
En cette période où les diplômés sans emploi se comptent par milliers au Niger, et à un moment où l’exode semble la voie privilégier par certains jeunes Nigériens, d’autres ont été frappés, de plein fouet, par la désillusion de l’Eldorado. C’est le cas de M. Adamou Mohamed qui, après des années passées au Togo, a fini par comprendre que son salut se trouve au pays et avec un peu de conviction et de ténacité, l’on peut y trouver son bonheur. C’est ainsi qu’il a embrassé le métier de la confection des paniers à base de plastiques synthétiques.
Le jeune homme de 39 ans qui a vécu plusieurs années d’exode à Lomé au Togo est rentré très aguerri de son exode côtier. Durant son séjour dans ce pays, l’homme n’est pas resté les bras croisés et a eu l’intelligence d’apprendre un métier ; celui de travailler le plastique synthétique pour confectionner des paniers poubelles, des paniers pour habits, des bracelets et des chaussures tapettes. Mais ce n’est que dix-neuf ans après que ce dernier a pensé à rentrer au pays pour mettre en pratique son savoir-faire et en faire bénéficier d’autres. « J’ai appris ce métier, il y a longtemps à Lomé au Togo, entre 2004 et 2005. J’ai commencé ce travail ici au Niger l’année dernière, mais pour m’installer définitivement ça m’a pris un an. J’ai quitté Lomé pour venir exercer dans mon pays, c’est parce que je me suis rendu compte que c’est un métier que je maîtrise à la perfection et que si je revenais au bercail, beaucoup d’autres Nigériens pourraient en bénéficier », indique-t-il.
Cet artisan a confié qu’ils étaient quatre Nigériens quand ils ont commencé l’apprentissage de ce métier. « Dieu faisant les choses, nous avons vite assimilé la façon de faire », se réjouit Mohamed. Pour confectionner ses articles, le jeune artisan se procure la matière première au niveau du grand marché de Niamey. Une matière utilisée pour attacher d’ailleurs les colis en provenance de la Chine et des pays d’outre -mer.
Côté clientèle, le jeune artisan se plaint pas car, confie-t-il, les gens adorent ses produits pour leurs multiples avantages et leur résistance face aux éléments de la nature. « Le seul défaut, c’est que c’est une matière qui ne fait pas bon ménage avec le feu. Dans la journée, si la matière est disponible on peut confectionner cinq à six paniers. À nous deux ou trois, on est capable de confectionner quatre, seize ou vingt qu’on arrive à écouler en gros ou en détail », ajoute-t-il.
Mais, avec la fermeture des frontières et l’arrêt des importations des pays comme la Chine, le Ghana et le Togo, se procurer la matière première (plastique synthétique) devient de plus en plus difficile pour Adamou Mohamed, qui a dû se séparer pour cette raison de deux de ces collaborateurs en attendant le dénouement de la situation. « Ces derniers jours, c’est une pénurie totale. On se débrouille avec le peu qui reste en attendant la réouverture des frontières », souligne-t-il.
À côté de ces paniers qui sont les plus demandés de sa gamme de fabrication, il y a les bracelets, les chaussures tapettes et les salons qui sont aussi confectionnés par l’artisan. « On paye les tapettes et la laine puis on démonte et on assemble avec la laine tissée. Il y a différents modèles. Nous confectionnons aussi des salons, en fonction du cadre en fer que la personne veut et du modèle. Les chaussures se vendent à 1.500 francs et le prix du salon et des chaises varie selon le modèle », explique-t-il. « On a besoin d’appuis, parce qu’on essaie de lutter contre le chômage et le phénomène des enfants de la rue qui n’ont rien à faire. Avec un peu de soutien, on peut les encadrer », conclut-il.
Hamissou Yahaya (ONEP)