de l’histoire, pour faire mieux que ses devanciers et ses pères. Tant il est vrai que la devise de l’Université d’Antananarivo (Madagascar) doit être intériorisée par tous les jeunes, car elle recommande ceci de fondé : « Honte à celui qui ne fait mieux que son père ».
Mais la jeunesse doit à l’instar des chinois qui observant la grande muraille de Chine et qui découvrant la volonté manifeste de leurs aïeux, ont décidé de faire mieux qu’eux, tout en s’y inspirant. Il faut donc que la jeunesse soit responsable et entreprenante ; il faut qu’elle prenne la résolution manifeste de suer sang et eau pour promouvoir le développement national véritable. Aussi il nous plait de conclure cette Tribune Libre par cette citation lumineuse du Pilote et Ecrivain Français Antoine de Saint Exupéry qui a si bien dit : « Etre homme, c’est être responsable ; c’est connaitre la honte en face d’une misère qui ne semble pas dépendre de soi ; c’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée ; c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde». Fin de citation.
Par Elhadj Moumouni Mahamane Sani
Inspecteur de l’Enseignement du Premier Degré à la retraite.