L’artisanat nigérien occupe une place importante dans l’économie nationale. C’est un domaine pourvoyeur d’emplois juste après l’agriculture et l’élevage. A Niamey, tout comme dans d’autres régions du Niger, l’artisanat est pratiqué par des professionnels dont l’expérience s’est avérée dans le métier. Le travail du cuir est remarquable. Dans le centre-ville, le village artisanal constitue une référence où les artisans travaillent les articles en cuir.
Le métier du cuir autrefois réservé uniquement aux artisans de naissance est devenu de nos jours un métier générateur de revenu pour toute personne apte à l’exercer. M. Issa Abdou était au chômage pendant un moment, mais aujourd’hui, il est devenu artisan au village artisanal de Niamey grâce à sa dévotion pour le métier. Il travaille le cuir depuis 2018, avec beaucoup de créativité. «Depuis que j’ai commencé ce travail qui est ma passion, je l’exerce tout seul, parce que je n’ai pas les moyens pour embaucher quelqu’un d’autre, afin que lui aussi puisse en bénéficier» a-t-il dit.
Si auparavant le travail du cuir se faisait à la main, de nos jours les artisans ont trouvé une manière de travailler le cuir en suivant un processus bien déterminé. Ainsi, après le tannage, le cuir est transformé en plusieurs articles notamment des sacs, des chaussures, des ceintures et bien d’autres objets utilitaires. «Nous achetons la peau des moutons non travaillée sur place au Niger ou souvent au Nigeria. Ensuite il y’a une machine qui procède au lissage, nous colorons ensuite la matière avant de procéder à son découpage pour la confection des chaussures, des sacs, des ceintures, des boites à bijoux etc.… Actuellement je suis en train de confectionner des chaussures qui vont être vendues à un grossiste. Les prix de nos chaussures varient de 3500 FCFA à plus. Nous pouvons confectionner tout genre de modèle que le client désire», a expliqué M. Issia Abdou.
Du côté de la maroquinerie, Issaka Salissou confectionne des poufs de toute dimension pour la décoration des maisons. Il a hérité ce métier de ses parents et gagne bien sa vie. «J’ai beaucoup gagné dans le métier du cuir. Je suis présentement en train de fabriquer des grands poufs, qui sont des commandes lancées par une autorité de la place», a-t-il révélé.
Cependant, ces artisans se plaignent de quelques difficultés dont la mévente. Selon eux, les Nigériens ne s’intéressent pas trop aux produits locaux qu’ils trouvent trop chers. La plupart de la clientèle est constituée des touristes, ce qui freine le développement de la filière. C’est pourquoi les artisans lancent un appel à l’endroit de l’Etat pour une valorisation des produits locaux tout en invitant les jeunes à s’investir dans ce secteur.
Depuis plus de 50 ans, le Niger est mondialement connu comme pays producteur et exploiteur des cuirs et peaux. Sa réputation est faite surtout autour de l’excellente qualité de la peau de la chèvre rousse de Maradi, très appréciée par les industriels européens.
Salima Hamadou Mounkaila (ONEP)