Avec une importante réserve dans son espace, le Niger se distingue parmi les pays de la sous-région qui contribuent à la préservation de certaines espèces en voie de disparition. Cette réserve est répartie essentiellement dans trois zones du pays : la zone saharienne ou désertique, la zone sahélo-saharienne et la zone soudanienne. Cette dernière abrite les derniers troupeaux de girafes d’Afrique de l’Ouest, appelées Giraffa camelopardalis peralta qui, autrefois, étaient répandues dans plusieurs pays de la sous-région.
Dernières d’Afrique de l’Ouest et uniques représentantes de l’espèce Giraffa camelopardalis peralta, ces girafes étaient autrefois réparties sur un large territoire et par milliers allant du Sénégal au Niger. Mais la pression humaine, c’est-à-dire les actions anthropiques pour les besoins d’habitations, d’agriculture ou d’industrialisation et bien d’autres actions ont fini par forcer ces beautés naturelles tachetées à se confiner dans la partie nigérienne de leur large zone de prédilection. En effet, décimées par l’extension des zones cultivées, la chasse et la progression de la désertification, elles se sont réduites dans les années 80 au sud-est du Niger dans une zone peuplée, marquée par l’élevage et la culture du mil. La disparition de cette espèce, rapidement remarquée, a entraîné des initiatives visant à conserver/préserver la dernière réserve du peralta tant au plan national et mondial qu’au plan associatif.
C’est dans cette optique que dans la commune de Kouré, région de Tillabéry, est née l’Association pour la Sauvegarde des Girafes du Niger (ASGN) en 2001. Grâce aux efforts concertés de cette association, ces animaux bénéficient de nos jours d’une protection renforcée et d’un habitat sécurisé. En 1996, le nombre de ces animaux s’élevait à seulement 49 individus. Ils étaient isolés sur le plateau forestier de Kouré et dans la vallée fossile du Dallol Bosso, au sud-est de Niamey. Pire, ils étaient menacés de toutes parts et sous diverses formes.
Depuis sa création, l’ASGN joue un rôle décisif et important dans la conservation desdites girafes. La mission des membres de cette asssociation ne se limite pas seulement à suivre les mouvements des troupeaux de girafes, mais elle s’étend également à la sensibilisation des communautés locales sur l’importance de préserver cette espèce en danger. L’Association collabore avec le gouvernement nigérien et des partenaires internationaux pour mettre en œuvre des projets de conservation, sensibiliser les communautés locales et renforcer les lois environnementales.
Grâce à ces efforts de conservation consentis, le nombre de girafes qui était de 49 individus a augmenté de façon très significative au grand plaisir des amoureux de la nature, en passant à environ 700 individus en 2024, selon le rapport de Giraffe Conservation Foundation. Et ces girafes non seulement se multiplient mais continuent à vivre et à se déplacer librement et en sécurité, contribuant ainsi à la préservation de la biodiversité de la région et au rayonnement international du Niger en matière de conservation de la faune. Il faut rappeler que le Niger a adopté plusieurs lois pour assurer la conservation et protéger les girafes, notamment la loi N° 98-07 de 1998 et une nouvelle loi en 2019. Le pays a également signé des conventions internationales comme la CITES et la Convention Ramsar. En 2022, huit girafes ont été transférées de Kouré à Gadabedji dans la région de Maradi, à plus de 600km plus à l’est de leur terroir naturel, pour créer une deuxième population viable.
Selon l’ONG Giraffe Conservation Foundation, en 2008, les girafes d’Afrique de l’Ouest ont été ajoutées à la liste rouge de l’UICN en tant qu’espèces en danger dont la conservation est de haute importance. Mais suite à la constatation de l’augmentation de leur nombre, en 2018 elles ont été déclassées dans la catégorie vulnérable. Ce déclassement est positif et peut être attribué aux efforts continus en matière de conservation de la girafe, du gouvernement du Niger et de ses partenaires. Le succès de cette initiative de conservation repose sur un partenariat étroit avec les communautés locales qui vivent aux côtés des girafes et qui comprennent désormais l’importance de la girafe pour l’écosystème et l’économie locale.
Les efforts de l’Association pour la Sauvegarde des Girafes du Niger ne profitent pas seulement à ces animaux, mais aussi à la communauté locale. Car, le développement du tourisme écologique a créé des emplois et généré des revenus pour les habitants, tout en promouvant un modèle de développement durable. Les guides locaux, par leur engagement et leur passion, montrent l’exemple de ce que peut accomplir une communauté déterminée à protéger son patrimoine faunique naturel.
Bachir Djibo (stagiaire)