Le 25 novembre 2024, Aïcha Macky a reçu à Bruxelles le Prix Awa initié par ENABEL, qui a honoré cette année quatre cheffes d’entreprises culturelles africaines inspirantes au niveau de 18 États où intervient cette agence de développement. Ce trophée confirme les qualités, l’engagement de Aïcha Macky pour la culture, le cinéma, domaine dans lequel elle s’illustre particulièrement.
Lorsqu’un travail est effectué avec soin, il finit toujours par donner des résultats. En effet, avant cette récente distinction, son film Zinder, sorti en 2021, avait été sélectionné parmi les 30 meilleurs films en 2023 et avait reçu l’Etoile d’or. La réalisatrice était aussi lauréate du Prix Femme Ambassadrice de Paix lors de la 27e édition du FESPACO avec ce documentaire.
Cette cinéaste de renom qui est aujourd’hui une des figures du 7ème art au Niger a fait ses premiers pas dans le domaine grâce à sa participation en 2009 étant étudiante, au Forum Africain de Film Documentaire, fondé en 2006 par feu Inoussa Ousseini SOUNTALMA, ambassadeur du Niger auprès de l’UNESCO. Cette expérience fut son introduction dans le monde du cinéma où elle fait carrière, dans cet art où sa passion profonde lui permet de s’exprimer autrement. Pour Aïcha Macky Alkali Malam Kidy, le cinéma constitue le moyen idéal pour éduquer et sensibiliser une population largement analphabète ; d’où l’usage dans la plupart de ses œuvres de la langue nationale.
De ses débuts en 2011 à aujourd’hui, Aicha Macky a réalisé 4 films d’auteur, dont 2 de fin de formation. « À l’IFTIC où j’ai fait mon master I en réalisation audiovisuelle, j’ai réalisé “ Moi et ma maigreur”, un autoportrait qui était un prétexte pour aborder la question du gavage et ses conséquences sur la santé. À Saint-Louis où j’ai fait le master II en cinéma, j’ai réalisé “Savoir faire le lit”, un film qui questionne l’art de la séduction et l’éducation sexuelle entre mère et fille, au Sénégal », a-t-elle rappelé
Elle a ensuite réalisé son premier film professionnel intitulé ‘’L’arbre sans fruit’’ qui traite de l’infertilité et de la souffrance d’être femme sans avoir d’enfant parmi les mères surtout dans un contexte nigérien où les femmes ont en moyenne 7,5 enfants. Ce film a été récompensé de nombreuses fois à travers le monde avec un nombre record de 150 prix. Enfin, “Zinder”, un film, sur la situation des enfants de Kara Kara, un quartier des « parias » et des « laissés pour compte », a indiqué la cinéaste Aïcha Macky. « C’est un village créé dans les années 70 pour recaser les personnes atteintes de la lèpre. Ce village qui aujourd’hui fait partie de la commune II de la ville de Zinder, mais que beaucoup acceptent difficilement comme faisant partie de Zinder », a-t-elle dit.
Nantie d’une maîtrise en sociologie option rurale, obtenue à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) à l’université Abdou Moumouni de Niamey, Aïcha Macky Alkali Malam Kidy est née le 8 janvier 1982, dans un quartier populaire de la ville de Zinder, ‘’Loungoun Alkali’’. Issue d’une lignée de chefs religieux, Aïcha Macky Alkali Malam Kidy a, tout le long de son cursus scolaire du primaire jusqu’à l’université, fréquenté l’école publique. A l’époque dans sa ville natale, presque dans toutes les écoles, il existait un club culturel où le théâtre était particulièrement en tête de liste. La cinéaste a évolué dans ce milieu culturel depuis sa tendre enfance.
À seulement six ans, l’artiste avait eu le privilège de représenter tous les jeunes de sa région à des rencontres culturelles où elle a présenté leur plaidoyer sous la forme d’un hymne chanté en présence de feu Général Ali Chaibou, ancien Président de la République. Depuis lors, Aicha Macky a choisi de poursuivre ce chemin jusqu’au Lycée Amadou Kouran Daga où elle était membre active du club de théâtre. À son arrivée à l’Université Abdou Moumouni, elle a continué à s’investir dans la Commission des Affaires Culturelles de l’UENUN, se distinguant à travers diverses activités culturelles, en particulier lors des soirées dédiées aux martyrs du 9 février. « Je peux dire que déjà j’étais prédisposée, du moins ‘’conditionnée’’ à embrasser une carrière dans le cinéma », a-t-elle avoué.
Ce qui frappe aussi chez Aïcha Macky, c’est son profond amour pour son pays qu’elle porte partout où elle va, mais aussi sa sincérité dans la défense des valeurs auxquelles elle croit.
Fatiyatou Inoussa(onep)