Pour rappel, l’arrêté N°006/MC/DG/DCI/LCVC du 04 février 2021, a fixé ainsi les prix de vente du gaz sur tout le territoire de la République du Niger : bouteille de 12 ,5 kg : 3750 F CFA ; bouteille de 6 kg : 1800 ; bouteille de 3 kg : 900 F CFA. Mais, dans la pratique, ces prix ne sont pas respectés. La bouteille de 12,5 kg est vendue à 4.000, 5.000 jusqu’à 6000 FCFA d’un quartier à un autre. Celle de 6kg est vendue à 2.500 FCFA. Une situation qui embarrasse les consommateurs.
L’Autorité de Régulation du Secteur de l’Energie (ARSE) a effectué une mission de terrain le 17 octobre 2022, au niveau des centres emplisseurs de gaz de la capitale pour contrôler le respect des prix fixés par l’État et aussi vérifier le volume du gaz dans les bouteilles. À l’issue de ce contrôle, 3 centres emplisseurs sont fermés et 4 autres ont écopé d’amendes pour non-respect de la règlementation en vigueur. Malgré les sanctions, le gaz n’est toujours pas vendu aux populations aux prix fixés par l’Etat. Pire, après ce contrôle suivi de sanctions, on a constaté une pénurie du gaz à Niamey. Certains revendeurs ont créé une pénurie artificielle tout en refusant de vendre aux prix fixés par la loi.
M. Mahamadou Tanimoune, détaillant au quartier château 9, vend le gaz conformément aux prix fixés par la loi. Mais depuis le contrôle de l’ARSE en octobre 2022, dit-il, il est confronté à un problème d’approvisionnement. « Nous recevons le gaz à compte-goutte. Je ne connais pas les raisons. Ça fait des jours que nous sommes en rupture, mais ce soir, à la date du 4 janvier, nous n’avons reçu que 13 bouteilles de 6 kg ». Contrairement à Mahamadou, d’autres revendeurs ne respectent pas les prix fixés par la réglementation en vigueur. Non loin de son point de vente, au quartier Zabarkan, la bouteille de 12,5 kg est cédée entre 4.000 et 4.500 F CFA. Le gérant n’a pas accepté de nous expliquer les raisons de cet état de fait.
Mme Minatou du quartier Riyad, raconte avoir fait le tour des différents points de vente du quartier à la recherche du gaz, mais elle n’en n’a pas trouvé. Suite à une perturbation, il y’ a quelque mois, elle était obligée de changer sa bouteille habituelle pour prendre une autre sans référence. Pour elle, l’essentiel est de se procurer cette denrée indispensable pour la cuisson. Après épuisement, la recharge était difficile pour Mme Minatou car son fournisseur ne reçoit plus de gaz. Elle s’est donc vue contrainte d’acheter de nouvelles bouteilles. Elle souligne qu’elle a eu la recharge de la nouvelle bouteille de 12,5 kg à 5.000 F CFA.
M. Ali Maiga, père de famille soutient que lui aussi a acheté respectivement la bouteille de 12,5 kg et 6 kg à 5.000 et 2.500 F CFA au marché Bonkaney, au cours de la semaine.
En 2012, les autorités nigériennes ont lancé une vaste campagne de promotion du gaz domestique. Ainsi, depuis le début de la commercialisation du gaz domestique, pour qu’il soit accessible à bon prix aux consommateurs et pour contribuer à lutter contre la désertification, l’État ne prélève aucune taxe sur la commercialisation du gaz. D’après le bulletin N°7 de l’ARSE, 2022, la production au niveau de la raffinerie de Zinder, SORAZ du gaz de pétrole liquéfié est estimée à 190 tonnes par jour dont 120 tonnes destinées au chargement des camions soit 8 par jour.
Cependant, selon le premier rapport biannuel actualisé du Niger (Décembre 2022), le bois demeure la principale source d’énergie domestique des ménages nigériens qui l’utilisent à plus de 90%. En effet, la consommation finale d’énergie est dominée par la biomasse à hauteur de 80 %. L’estimation des consommations par personne et par jour en bois énergie s’élève à 0,92 kg en milieu urbain et à 0,67 kg en milieu rural. Il ressort aussi que la consommation en bois énergie est proportionnelle à l’accroissement de la population, ce qui prouve davantage que le bois demeure le principal combustible même en milieu urbain où l’offre en ressources d’énergie alternative est diversifiée. D’où la nécessité, selon les témoignages des citoyens, d’assainir la filière gaz pour que cette denrée soit accessible à des prix abordables tant en milieu urbain que rural.
Par Oumar Issoufou(onep)