Situé dans la Commune Rurale de Karma, à quelques 25 km à l’ouest de Niamey, le pittoresque village de Boubon est notamment célèbre pour ses poteries en terre cuite décorées à la main par les femmes du village. Le village est classé patrimoine touristique national et accueille, tout au long de l’année, plusieurs festivals culturels. Avec son beau paysage naturel et son aspect rustique, cette bourgade offre un véritable cadre paisible à ses visiteurs.
En cette journée du vendredi 23 Février 2024, Boubon, petit village touristique sur les berges du fleuve Niger, accueille un événement majeur, celui du festival des civilisations du fleuve. Pour l’occasion, M. Insa Tondi, un habitant du village nous sert de guide. Dès l’entrée du village, on aperçoit une haie de vendeurs de viandes grillées. Ils sont les premiers à accueillir les visiteurs. « Il y a de la viande de mouton, de chèvre et de bœuf. Le kilo est à 4000 F », lance M. Ali Hassan, un boucher du coin, en guise de marketing.
En se promenant dans les ruelles étroites du village, on peut admirer l’architecture traditionnelle des maisons en banco. L’ambiance est plutôt calme, on y croise des hommes et des femmes qui vaquent à leurs occupations, ainsi que des enfants qui jouent, courent et déambulent un peu partout. Sous l’ombre d’un grand baobab qui sert d’arbre à palabres, des vieux, assis tranquillement, échangent de tout et de rien. « Chaque jour, je viens ici, c’est notre fada. Avec des vieux de mon âge, on discute de plusieurs sujets de la vie », déclare M. Adam Ousmane, un sexagénaire, habitant du village. Pour son compère, M. Illiassou Issa, « ce village a une longue histoire, depuis des temps immémoriaux. En effet, Boubon existe, depuis l’Empire Songhaï », ajoute-t-il sans l’ombre d’une hésitation. Selon le représentant du chef de village rencontré sur place, « ce village ne date pas d’aujourd’hui. C’est une localité qui a traversé des siècles. Son histoire est connue de tous parce qu’il est écrit dans tous les livres d’histoire du Niger. A l’époque de la pénétration coloniale, le village de Boubon existait déjà. Boubon compte des milliers d’âmes qui y vivent paisiblement, avec comme principales activités l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat, le commerce. On vit tous dans la fraternité et la solidarité ». Ce village a accueilli plusieurs festivités depuis une vingtaine d’années. Boubon a beaucoup à offrir à ses visiteurs, des pistes de randonnées magnifiques, des balades sur le fleuve Niger, une atmosphère chaleureuse et conviviale, bref un véritable havre de paix. Vous pouvez également admirer le savoir-faire des femmes transmis de génération en génération, qui fabriquent de magnifiques objets utilitaires avec de la terre cuite.
En effet, tout au long de notre parcours, on remarque des pots en terre cuite quasiment un peu partout et dans chaque coin et recoin du village. Sur le plan artisanal, le village de Boubon s’illustre par la grande et riche expérience des vaillantes femmes qui évoluent dans le domaine de l’artisanat. Les pots en terre cuite coquets, les maisons construites en banco avec une architecture traditionnelle qui aiguise d’ailleurs la curiosité et la contemplation des visiteurs sont, entre autres, des aspects touristiques que le village offre agréablement à ses visiteurs. La préparation de la poterie obéit à tout un processus dont le secret est réservé aux seules initiatrices. « Chaque quartier possède son lieu de cuisson, et la cuisson se fait en commun, avec des jours bien déterminés » précise M. Insa Tondo.
Assise sous l’ombre d’un manguier, Mme Zara Idrissa, une quadragénaire expose fièrement ses œuvres d’art : vases, jarres, marmites et autres objets sont étalés à même le sol. « Je fais cette activité depuis plus de quinze ans. C’est grâce à ce travail que je subviens à mes besoins et à ceux de ma famille », relate-t-elle.
Non loin d’elle, à quelques enjambées se trouve Malika Soumana, elle-même potière. « J’ai 23 ans, marié et mère de deux filles. J’ai hérité de ce travail de ma mère qui elle-même l’a hérité de sa mère. Je gagne au moins 30.000 F chaque mois grâce à cette activité », souligne-t-elle.
Pour Hadjia Samira Ali, présidente des femmes potières de Boubon, « il y a des centaines de femmes qui sont dans le domaine. Notre association est composée de femmes dans les quartiers du village. Pour faciliter le travail, la semaine est scindée entre jour de fabrication, jour de cuisson et jour de marché », a-t-elle précisé.
Au cœur du village se trouve le marché hebdomadaire de Boubon. Ils s’anime chaque mercredi et draine de milliers de personnes venues d’autres villages voisins, de Niamey et d’un peu plus loin. Le jour du marché, certaines rues du village sont plus ou moins animées avec des petits commerces, des vendeuses de beignets, des vendeurs de condiments et autres petits commerçants.
A quelques endroits, des jeunes sont assis sous des tentes en paillote ou simplement à l’ombre des arbres. Autour d’un thé, ils font la fada. En les dépassant, M. Insa nous amène dans les jardins des groupements des femmes de Boubon. Il en existe une dizaine et on y cultive des fruits (pastèques, melons, mangues, etc) et des légumes (poivrons, choux, piments, gombo, tomates). Mme Sakina Ali est la présidente d’un groupement de femmes maraîchères. Elle parle fièrement de son groupement : « Notre groupement compte une trentaine de femmes. Nous cultivons divers fruits et légumes et Dieu merci, on arrive à s’en sortir grâce à cette activité ».
Sur les berges du fleuve, on retrouve les piroguiers appelés couramment (sorkho). Ils sont réunis en une forme d’organisation sociale avec un chef à leur tête, nommé Sarki. C’est lui qui conseille de rester à quai ou de naviguer en fonction des caprices du fleuve. « Aujourd’hui est un bon jour, vous pouvez naviguer tranquillement sur le fleuve, contempler la faune aquatique et aussi admirer le coucher du soleil », affirme le maitre du fleuve d’un air rassurant.
Nazir Ousmane (ONEP) Envoyé Spécial