Le ministre de l’Agriculture, Dr Allambedji Abba Issa, a achevé, le 28 octobre dernier, sa tournée de pré-évaluation de la campagne sylvo-agro-pastorale et halieutique dans la région de Zinder. Il a présidé une réunion de synthèse qui regroupait les autorités régionales et coutumières, les cadres techniques, les représentants des ONG et des organisations internationales et des organisations paysannes.
Pour le ministre de l’Agriculture, les ‘’résultats provisoires de la campagne agricole indiquent que ’’ 1193 villages sont déclarés déficitaires à plus de 50%, soit 34% des 3520 villages agricoles de la région pour une population de 1.189.585 personnes représentant 23% de la population de la région’’.
La situation alimentaire est caractérisée par la disponibilité de plus en plus accrue des produits sur les marchés, avec des prix des denrées en général plus élevés par rapport à 2020.
En ce qui concerne la campagne pastorale, les plans d’eau ont connu un bon niveau de remplissage de manière générale assurant l’abreuvement du cheptel, à l’exception des zones pastorales où les éleveurs commencent déjà à abreuver leurs animaux au niveau des points d’eau pastoraux.
La situation sanitaire du cheptel est calme. Cependant, diverses maladies ont été déclarées et les interventions promptes des services vétérinaires ont vite permis de les maitriser. L’embonpoint des animaux est acceptable et les termes de l’échange sont en faveur de l’éleveur dans la majorité des départements.
S’agissant des pâturages, la production fourragère est jugée médiocre en zone pastorale (Tesker, Belbedji et Tanout) et moyenne dans les autres départements. De ce fait, les pronostics présagent un bilan fourrager déficitaire’’, a fait remarquer Dr Allambedji Abba Issa.
En outre, la région de Zinder a été secouée par des feux de brousse qui ont dévasté 12.720 ha de pâturage en zone pastorale, ce qui du reste, a-t-il ajouté, va sans doute accentuer le déficit fourrager’’.
Durant cette campagne, la pluviométrie a été déficitaire dans l’ensemble de la région.
Seul le département de Damagaram Takaya présente un bilan excédentaire dont les effets ont été annihilés par de longues sécheresses et la fin précoce des pluies.
La production céréalière est jugée bonne à moyenne à Kantché, moyenne à médiocre dans les départements de Dungass, Mirriah, Magaria, Takiéta, Belbedji, Damagaram Takaya , Gouré et Tanout.
Du point de vue phytosanitaire, une superficie de 11.737 hectares a été infestée dont 11.481 hectares ont été traités, soit un taux de couverture de 98%. Pour pallier les déficits céréalier et fourrager qui s’annoncent, les acteurs du niveau régional et départemental ont proposé une panoplie de mesures permettant d’élaborer un plan d’atténuation des effets néfastes de ces déficits.
Sur le plan agricole, il a été initié un programme d’urgence de cultures irriguées et de décrue, l’insertion des jeunes et des femmes dans les activités de cultures irriguées, la promotion du warrantage et des achats locaux de vivres, la poursuite du renforcement de la résilience des populations, notamment la vente à prix modérés de céréales et la distribution gratuite des vivres, le food for work et le Cash for work.
Sur le plan pastoral, il a été retenu la mise en place des aliments bétail, la distribution des kits des petits ruminants, la santé animale, l’ouverture des bandes pare-feu, la libération concertée des champs et les cultures fourragères.
Sur le plan environnemental, il est prévu des travaux à haute intensité de main d’œuvre pour la récupération des terres dégradées, la fixation des dunes, la lutte contre les plantes envahissantes, la sensibilisation des populations pour la prévention des feux de brousse.
Pour assurer un bon déroulement de la campagne 2021, l’Etat et ses partenaires ont accordé un appui important à la région de Zinder évalué à plus de 20 Milliards de FCFA injectés dans les secteurs de l’eau, de l’Environnement, l’Agriculture et l’Elevage, le renforcement de la résilience des populations et les équipements ruraux.
Au-delà de ces différentes mesures d’atténuation des effets des déficits, les acteurs ont suggéré lors des échanges avec la mission ministérielle plusieurs axes de développement à moyen et long terme.
Il s’agit du développement de la riziculture dans la KOROMA qui s’étend sur 27km de long avec possibilité de 5000 ha irrigables , le développement des infrastructures de mobilisation des eaux de surface, la mise en place à temps des semences adaptées aux zones agro-écologiques, le renforcement de l’encadrement des producteurs sur les techniques de protection et de développement des cultures, l’amélioration de l’accès à l’eau potable pour les populations, un meilleur maillage des ouvrages hydrauliques en zone pastorale, l’accélération de la construction de l’opérationnalisation des Maisons du paysan et l’intensification des actions d’information et de sensibilisation sur la prévention et la gestion des conflits agriculteurs-éleveurs.
Siddo Yacouba, ANP-ONEP/Zinder