Le don de sang constitue l’un des gestes les plus simples et louables pour sauver des vies. Cet acte doit être répétitif pour éviter toute rupture au niveau du Centre National de Transfusion Sanguine. Toute personne en bonne santé, âgée de 18 ans au plus, ayant au moins 50 kg au plus, ne présentant pas de risque de transmettre des maladies infectieuses, peut donner son sang. En plus de ces détails, plusieurs autres contre-indications pourraient dans certains cas écarter un donneur définitivement du don de sang. Ainsi, Mme Fatoumata Tilli Gaoh, présidente de Tchémaya, une ONG nationale de développement qui a pour devise ‘’Sang, Vie, Solidarité’’ se donne plusieurs objectifs dans ce sens. L’ONG œuvre notamment pour promouvoir « la culture du don de sang » en vue de l’ancrer dans nos réalités quotidiennes.De sa création en mars 1998 à décembre 2001, l’ONG Tchémaya-Niger a recruté 19. 215 donneurs bénévoles de sang. Au Niger, selon Mme Fatoumata Tilli Gaoh, 7 femmes en moyenne sur 1000 perdent leur vie à l’occasion de la grossesse et/ou de l’accouchement. Tous ces décès maternels sont dus soit à une hémorragie, une anémie, des ruptures utérines, ou encore des rétentions placentaires. Parmi les victimes innocentes de cette catastrophe figurent selon elle, les femmes issues des milieux défavorisés et habitant généralement les milieux urbain comme rural. « Il est pourtant possible d’éviter cette hécatombe à nos sœurs, nos filles, nos épouses, nos mères en acceptant de donner volontairement et aussi souvent que possible quelques gouttes de sang », a-t-elle confié.
Mme Fatoumata Tilli Gaoh a enfin indiqué que ce liquide biologique ne peut au stade actuel de l’évolution de notre société et pour des raisons d’ordre à la fois moral et éthique être mis sur les comptoirs des officines pharmaceutiques, encore moins auprès des vendeurs ambulants de médicaments. Au regard de cette réalité troublante, la disponibilité de sang reste une préoccupation quotidienne des pouvoirs publics au plus haut niveau.
Tous les jours ou presque, le hall d’attente du CNTS reçoit des dizaines de donneurs de sang toutes catégories confondues. En effet, ZM, un donneur régulier, indique qu’il considère le don de sang comme un acte louable susceptible de soulager les personnes qui sont dans le besoin surtout ceux atteintes de drépanocytose.
« Le besoin est de plus en plus pressant. Les appels au don de sang sont régulièrement lancés et relayés par les médias sociaux. Mais, beaucoup de nos compatriotes hésitent encore à faire le premier pas en direction du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) pour une raison ou une autre », a-t-il indiqué. Aussi, il a rapporté que les autorités sanitaires, notamment les responsables du CNTS ont toujours eu à relever cet état de fait dans leur ultime effort d’amener les donneurs à se manifester. Selon notre donneur, beaucoup de Nigériens se présentent chaque jour au CNTS pour donner leur sang à “une personne inconnue”, par charité. « Mais, il faut le dire net sans ambages que souvent le CNTS accueille mal, sert mal les donneurs. Aussi, qu’il s’agisse des donneurs volontaires sensés avoir un traitement de “faveur” » ou encore ceux qui sont obligés de se plier à cet exercice pour un parent, ami ou connaissance malade, l’accueil et le service restent à désirer ». Notre interlocutuer, ZM dit avoir remarqué, sans surprise, une sorte de négligence frisant le mépris de la part du personnel de cet établissement social public. « Aller au CNTS, donner du sang et sortir avec une satisfaction au visage, autre que celle d’avoir fait œuvre utile, est impossible. En effet, il est fréquent de constater que l’insuffisance criarde du personnel tant à l’accueil qu’au niveau du prélèvement, occasionnant de longues minutes voire plusieurs heures d’attente ». « Tenez bien, pas plus tard que le 29 mars dernier, pendant que le hall d’attente était plein à craquer, il n’y avait qu’un seul agent à la réception à qui on a adjoint une stagiaire, une seule salle de contrôle sur les deux que compte le centre est opérationnelle, obligeant les donneurs à se trouver leur propre formule de passage. Interpelée, une dame évoque l’insuffisance du personnel du centre. Dans la salle de prélèvement, certes un peu rafistolée et dotée de places supplémentaires, il n’y avait que trois agents allant d’un donneur à un autre. Il s’agit d’une situation inacceptable qui mérite une attention particulière de la part du ministère de tutelle qui doit au moins doter le Centre d’un personnel en nombre suffisant », a-t-il confirmé. « Le paradoxe est de dire qu’il manque du sang, d’appeler les nigériens à aller donner ce sang et ne peut pas être en mesure de faciliter la tâche aux donneurs ». Il a enfin souligné qu’il est tout de même incongru de la part du CNTS de déplorer le manque de sang dans les banques, ou encore le peu d’engouement des nigériens à donner leur sang alors que le centre ne se donne pas la peine d’offrir un service de qualité aux donneurs volontaires. Elèves et autres groupes se présentent régulièrement au CNTS à l’effet de faire ce geste noble. Mais nombreux sont déçus de constater des pratiques pas assez encourageantes de la part du personnel.
Par Rachida Abdou Ibrahim(onep)